Les Etapes de l'apprentissage
Publié le 17/01/2022
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Le comportement de l'enfant, la manière dont il réagit face aux événements et à autrui sont riches d'enseignements quant au développement des facultés mentales qui régissent son rapport au monde.
Dès la naissance et durant l'enfance, la mise en place et le développement des processus mentaux sont rapides et continus. Or, à l'inverse de celui d'un membre comme un bras ou une main, ce développement n'est pas évident à constater. Le comportement de l'enfant permet seul à l'observateur d'en contrôler l'évolution. Elle témoigne de la réalité de l'apprentissage chez l'enfant - elle établit que la compréhension des événements qui le concerne est véritablement effective. Le développement de l'apprentissage reste étroitement attaché à une autre faculté: la mémoire, ou rappel des expériences passées. L'apprentissage et la mémoire sont intimement liés aux structures mentales qui nous permettent de
comprendre notre expérience. Autrement dit, nous ne nous rappelons et nous n'apprenons que ce que nous sommes en mesure de comprendre, hor¬mis certaines données assimilées par l'inconscient.
Quatre stades
de développement
C'est au psychologue suisse Jean Piaget (1896-1980) que l'on doit l'essentiel de nos connais-sances sur l'évolution de la connaissance chez l'enfant, c'est-à-dire sur l'ensemble des facultés qui se rapportent à la compréhension (par oppo¬sition au domaine de l'affectivité). Il a établi que le développement intellectuel de l'enfant passe par quatre stades successifs.
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intériorisé du réel, constitué d'objets perma-
nents, sur lequel l'enfant va pouvoir enfin exer-
cer ses différentes actions.
Le stade préopératoire
L'étape suivante du développement intellectuel
intervient entre deux et six ans.
Piaget le dénom-
me « stade préopératoire «.
C'est la période de
l'acquisition du langage et des dispositions
motrices et intellectuelles - écriture, dessin,
calcul.
Cette période correspond à l'intelligence
pratique, qui utilise les mouvements comme
moyens d'obtenir des résultats sur les objets, ou
sur les personnes.
Elle fait appel à la mémoire et
à la représentation symbolique.
Un enfant de
moins de dix-huit mois joue avec les objets en
les manipulant.
Par la représentation symbo-
lique, l'enfant de plus de dix-huit mois peut évo-
quer ou jouer avec un objet en l'absence de
toute représentation.
Il fait semblant: lorsqu'il
s'étend sur un linge posé par terre et qu'il dit
«je vais dormir», il sait parfaitement qu'il ne
s'agit pas de son lit et qu'il ne dort pas vraiment.
L'enfant prend conscience de la différence
entre acte simulé et acte réel, de la possibilité de
substituer un objet à un autre, le mot à la chose.
Il apprend que l'objet possède deux réalités, une
réalité symbolique et une réalité matérielle.
Cette
substitution du symbole, ou du signe, à l'objet
explique le développement rapide du langage
chez l'enfant: celui-ci recherche dans la parole
tout un système de signes qui répondent aux
besoins de ses représentations symboliques, pour
désigner ce qu'il perçoit ou veut évoquer.
Toute-
fois, faute d'une maturation suffisante de son acti-
vité mentale, le jeune enfant a du mal à se déta-
cher de ses expériences de nature perceptive ou
motrice.
Ainsi, à trois ou quatre ans, il est capable
de reconstituer mentalement le chemin qui mène
de chez lui à son école en accompagnant de
gestes ses » je tourne comme ça «, « je vais par là»,
etc., mais pas de le retrouver sur une carte.
De même, si l'on demande à un enfant de
cinq ans de sélectionner au sein d'une série de
-
clichés celui qui représente un paysage reconsti-
tué par une maquette, et considéré de son point
de vision exact, l'enfant n'a aucun mal à désigner
le cliché pris de l'endroit équivalent à celui
qu'il occupe devant la maquette.
Mais si on lui
demande d'identifier, au milieu de plusieurs cli-
chés, celui qui représente ce que voit un specta-
teur situé à l'opposé de la maquette, l'enfant iden-
tifiera le même cliché que précédemment Malgré
son début d'activité logique, la pensée intuitive de
l'enfant est prise en défaut par la manifestation de
ce qu'il considère comme le seul point de vue
possible, c'est-à-dire le sien.
Son égocentrisme tra-
duit le manque de mobilité de sa pensée dans
l'assimilation de son environnement: l'enfant ne
peut se représenter autre chose que ce qu'il voit.
Une autre limitation est mise en évidence par
Piaget.
Elle concerne la conservation des gran-
deurs des objets - quantité, taille ou poids -, qui
entre en contradiction avec ce que les sens de
l'enfant perçoivent.
Si l'on présente à celui-ci
deux récipients de même volume mais de forme
différente, l'un plein et l'autre vide, et que l'on
transvase devant lui le contenu du premier dans
le second, l'enfant soutient qu'il y a plus de
liquide dans le récipient haut et mince que dans
le récipient bas et large.
Abusé par ses sens, il ne
comprend pas qu'il y a conservation de la gran-
deur - le volume de liquide - malgré les caracté-
ristiques différentes des récipients.
Le stade des
opérations concrètes
De sept à onze ans, l'enfant passe au stade des
opérations concrètes.
Il développe une organisa-
tion mentale qui lui permet de dépasser son intui-
tion et son expérience (ainsi, la conservation des
quantités est à présent acquise) et de parvenir à
une connaissance objective rationnelle.
Comme
toutes les opérations de la pensée, les opérations
concrètes sont caractérisées par un certain
nombre d'attitudes intellectuelles développées
par l'enfant - en particulièr l'analyse et la compa-
raison—, qui lui permettent de se représenter men-
talement les qualités et les propriétés des objets.
L'enfant peut ainsi les compter, les classer
(classification), les ordonner en séries (séria-
tion).
La capacité de classification dépend de
l'âge de l'enfant.
Si, en montrant six roses et
six iris à un enfant de six ans, on lui demande s'il
y a plus de fleurs ou plus d'iris, l'enfant répondra
qu'il y a autant de fleurs que d'iris.
Mais l'enfant
sera troublé si on lui rappelle que les roses sont
aussi des fleurs.
Il sait que les roses et les iris sont
des fleurs, mais il a du mal à faire le rapport entre
le tout (les roses et les iris) et la partie (les iris,
seuls).
La compréhension entre le tout et les par-
ties est clairement perçue chez un enfant au
stade des opérations concrètes.
Il est également capable d'ordonner en séries
des objets qui lui sont présentés: c'est la séria-
tion.
Elle résulte de la comparaison et de la mise
en ordre, croissante ou décroissante, des diffé-
rences de degré d'une qualité commune à cer-
tains objets - opérations qui entraînent la déduc-
tibilité des relations entre les objets: si le bâton A
est plus grand que le bâton B, et le bâton B plus
grand que le bâton C, A est plus grand que C.
Un
enfant plus jeune ne déduira l'ordre de grandeur
des bâtons qu'en tâtonnant et en comparant
chaque bâton avec l'ensemble des autres bâtons.
Au stade des opérations concrètes l'enfant
passe de l'expérience concrète à la représentation
idéale, qui sous-tend la pensée logique.
C'est
d'ailleurs au début de ce stade opérationnel
qu'intervient la scolarisation des enfants.
On peut
comparer l'enfant à un scientifique qui émet une
théorie erronée sur le monde.
Pour se développer,
son intelligence doit se confronter à de.
multiples
expériences, qui mettent sa théorie à l'épreuve et
la modifient jusqu'à la mettre en conformité avec
celle que défendent les adultes.
Le langage parti-
cipe pour une grande part à ce développement.
Il permet aux adultes d'avertir l'enfant que sa
théorie contredit la leur.
C'est ainsi que les enfants
apprennent et bénéficient de l'expérience
d'autrui sans devoir eux-mêmes la tenter.
Le stade des
opérations formelles
À
onze ans commence le stade des opérations
formelles, qui correspond à l'épanouissement de
la pensée logique.
Ces opérations se distinguent
par leur caractère plus abstrait; elles représentent
Dessins d'un enfant
de
cinq ans à qui on
a demandé de dessiner
une scène, une fois selon
son point de vue et une autre fois selon un angle
différent.
Les deux
dessins légèrement
dissemblables proposent
une vision pratiquement
identique.
A cinq ans, les
facultés de l'enfant ne lui
permettent pas encore
de conceptualiser et de
se figurer le revers des
personnages et des objets.
Si l'on demande
le même exercice
à un enfant de neuf ans,
on obtient deux dessins
réellement différents.
La maison et son jardin
sont d'abord vus de face,
côté rue puis de l'arrière.
A neuf ans, l'enfanta
acquis l'intelligence
abstraite.
132.
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