L'image de la femme
Publié le 21/05/2023
Extrait du document
«
La société Africaine, en général, est
une société ” masculin pluriel ”
(Yacine, Kateb : 19,1999).
Il en est de
même pariculièrement de la société
sénégalaise.
L’homme y fait la loi.
Il
se sert de parapluie de coutume et
de religion pour gérer la société à
ses fins.
Ainsi, la femme,
marginalisée, devient un
instrument, un objet selon les lois
des institutions aménagées par
l’homme au gré de ses goûts.
Du toit
paternel au toit conjugal, la femme
est à la merci de la sacrée coutume
auxquelles d’autres femmes
participent en faveur de l’homme et
de ses institutions.
Ramatoulaye et de celui de Aïssatou,
deux amies de très longue date dont
les maris s’étaient engagés en de
nouvelles aventures amoureuses
contre toute attente de leurs épouses
respectives.
Ni la coutume ni la
religion musulmane n’ont, ici,
réservé aucun droit à ces deux
femmes même au sujet de ce qui les
concerne très intimement chacune.
Binetou et La petite Nabou, les
co-épouses qui leurs avaient été
adjointes au nom de ces sacrées
institutions ne purent elles aussi que
fléchir contre leur propre liberté
devant ces susdites institutions.
Ainsi, en l’univers romanesque de
Une si longue lettre la parole ou
l’action de la femme opposée à la
sacro-sainte volonté de l’homme, de
En ce travail, nous allons présenter
l’image de la femme du Sénégal
telle quelle est vue par Mariama Bâ
dans Une si longue lettre, selon la
tradition africaine et la religion
musulmane.
A travers Ramatoulaye,
son personnage principal et la
technique épistolaire choisis
sciemment pour plaider la cause de
la femme, l’auteur nous conduit
dans sa conception romanesque.
Elle nous y montre la considération
générale accordée à la femme dans
tous les domaines de la vie au
Sénégal.
En tout et pour tout, la
femme – jeune ou mature soit-elle,
est vouée au silence en dépit de la
gravité de ses peines.
Ses droits sont
taillés à la hauteur de la volonté de
l’homme.
Il en est même en amour.
On le verra avec le cas des foyers de
la coutume et de la religion est une
atteinte à l’honneur- un tel acte
serait donc une transgression de la
loi.
Ici, l’homme s’érigeant en norme, la
femme devient le faux.
La femme
c’est l’ autre, enveloppé en une
altérité aux stéréotypes limitatifs et
dépréciatifs comme nous le
démontre Mariama Bâ dans Une si
longue lettre.
Mots clés : Afrique, Sénégal, Femme,
homme, coutume, mariage,
co-épouse, amour, amitié, deuil.
Au fait, l’univers romanesque de
Mariama Bâ dans Une si longue
lettre est un univers plein de haram,
interdits.
Ces derniers frappent
surtout la femme.
Parmi ces
interdits, on citera la modernité sous
toutes ses formes.
Le cas de l’école
occidentale est très frappant.
De nos
jours, l’école occidentale est
pourtant, à travers le monde entier,
la meilleure source du savoir.
Ses
bienfaits sont si multiples et variés
que tout le monde voudrait aller y
puiser des connaissances
appropriées.
Celles-ci peuvent servir
à la compréhension et à la meilleure
gestion de l’humanité.
L’école
occidentale, par exemple, permet
d’anéantir des barrières de tous
genres : barrières entre hommes et
femmes , barrières entre races ; elle
abolit des tabous des sociétés
anciennes, des interdits qui non
seulement limitent la liberté de
l’homme, mais aussi avillissent
l’homme lui-même.
fille et moins encore son point de
vue ne sont pas pris en compte par
les parents.
Seules priment des
visées matérielles de la famille de la
fille comme on le verra un peu plus
loin avec les cas de Binetou et de la
petite Nabou.
En plus le plus loin
qu’une femme puisse aller en
instruction la rend plus marginale.
Ce qui est un vrai manque de liberté.
Ramatoulaye, avait comme vrai
fiancé Modou.
Par contre la mère de
la fille préférait Daouda Dieng, un
homme trop agé mais nanti.
Mais
grâce à la lumière reçue à l’école,
Ramatoulaye était libre de faire son
propre choix et de le respecter en
dépit de la proposition et des réels
motifs de sa mère.
Elle nous le dit
clairement :
“L’école transforme nos filles en
diablesses, qui détournent les
hommes du droit chemin.
“(p30).
“Libérée donc des tabous qui
frustrent, apte à l’analyse, pourquoi
devrais-je suivre l’index de ma mère
pointé sur Daouda Dieng, célibataire
encore, mais trop âgé pour mes
dix-huit hivernages.”(p.28).
Pour illustrer le manque de liberté
en amour pour les filles
sénégalaises, le cas de Ramatoulaye
devant son fiancé Modou, nous est
ici d’une portée exemplative.
Au regard de Une si longue lettre la
femme sénégalaise
malheureusement n’a pas tellement
accès à l’école.
Si elle peut y accèder
c’est à peine même.
Celle qui à peine
et comme par chance la commence
en est vite retirée sans même
terminer son cycle.
Comme une
offrande ou un sacrifice, elle se voit
très vite et simplement forcée
d’embrasser un mari, puis trop tôt
devenir mère d’enfant en un nombre
dont le choix dépend du mari ou de
la belle-famille.
Au nom de la sacrée
cotume, l’intangible coutume, ni le
rapport d’âge entre les deux
partenaires forcés, ni le choix de la
Mais pourquoi la mère pointait de
doigt cet homme plus âgé que
Ramatoulaye, une fille de 18 ans ?
Cette proposition était tout
simplement fondée sur des motifs
personnels vraiment éloignés de
tout sentiment d’amour.
Daouda
Dieng fut un homme :
“Exerçant la profession de Médecin
Africain à la Polyclinique, il était
nanti […].Sa villa, […], était le lieu de
rencontre de l’élite jeune.
Rien n’y
manquait […]”(p.28).
On voit très bien l’aspect
économique primer dans le choix de
la mère.
Si Ramatoulaye ne put
s’incliner devant ce choix fondé sur
des motifs différents de ses propres
sentiments, ceci est très
compréhensible.
Le vrai amour étant
Ce passage donne non seulement
l’image d’un mariage refusé par les
parents mais aussi celle de la valeur
de la dot dans la société sénégalaise
en particulier et dans les sociétés
africaines en général.
La dot fondait
réellement un mariage.
Elle était
l’acte par lequel les deux familles
alliées s’engageaient en un vrai
pacte matrimonial.
La dot, donnée
par la famille du garçon à celle de la
fille symbolise le remplacement
physique de la mariée dans sa
propre famille.
Et à partir de cet acte
le mariage était officiellement
reconnu par tout le monde : la
famille, le village, le clan et même
par des villages et clans lointains.
Mais de nos jours, l’acte a perdu de
sa valeur sociale.
Ainsi,
constitue-t-il aujourd’hui une
l’expression de sentiments libres
entre deux personnes nul ne devrait
se marier sous une quelconque
condition, imposée par les parents
fut-il.
Ainsi, pour Ramatoulaye rien
ne l’avait privée de cet étudiant, son
vrai choix d’amour en dépit de ses
conditions de vie :
“Je préférais l’homme à l’éternel
kaki.
Notre mariage se fit sans dot,
sans faste, sous les regards
désapprobateurs de mon père,
devant l’indignation douloureuse de
ma mère frustrée, sous les
sarcasmes de mes soeurs surprises,
dans notre ville muette
d’étonnement.” (p.29).
source d’enrichissement pour les
membres de la famille ou du clan de
la mariée.
Aussi, un mariage sans
dot devient-il une source de plaintes
et lamentations pour les membres
de la famille de la fille.
Un tel
mariage sans dot n’a aucune valeur
sociale et en plus il prive les
membres de la famille de la fille de
l’occasion de s’enrichir.
C’est ce qui
explique ici la description de
Ramatoulaye dans le passage
ci-dessus au sujet de son propre
mariage.
L’ordre d’actant dans
l’énumération de Ramatoulaye en ce
passage cité ci-haut (p.29) n’a rien de
gratuit.
Le père étant le représentant
falluque de la société, il n’est pas
étonnant que ce dernier occupe la
première place dans cette gradation
où les parents et autres expriment
leur sentiment de contestation.
Privée de sa liberté de ses droits,
surtout de sa liberté d’expression, la
femme a toujours une place
secondaire juste après celle du père.
Et si cette énumération se termine
bellement par le village, c’est tout
simplement puisque le mariage,
source d’enrichissement de la
famille, est une affaire de tout le
village.
Le village c’est le symbole
de la communauté entièrement
englobée dans la coutume et dans la
religion.
Ainsi, les deux actes de
Ramatoulaye, celui d’avoir refusé le
fiancé proposé (p.28) par la mère et
celui de se marier sans dot (p.29),
constituent une très grave
transgression de la loi coutumière :
“Donc tout acte non autorisé par les
hommes est considéré comme
atteinte au nif, à l’honneur de
l’homme en général., à l’honneur du
père, du frère, du mari, du cousin ou
de l’homme en général.
Il est aussi
considéré comme dépassement du
seuil.ou du huddud “(Bouguarche :
2003, 19).
fondamental la libération et
l’émancipation de la femme
opprimée par l’homme.
Ramatoulaye et Aïssatou, son amie,
sa condisciple en étaient chargées
comme le stipule le passage suivant
:
Qu’en fut-il de petites Binetou et
Nabou, élèves de cycle inférieur ?
Privées de toute personalité, de toute
information et de tout droit, même
de l’expression ces enfants n’eurent
rien à dire....
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