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l'hypocondrie d'Argan le malade imaginaire

Publié le 06/03/2016

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Argan souffre d’un comportement excessif vis à vis de la médecine et d’un recours excessif au médecin et aux techniques médicinales. Si l’on suit sa manière de penser, plus il a subit de lavements et plus il a bu de remèdes, mieux il se porte. Ce trait excessif est souligné par l’effet de cumul de ses comptes, les sommes s’accumulent liées par des "et" et des "plus". Les clystères et potions qu’il reçoit sont tels des soldats à l’assaut d’un mal qui le ronge, il les souhaite nombreux et puissants.-- Son corps, Argan le subit, il s’en protège, en fait sortir le mal. Il prend soin de sa santé comme d’autres prennent soin de leur apparence, chaque partie de son corps doit être purgée, les maux doivent en être chassés, comme s’il ne fonctionnait qu’une fois purifié. Son corps entier est un handicap qui le place dans la position d’une victime à choyer et à servir. Argan est hypocondriaque, il se croit infirme et mal portant. Il mesure son bien-être au nombre de lavements et autres remèdes ...

« mots insatisfaisants, de la représentation de mots, la chose même lui demeurant inconnue.

Cette loi inconsciente entraîne donc chez lui l'exigence que son futur gendre parle bien Grec et Latin (I, 5,47).

La maladie ne peut se dépeindre que dans un langage étranger, hermétique de tout savoir, unique mode de tolérer les défaillances de la nomination.

Toujours dans cette logique, un peu plus loin dans le texte, après son refus d'un clystère sur les conseils de son frère, M.

Purgon son médecin le menacera en termes abscons lui souhaitant : « la bradypepsie, la dyspepsie, l'apepsie, la lienterie, la dysenterie, l'hydropisie, etc », ce qu'entendant Argan ne peut que s'écrier : « Ah, mon Dieu, je suis mort.

Mon frère vous m'avez perdu » (III, 5et 6).

L'accumulation de tels voeux équivaut pour lui à une mort certaine puisque menaces verbales de mort et mort clinique sont identiques.

Il est mort de l'affirmation du discours même  Ressort comique pour l'auteur Molière certes, mais drame intérieur pour le patient.   Les liquides de son corps, le sang, les humeurs et leur température le chaud, le froid, le sec sont pathologiques et, selon lui, anormaux.

Dans sa passivité habituelle, son activité consistera à tenter de modifier l'intérieur du corps par la seule valeur connue de lui, l'argent : c'est cet artifice obsessionnel qui entraîne cette ronde de nombres ayant pour fonction de réparer le mauvais objet internalisé sans jamais y parvenir (scène 1 de l'acte I). L'argent dépensé emplit les entrailles mais ne les soigne que sur un mode réversible, d'où la récurrence des attaques de mal.

Dans cette logique mathématique, Argan n'hésite pas à faire passer un examen à M.

Diafoirius, médecin et père de son futur gendre afin de vérifier son savoir :« Argan : Monsieur, combien est-ce qu'il faut mettre de grains de sel dans un oeuf ? M.

Diafoirius: Six, huit, dix, par les nombres pairs, comme dans les médicaments par les nombres impairs » (II, 6 ).   Argan est avant tout victime d'un trouble psychologique sérieux.

Il a sans cesse besoin de compter, que ce soit les clystères ou les médicaments.

Il va jusqu'à mettre en scène ces "séances de comptabilité", en faisant intervenir fictivement d'autres personnages.

Argan recourt à de nombreux traitements (intestinaux, somnifère, cardiaque...).

Il a peur de tomber malade.

Il pratique la médecine de façon préventive comme on peut le voir dans le passage lignes 50-55.

Au lieu de se réjouir de voir son traitement diminuer, il souhaite que Mr. Purgon. »

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