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STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, (chapitre XVII, Livre second)

Publié le 30/03/2011

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stendhal

Julien Sorel, fils d'un charpentier, est devenu le secrétaire du Marquis de la Mole. Il a conquis l'amour de sa fille Mathilde ; maintenant persuadé qu 'elle le méprise, il a décidé de partir...    [...]    Ainsi, vous ne m'aimez plus ?    — J'ai horreur de m'être livrée au premier venu, dit Mathilde en pleurant de rage contre elle-même.    — Au premier venu ! s'écria Julien, et il s'élança sur une vieille épée du Moyen Age qui était conservée dans la bibliothèque comme une curiosité.    Sa douleur, qu'il croyait extrême au moment où il avait adressé la parole à Mlle de la Mole, venait d'être centuplée par les larmes de honte qu'il lui voyait répandre. Il eût été le plus heureux des hommes de pouvoir la tuer.    Au moment où il venait de tirer l'épée, avec quelque peine, de son fourreau antique, 10 Mathilde, heureuse d'une sensation si nouvelle, s'avança fièrement vers lui ; ses larmes s'étaient taries.    L'idée du Marquis de La Mole, son bienfaiteur, se présenta vivement à Julien. Je tuerais sa fille ! se dit-il, quelle horreur ! Il fit un mouvement pour jeter l'épée. Certainement, pensa-t-il, elle va éclater de rire à la vue de ce mouvement de mélodrame : il dut à cette idée le retour de tout son sang-froid. Il regarda la lame de la vieille épée curieusement et comme s'il y eût cherché quelque tache de rouille, puis il la remit dans le fourreau, et avec la plus grande tranquillité la replaça au clou de bronze doré qui la soutenait.    Tout ce mouvement, fort lent sur la fin, dura bien une minute ; Mlle de La Mole le regardait étonnée. J'ai donc été sur le point d'être tuée par mon amant ! se disait-elle.    20 Cette idée la transportait dans les plus beaux temps du siècle de Charles IX et de Henri III.    Elle était immobile devant Julien qui venait de replacer l'épée, elle le regardait avec des yeux où il n'y avait plus de haine. Il faut convenir qu'elle était bien séduisante en ce moment, certainement jamais femme n'avait moins ressemblé à une poupée parisienne (ce mot était la grande objection de Julien contre les femmes de ce pays).    Je vais retomber dans quelque faiblesse pour lui, pensa Mathilde ; c'est bien pour le coup qu'il se croirait mon seigneur et maître, après une rechute, et au moment précis    où je viens de lui parler si ferme. Elle s'enfuit. [..]    STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, (chapitre XVII, Livre second).

question 1    Pourquoi la réplique : « Au premier venu ! « est-elle en italique ?    Expliquez la réaction du héros. (2 points)    question 2    Relevez et classez les moyens par lesquels sont rapportés les propos ou les pensées des personnages dans le passage : « Ainsi vous ne m'aimez plus ? ...sang-froid « (lignes 1 à 15). (3 points)    question 3    Les deux personnages s'affrontent comme dans une sorte de duel. Dans un développement composé, d'une page environ, vous le montrerez en étudiant, par exemple, les mouvements du dialogue, les attitudes et les comportements des protagonistes, l'évolution de leurs sentiments... (5 points)   

stendhal

« Louis-Philippe le nomme consul de France à Civitavecchia en 1831.

C'est l'occasion d'affirmer son amour de l'Italie.

Ildéfend le romantisme et s'engage en faveur du libéralisme politique. Stendhal meurt en 1842 alors que ses œuvres sont ignorées du grand public.

Comme il l'avait prévu, ses romans neseront découverts que cinquante ans après sa mort. SON ŒUVRE On peut distinguer trois facettes dans l'œuvre de Stendhal : — trois œuvres « autobiographiques » : son Journal (1804-1819) qui n'était pas destiné à la publication ; lesSouvenirs d'Égotisme (1832) et la Vie de Henry Bru-lard (1835-1836) ; — deux œuvres plus « théoriques » : De l'amour (1882) et Racine et Shakespeare (1823-1825), sorte de manifestedu Romantisme qui s'élève contre les règles classiques ; — ses romans, peu nombreux, qui tous deviendront célèbres, le plus souvent après la mort de leur auteur : Armance(1827) ; le Rouge et le Noir (1830) ; la Chartreuse de Parme (1840) ; Lucien Leuwen et Lamiel, publiés à titreposthume. Il s'agit là de romans « réalistes » au sens où ils reflètent non pas la réalité brute, mais des images choisies quitraduisent fidèlement leur époque et le jeu des forces politiques et sociales de la France de la Restauration ou de laMonarchie de Juillet. LE ROUGE ET LE NOIR : PRÉSENTATION Julien Sorel, fils d'un charpentier, ambitieux et passionné de culture devient précepteur des enfants d'une noblefamille : les Rénal.

Très vite, la passion le pousse vers Mme de Rénal qu'il quitte pour faire carrière dans les armes(le rouge) puis dans la prêtrise (le noir), enfin par l'intermédiaire des femmes.

Alors qu'il va devenir le gendre de M.de la Môle, Mme de Rénal, jalouse, le dénonce comme un imposteur.

Pour se venger, Julien tente de tuer Mme deRénal.

Accusé de meurtre, Julien est condamné et meurt après un violent réquisitoire contre la société.

question 1 Pourquoi la réplique : « Au premier venu ! » Expliquez la réaction du héros. Cette réplique est mise en italique par Stendhal pour souligner l'émotion du personnage.

Julien, face au dépitmanifesté par Mlle de La Môle, se met en colère.

Sa réaction s'explique parce qu'il découvre soudainement que lafemme qu'il aime le considère, non seulement comme un être quelconque, mais que de plus elle regrette soudain toutce qui s'est passé. question 2 Relevez et classez les moyens par lesquels sont rapportés les propos ou les pensées des personnages dans lepassage : « Ainsi vous ne m'aimez plus ? ...sang-froid» (lignes 1 à 15). Pour rapporter les propos ou les pensées de ses personnages, Stendhal utilise diverses ressources du discours.

Toutd'abord celles du discours direct.

A la ligne 1, il choisit l'expression directe de la modalité pour relayer les propos deJulien par l'interrogation. Aux lignes 2 et 4, les propos des deux protagonistes le sont encore au discours direct, à l'aide d'un tiret et deverbes déclaratifs : dire, s'écrier. Aux lignes suivantes, l'auteur change de type de discours en passant au discours indirect, dont il utilise les diversesmarques.

C'est lui qui rapporte alors les pensées de ses personnages.

En particulier celles de Julien en ayant recoursà l'adjectif possessif de troisième personne « sa », puis à la subordination jointe au verbe croire (« qu'il croyait »).Dans la phrase suivante, il ajoute à l'usage du discours indirect, celui du discours indirect libre.

En effet, il emploie leconditionnel passé deuxième forme pour rapporter ce qui aurait pu être dit directement par Julien à Mathilde (« Il eûtété »). Enfin, les dernières pensées de Julien sont présentées au discours indirect à l'aide des verbes introducteurs : seprésenter, se dire, penser.

question 3 Les deux personnages s'affrontent comme dans une sorte de duel.

Dans un développement composé, d'une page. »

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