Etude linéaire : Le Rouge et le Noir, livre I, chapitre I, lignes 18-43
Publié le 10/03/2024
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Etude linéaire : Le Rouge et le Noir, livre I, chapitre I, lignes 18-43
Introduction
A sa parution, en novembre 1830, Le Rouge et le Noir de Stendhal ne laisse pas
indifférente la critique, souvent ébranlée par ce roman si éloigné des romans conventionnels.
Le mélange des registres et des tonalités, du comique au tragique ou du sublime au
grotesque, emprunte à l’esthétique romantique qui ne cesse de surprendre le lecteur de cette
première moitié du siècle.
De même, la distance ironique du narrateur peut dérouter le
lecteur qui suit néanmoins le récit du parcours de Julien Sorel, telle une “ chronique du XIXe
siècle ”.
Le sous-titre du roman s’inscrit dans une autre ambition, celle de refléter la réalité
“ tel un miroir qu’on promène le long d’un chemin ”.
Cette écriture réaliste se lit dès les
premières pages dans la description initiale d’une petite ville de province.
L’incipit
développe la topographie fictive de Verrières, bourgade industrielle et paysanne où le
narrateur, un voyageur parisien, dévoile bientôt “ l’atmosphère empestée des petits intérêts
d’argent ”.
C’est dans ce décor que nous rencontrons le maire de Verrières, M.
de Rênal,
dont le portrait est le premier du récit.
[lecture]
Pb : Quelle image est renvoyée du premier personnage de ce roman ?
1er mouvement : un portrait pompeux, signe de la distinction du personnage ;
2d mouvement : sous cette image flatteuse se révèle ensuite une personnalité cupide et
étriquée, le type même du bourgeois de province.
Etude linéaire
1er mouvement :
Lignes 18-20 : lecteur visite la ville en même temps que le “ voyageur ” dont il adopte le
point de vue.
Topographie banale d’une ville de province avec “ la grande rue ”.
Ironie
fait déjà son apparition dès l’incipit avec l’expression “ cette belle fabrique de clous qui
assourdit les gens ” = antithèse entre “ belle ” et le verbe “ assourdir ” qui anéantit
l’admiration que nous aurions pu percevoir dans l’adjectif + hypothèse introduite par la
conjonction “ si ” qui montre que la curiosité que pourrait avoir le voyageur pour cette
fabrique de clous n’est qu’une supposition (sous-entendu, elle n’est pas intéressante).
Regard méprisant du voyageur sur les habitants de Verrières et de leur “ accent traînard ”
(suffixe péjoratif).
Discours direct introduit le personnage du maire de la ville dans un
effet de réalisme.
Seul ce personnage est identifié ≠ expressions anonymes et générales
des habitants (pronom indéfini “ on ”, pluriel “ les gens ”).
Lignes 21-23 : Nouvelle hypothèse introduite par “ pour peu que ” = une fois encore,
s’arrêter là n’a que peu d’intérêt.
Pourtant ce temps de pause du narrateur permet de
poursuivre la description réaliste du cadre (indications spatiales précises) et de
rencontrer “ un grand homme à l’air affairé et important ” = adjectifs donnant de la
prestance au personnage mais expression “ à l’air ” qui semble déjà dire que ce n’est
qu’apparence.
Lignes 24-25 : synecdoque (figure de style qui désigne la partie pour le tout ou le tout
pour la partie) “ tous les chapeaux ” accentue le respect dû au maire.
Uniformité du
personnage : “ grisonnants ”, “ gris ” → image terne du personnage.
Lignes 25-29 : mention des distinctions sociales du personnage puis long portrait
physique : répétition de l’adjectif “ grand ”, qualités physiques comme la “ régularité ”,
la “ dignité ”, l’ “ agrément ” mais ces qualités sont relativisées par “ une certaine ”,
“ cette sorte de ”.
Rupture avec la conjonction “ mais ” et le verbe “ choqué ” qui
dévoilent un autre aspect du personnage : la suffisance et la prétention → portrait moral
dévoilé par le portrait physique “....
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