Explication linéaire n° 3 : Les violettes magiques
Publié le 28/03/2023
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«
Explication linéaire n° 3 : Les violettes magiques
Questions guidées en vue de comprendre le texte :
1.
Faites le portrait de Colette enfant telle qu’elle se décrit dans ce texte
Colette se décrit comme une enfant amoureuse de la nature.
Elle livre une magnifique description des
saisons de son enfance :« le printemps [l’] enchantait » (l.
14).
Dans ce même texte, elle évoque cette
nature aimée dans une longue énumération (l.
10 à 14) : « des prés, des bois profonds… ».
Elle explique aussi qu’elle se sentait « prisonnière, le jour » à l’école, ce qui sous-entend que le véritable
bonheur résidait dans le fait de parcourir la campagne et les bois.
a/ Lisez les lignes 16 et 17 : de quoi la petite fille est-elle amoureuse ?
Dans ce texte 9, on découvre une petite fille amoureuse des fleurs, primevères et surtout violettes :
elle était prête à changer ses jouets et images « contre les premiers bouquets de violettes » (l.
16-17).
Mais Colette est aussi une enfant mélancolique « silencieuse » (texte 9, l.
14) qui se sent prisonnière à
l’école (l.
15), elle évoque son cœur « obscur et pudique » (l.
15) et sa « gravité » (l.
18).
Elle apparait aussi comme un être paradoxal pétri de contradiction, exaltée et mélancolique à la fois,
ce que résume bien l’oxymore sa « triste et mystérieuse joie » (texte 9, l.
15).
2.
Par quels procédés Colette parvient-elle à faire revivre son enfance ?
Colette fait revivre son enfance grâce à des anecdotes, comme celle de l’échange des bouquets de
violettes à l’école (texte 9).
Elle célèbre également la nature de son enfance avec des descriptions
poétiques des végétaux et des phénomènes météorologiques.
Retenons l’énumération lyrique des
fleurs qui se terminent par un rythme ternaire, véritable ode aux violettes : « des primevères de Pâques,
des jeannettes jaunes au cœur safrané, et des violettes, des violettes, des violettes… » (texte 9, l.
12-14).
b/ qu’est-ce qui provoque le réveil de la mémoire de Colette ?
Le texte est un dialogue avec la femme aimée à qui Colette décrit son enfance qu’elle parvient
véritablement à faire renaître grâce au parfum et à la couleur des violettes qui lui rappellent celles
de son enfance.
Elle illustre le processus de la mémoire affective, mémoire réveillée par des odeurs
et couleurs similaires à celles de l’enfance.
Le dernier texte est encore plus original.
En effet, Colette
imagine un dialogue avec son double littéraire – Claudine – pour faire son portrait enfant.
3.
Relevez le champ lexical du temps et de l’enfance dans ces textes.
Que révèle-t-il ?
Texte 9 : « ne te souviens-tu pas » (l.
4), « le philtre qui abolit les années » (l.
7-8), « ressusciter et
grandir devant toi les printemps de ton enfance !...
» (l.
9-10), « Ô violettes de mon enfance ! » (l.
22).
Ce lexique du souvenir et de l’enfance révèle la nostalgie d’un temps heureux dans lequel Colette
aime se plonger.
La tonalité se fait élégiaque pour célébrer l’enfance perdue, ce qui est
particulièrement perceptible avec la répétition du verbe « souvenir », les apostrophes à l’enfance et
l’interjection « Hélas ».
Trace écrite 3 :
Introduction
Amorce :
Colette a 35 ans lorsqu’elle écrit ce récit, « Le Dernier Feu », qu’elle publie ensuite dans le recueil Les
Vrilles de la vigne.
Elle commence sans doute à se sentir vieillir et elle vient de connaître une séparation
douloureuse.
Après avoir été abandonnée par son mari, elle a une relation amoureuse avec une femme à
qui ce texte est dédié.
L’écriture et la plongée dans le passé apportent à Colette un apaisement
salvateur.
Cet extrait dévoile en effet une triple célébration : celle de la femme aimée, celle de
l’enfance et celle du printemps naissant.
Tout commence avec une banale conversation entre les deux
amantes à propos de la couleur des violettes.
[Lecture du texte à voix haute]
[Projet de lecture] Comment Colette parvient-elle à partager avec le lecteur la beauté d’un
moment précieux ?
[Complétez le texte ci-dessous en annonçant les mouvements du texte]
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Premier mouvement (l.
1 à 9) : un dialogue amoureux
Comment le lien amoureux et la tendresse sont-ils perceptibles dans ce premier mouvement du
texte ?
Ce passage relate un moment tendre entre Colette et son amante Missy.
Elles contemplent les premières
violettes du printemps qui viennent d’apparaître durant la nuit.
Cette éclosion est présentée de manière
méliorative grâce au complément circonstanciel de manière « par magie » (l.
1).
La complicité qui unit
les deux femmes est perceptible dans la question posée par Colette à Missy qui suppose une
expérience partagée (« les reconnais-tu ? » l.
1-2) et dans la similitude des attitudes : « Tu te penches,
et comme moi tu t’étonnes » (l.
2).
Le tutoiement exhibe également l’intimité de la relation, encore perceptible dans l’interrogation de
Missy : « ne sont-elles, pas ce printemps-ci, plus bleues ? » (l.
2-3), sous-entendant que les deux femmes
étaient ensemble lors du dernier printemps.
Toutefois, dans cette tendre querelle amoureuse autour de la
couleur des violettes, il est parfois difficile d’identifier qui pose les questions, car le dialogue est rapporté
de manière assez libre et elliptique sans mention du nom des locutrices.
Néanmoins, on comprend que Colette défend la thèse selon laquelle les violettes étaient « moins
obscures, d’un mauve azuré » (l.
3-4) l’année précédente.
Elle relance Missy dans une dernière
interrogation totale « ne te souviens-tu pas ? » (l.
4).
Colette rapporte la suite du dialogue sous forme de
sommaire en juxtaposant deux verbes caractérisant l’attitude de Missy (« Tu protestes, tu hoches la tête »
l.
4) et en abrégeant la conversation en ne reprenant que des bribes suivies de points de suspension « Plus
mauves… non, plus bleues… » (l.
5-6).
Elle met un terme à ce badinage amoureux, qualifié tendrement « de taquinerie » à l’aide d’un impératif
à la ligne 6 : « Cesse cette taquinerie ! ».
L’échange sur la couleur des violettes permet également
d’insérer un éloge de la femme aimée, dont Colette évoque « le rire grave » (l.
4-5) mais surtout le
regard : « le vert de l’herbe neuve décolore l’eau mordorée de ton regard » (l.
5).
Dans une fusion lyrique, les éléments de la nature et ceux du corps se mêlent pour célébrer à la
fois la beauté des couleurs d’un printemps naissant et celle des yeux de la femme aimée dans une
tradition digne d’un blason.
Colette finit par dépasser ce différend sur la couleur des violettes en sollicitant un autre sens,
l’odorat : « narines » (l.
6), « parfum » (l.
6), « respirant » (l.
7).
En effet, si les couleurs des violettes
sont changeantes d’une année sur l’autre, le parfum lui reste le même, « invariable » (l.
7).
Cette
antithèse permet de mettre en œuvre le processus de la mémoire affective.
En effet, ce parfum identique,
qui ne change pas, ramène Colette à l’année précédente, et même encore plus loin.
Elle retrouve son enfance en respirant le parfum des violettes.
Le bonheur éprouvé est perceptible
dans la métaphore qui transforme les violettes en « philtre qui abolit les années » (l.
7-8) et l’on
comprend mieux l’emploi du nom « magie » à la première ligne du texte.
L’impératif du verbe
« regarde », en anaphore aux lignes 7 et 8, est une invitation à partager ce voyage dans le passé.
Cette réminiscence est si vive qu’elle emploie deux verbes hyperboliques, « ressusciter et grandir » (l.
8), pour la qualifier et une tournure exclamative pour évoquer au pluriel tous les printemps de l’enfance.
Les points de suspension confirment cette invitation à contempler les printemps de l’enfance qui
s’adresse aussi au lecteur.
Deuxième mouvement (l.
10 à 18) : le tableau de l’enfance retrouvée
Comment la narratrice nous fait-elle découvrir son enfance ?
Dans ce deuxième mouvement, le dialogue cesse pour laisser place à une introspection solitaire.
C’est
comme si l’évocation des couleurs des violettes avait fait renaître tous les printemps de l’enfance.
C’est ce que semble suggérer la reprise des bribes de la conversation précédente (« Plus....
»
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