Au temps de l'«Humanisme» : l'essor de la prose narrative (1530 -1570)

« Au temps de I' l'essor de la prose narrative (1530 -1570) L'Humanisme triomphe dans la forme d'une poésie à la fois aristocratique et érudite, et rassemble temporairement deux publics aux goûts et aux intérêts divergents : le public de cour et le public des grands bourgeois cultivés.

Mais en dehors d'elle se développent d'autres types de productions littéraires qui mettent au jour certaines limites de l'Hu­ manisme. • L'œuvre de RABELAIS (Pantagruel, 1533; Gargantua, 1534; Tiers Livre, 1542; Quart Livre, 1548; Le Cinquième Livre, posthume, n'est sans doute pas de Rabe­ lais lui-même) est une des affirmations les plus triomphantes de l'optimisme et des thèmes politiques ou moraux de la Renais­ sance; mais elle constitue en même temps une critique permanente de cet opti­ misme, en ayant recours à des procédés littéraires médiévaux: parodies, recherche de l'absurde, agressivité burlesque héritée des traditions du Carnaval.

Toutes les tra­ ditions populaires y coexistent avec les formes de la culture nouvelle.

Les imita­ teurs de Rabelais gardent de l'intérêt pour les genres littéraires du passé (contes, far­ ces), mais ils montrent qu'ils sont loin d'eux socialement et culturellement en les considérant comme du folklore: Noël DU FAIL, Propos Rustiques, 1547; Bonaven­ ture DES PÉRIERS, Nouvelles Récréations er Joyeux Devis, 1558; Guillaume BOUCHET, Les Sérées, 1584.

L'Humanisme savant aboutit ainsi à se séparer clairement d'une culture populaire, à qui sera bientôt dé­ niée toute valeur intellectuelle. • L'utilisation de la nouvelle, empruntée aux Italiens comme Boccace et Bandello (imités dès 1462 par l'auteur anonyme des Cent Nouvelles Nouvelles), est un essai pour créer une littérature de formes et de thèmes plus communément accessibles. Ainsi, dans l'Heptaméron (1559) de MAR­ GUERITE DE NAVARRE, se dessine un dé­ but d'étude psychologique et morale; qui met à profit des situations simples et contemporaines, en partant souvent d'un répertoire médiéval.

Dans la nou;elle, s'épanouissent certains domaines huma­ nistes adaptés et désacralisés: le goût pour l'Histoire y est ramené à la « belle histoire» (vie des princes, des femmes il-. »