Cours études françaises Cours de l’analyse du discours
Publié le 26/12/2023
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Cours de l’analyse du discours
1
Plan du cours
I / Essai de définitions
1.
Discours
2.
Discours / Texte
II / Principales notions de l’énonciation
1.
Qu’est-ce que l’énonciation ?
2.
Enoncé et énonciation
3.
Situation de l’énonciation
4.
Dimension référentielle et modale de l’énonciation
III / Déictiques
1.
Définition
2.
Plans de l’énonciation
IV / Modalisation ou marques lexicales de la subjectivité
UMI-FPE / SEMESTRE 6 / ANALYSE DU DSCOURS /
PROF.
CHALFI
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I / Essai de définition
1.
Discours
La grande extension du concept discours le rend difficile à appréhender.
Tantôt,
il est synonyme de la parole au sens saussurien, tantôt il désigne un message pris
globalement.
Dans l’œuvre de Benveniste (1966), il est défini comme "toute énonciation
supposant un locuteur et un auditeur et chez le premier l’intention d’influencer
l’autre en quelque manière" (p.242).
En effet, s’il est nécessaire de remonter au cours de linguistique générale (CLG)
de Saussure, c’est précisément pour construire le concept de discours sur une
remise en cause de celui de parole.
Pour Saussure, la langue est une réalité sociale
et la parole est une réalité individuelle.
En séparent la langue de la parole, on sépare ce qui est social de ce qui individuel,
ce qui est essentiel de ce qui est accessoire et plus ou moins accidentel.
En outre, la langue n’est fonction du sujet parlant, elle est un produit que
l’individu enregistre passivement, elle ne suppose jamais de préméditation, alors
que la parole est un acte individuel de volonté et d’intelligence.
Autrement dit, la langue relève de la mémoire et de l’image de dictionnaire.
Etant
donné les caractères qui permettent d’opposer langue et parole, on comprend que
la phrase ne relève pas de la langue mais de la parole, lieu de l’activité et de
l’intelligence.
Avec Kerbrat-Orecchioni, le discours ou "langage mis en action", tandis que du
point de vue de Dominique Maingueneau (1976), "le discours n’est pas un objet
concret offert à l’intuition, mais le résultat d’une construction (…), le résultat de
l’articulation d’une pluralité plus ou moins grande de structurations
transphrastiques, en fonction des conditions de production" (p.16).
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Parmi les reproches adressés à Saussure :
- Occultation du contexte dans lequel a été définie la linguistique
structurale.
- Étudier la structure du texte en lui-même et par lui-même, en rejetant
toute considération extérieure.
Les travaux des formalistes russes (le nom que l’on donne au groupe de jeunes
soviétiques, qui, dans les années 1910-1920, ont jeté les fondements et entrepris
les premières analyses concrète dans le domaine de l’analyse structurale des
formes littéraires) ont permis de dégager une logique des enchainements
transphrastiques, dans le domaine du conte folklorique.
Les recherches de Propp
sont maintenant bien connues en France et elles ont permis de construire les
premières esquisses de syntaxe narrative, de logique du récit.
C’est dans les années 50, que s’exercent des actions beaucoup plus décisives sur
la constitution de l’analyse de discours.
On assiste bien à l’extension des
procédures de la linguistique distributionnelle américaine, à des énoncés qui
dépassent le cadre de la phrase nommées « discours » par Zellig Harris en 1952,
et les travaux de Roman Jakobson et Emile Benveniste sur l’énonciation.
Harris est le premier linguiste à étendre directement les procédures utilisées pour
l’analyse des unités de la langue, à des énoncés dépassant le cadre de la phrase.
Prenons par exemple le discours suivant :
(a) L’étudiante est gravement malade.
(b) Elle a besoin de notre soutien.
Le pronom personnel ʺelleʺ de la phrase (b) n’est pas interprétable à l’intérieur de
cette phrase ; il ne peut l’être que via un élément qui apparait dans la phrase (a)
du même discours, c'est-à-dire que l’élément anaphorique ne peut être interprété
qu’au sein du discours dans sa totalité.
On comprend rapidement l’intérêt de l’établissement et la validation du discours
ʺtexteʺ, comme un objet d’étude dépassant la dimension de la phrase.
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À l’inverse, Benveniste et Jakobson cherchent à dégager comment le sujet parlant
s’inscrit dans les énoncés qu’il émet : autrement dit, à une langue conçue comme
un répertoire de signes combinés systématiquement entend à substituer l’idée que
le locuteur s'approprie l'appareil formel de la langue et il énonce sa position de
locuteur par des indices spécifiques.
Selon les termes de Benveniste, le locuteur pose de même un certain type de
rapport à son propre énoncé et au monde.
La constitution d’un champ de recherche autonome dont l’objet est le ʺdiscoursʺ,
s’inscrit de façon générale dans le cadre de l’évolution des sciences du langage à
partir des années soixante.
L’analyse de discours entretient avec la linguistique
des rapports complexes qui sont toujours en situation de redéfinition constante,
car il s’agit plus d’un mouvement scientifique qui se situe à la croisée des
chemins, ayant son objet, ses cadres méthodologiques et ses notions, qu’une
discipline circonscrite comme un bloc homogène.
En dépit de la diversité des
approches en analyse de discours, des théories et des notions qui y sont
impliquées, toutes les voies convergent vers la définition unique de son objet par
GRAWITZ (1990 : 345) qui soutient que toutes les recherches en ce domaine
‹‹ (...) partent néanmoins du principe que les énoncés ne se présentent pas comme
des phrases ou des suites de phrases mais comme des textes.
Or un texte est un
mode d’organisation spécifique qu’il faut étudier comme tel en le rapportant aux
conditions dans lesquelles il est produit.
Considérer la structure d’un texte en le
rapportant à ses conditions de production, c’est l’envisager comme discours››.
Discours = Énoncé + Conditions de production
La question du discours n’est pas énoncée dans le CLG de Ferdinand de
SAUSSURE qui circonscrit le domaine de la linguistique comme une étude de la
langue, elle-même définie comme un ʺsystème de signesʺ.
Sa théorie repose sur
une opposition langue/parole qui recoupe l’opposition société / individu.
La
recherche en linguistique s’oriente ainsi vers l’étude du système de la langue par
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opposition aux manifestations individuelles de la parole.
La séparation langue /
parole présuppose du coup une opposition entre ce qui est social et ce qui
individuel.
Par rapport à cette opposition, le discours est le tiers-exclu.
La
première mise en cause de l’opposition saussurienne qui réhabilite la parole
apparaît en 1909 chez Charles BALLY, dans son traité de stylistique.
Celui-ci
expose les principes d’une linguistique de la parole qui ouvre la voie de la
recherche sur la relation entretenue par le sujet parlant, son discours et le contexte.
L’instabilité de la notion de discours rend dérisoire toute tentative de donner une
définition précise du discours et de l’analyse de discours.
On peut dans ce cas
expliquer pourquoi le terme de discours recouvre plusieurs acceptions selon les
chercheurs ; certains en ont une conception très restreinte, d'autres en font un
synonyme de "texte" ou “d'énoncé”.
On peut déjà dire que le discours est une
unité linguistique de dimension supérieure à la phrase (transphrastique), un
message pris globalement.
Pour L.
GUESPIN, c'est ce qui s'oppose à l'énoncé ;
c'est-à-dire que : ‹‹l'énoncé, c'est la suite des phrases émises entre deux blancs
sémantiques, deux arrêts de la communication ; le discours, c'est l'énoncé
considéré du point de vue du mécanisme discursif qui le conditionne›› (1971).
Le terme de ʺdiscoursʺ désigne aussi un ensemble d'énoncés de dimension
variable produits à partir d'une position sociale ou idéologique ; comme c'est le
cas par exemple de la déclaration d'une personnalité politique ou syndicale.
Par
discours, on envisage aussi la conversation comme type particulier d'énonciation.
En partant du mode de fonctionnement de l’énonciation, BENVENISTE (1966)
oppose le discours à la langue qui est un ensemble fini relativement stable
d'éléments potentiels.
C’est le lieu où s'exercent la créativité et la
contextualisation qui confèrent de nouvelles valeurs aux unités de la langue.
Il
définit ensuite l'énonciation comme :
« L'acte individuel par lequel un locuteur met en fonctionnement le système de la
langue ; “la conversion de la langue en discours” »(1970)
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Le discours, selon Benveniste, est cette manifestation de l’énonciation chaque fois
que quelqu’un parle.
Cette définition de Benveniste semble entretenir un lien avec
celle que Jean-Michel ADAM (1989) énonce de la manière suivante : “(…) un
discours est un énoncé caractérisable certes par des propriétés textuelles mais
surtout comme un acte de discours accompli dans une situation (participants,
institutions, lieu, temps)”.
2.
Discours / Texte
Si dans un passé récent, le terme de discours ne référait qu’à une production orale,
de nos jours, celui-ci recouvre non seulement le discours oral mais aussi le texte
écrit ; c'est-à-dire qu'il s'applique aux énoncés oraux et écrits.
C.
FUCHS (1985: 22), qui ne....
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