LES CONTES (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
Publié le 12/05/2016
Extrait du document
Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)
légendes qui formeront plus tard la trame de Tristan et Iseult
Des humains mis en contact avec des dieux, avec le destin, avec des phénomènes extraordinaires relevant de la magie : tels sont les traits récurrents de ces contes, dont l'amour est également un thème fréquent. Par rapport aux mythes, ils mettent en avant le point de vue humain, ce qui peut se traduire par l'importance de thèmes comme la surprise ou l'erreur : surprise du marin égyptien, erreur de Tristan buvant le filtre, malentendus entre les bergers dans Daphnis et Chloé. Les dieux font partie de l'univers des contes, mais les personnages ne comprennent pas leurs actions, et ils ont du mal à se repérer dans un monde dont l'apprentissage, pour eux, reste à faire. Le conte relate précisément cet apprentissage.
sur la période de latence qu'est la préadolescence. Le Petit Poucet ou Peau d'âne, métaphore de l'interdit de l'inceste si joliment mis en scène par Jacques Demy en 1970. Nombre d'entre eux ont été repris dans les 200 contes des Allemands Jacob (1785-1863) et
LE MOYEN ÂGE DES CONTES
L'Antiquité voit le triomphe de l’écrit, avant qu'il ne reflue à nouveau pour quelques siècles. Le Moyen Âge, marqué par les formes orales mais capable de les fixer par écrit,
LE CONTE ET LA NOUVELLE
Entre ces deux formes de récit marquées toutes deux par la brièveté, on est quelquefois bien en peine de faire la différence. Elle existe, pourtant Née en Italie à la Renaissance, la nouvelle met en scène un univers plus réaliste que le conte : un espace et un temps précis, généralement nommés. Elle est centrée sur une aventure particulière, sans valeur générale, souvent surprenante - cette surprise étant d'ailleurs sa légitimation littéraire, ce qui mérite que l'on annonce la «nouvelle». Sans valeur générale, elle va davantage chercher du côté de l'anecdote, du particulier, voire de l'étrangeté : on s'identifie aussi peu au héros d'une nouvelle qu’au personnage d'un fait-divers dans le journal. Enfin, les mécanismes narratifs ne sont pas les mêmes : là où le conte exploite surtout les ressorts de l'épreuve, pour mettre en scène l'intégration ou la réintégration d'un personnage dans un groupe (ou dans un couple), la nouvelle se construit davantage sur le ratage, l'échec, la déconfiture comique ou tragique d'un personnage ne maîtrisant pas ce qui lui arrive.
«
aussi à leur compliquer la vie pour le plus grand plaisir des auditeurs.
Des poèmes viennent s'intercaler dans des récits manifestement écrits pou r des adultes : méchants vizirs, érotisme sous-jacen~ soucis d'argent inscrivent ces contes merveilleux dans une critique réaliste du quotidien.
Le Décaméron (1349) de l'Italien BCKcac e et les Contes de C11nterbury , réunis par l'Anglais Chaucer à la
une crudité et une cruauté que l'on retrouve dans les fabliaux français et Le Roman de Renart .
Plus raffinée ,
Marie de France a donné au Xl~ siècle des Lais comme celui du Chèvrefeuille, qui se rapprochent davantage de la tradition des contes amoureux.
CONTES GRIVOIS ET CONTES DE FÉES
On attribue quelquefois à Boccace l'invention de la nouvelle, et il est certain que ses imitateurs français de la Renaissance, comme Marguerite de Nava rre et Bonaventur e des Périen, donnent à leurs récits une tournure anecdotique et réaliste qui les sort définitivement du genre des contes.
Le passage d'une culture orale à une culture écrite, entre la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance, se traduit par un relatif abandon du conte , délaissé par les élites.
Ce sont dans les cahiers grossièrement imprimés de • La Bibliothèque bleue», èditée à Troyes et vendue par les colporteurs, que le conte va survivre, au côté de chansons de gestes que l'on ne goûte plus que dans les milieux populaires et paysans.
Dans les contes de fées continue à vivre un fond folklorique d'origine surtout celtique, qui se rencontre avec une certaine diabo lisation de la femme au Moyen Âge.
Inquiétante mais bienveillante, la fée est une figure acceptable de cette autre image de la femme qui hante les esprits et cristallise toutes les peurs: la s onièrr.
De la même façon , le conte va servir d'exutoire à une sexualité peu à peu écartée de la littérature officielle : forme d 'élection du récit paillard, le conte
LE CONTE ET LA NOUVELLE
Entre ces deux formes de récit, mar quées toutes deux par la b rièveté, on est quelquefois bien en peine de faire la différe nce.
Elle existe, pourta nt Née en Italie à la Renaissance, la nouvelle met en scène un univers plus réaliste que le conte : un espace et un temps p ré c is, généralement n o m més.
Elle est centrée sur une aventure particulière, sans valeur générale, souvent surprenante- cette surp rise étant d'ailleurs sa légitimation littérai re, ce qui m érite que l'on annonce la •nouvelle» .
Sans valeur générale, elle va davan tage cherche r du côté de l'anecdote, du particulier, voir e de l'étra ngeté: on slden tifie aussi peu au héros d'une nouve lle qu'au personnage d 'u n fait-divers dans le journal.
Enfin, les mécanismes narratifs ne sont pas les mêmes : là où l e conte exploite surto ut les ressorts d e l'épreuve, pour mettre en scène l'intégratio n ou la réintégration d'un perso nnage dans un groupe (ou dan s un couple), la nouvelle se construit davantage sur le ratage, l'échec, la déconfrture com ique ou tragi que d'un perso nnage ne maîtrisant pas ce qui lui arrive .
Un des modes de cette création est le détournemen~ pratiqué notamment Voltoire , à partir années 1740 , ces contes philiJsophiqu1es qu'il lui- que comme un divertissement, et qui consti tuent pour nous une part essentielle de son œuvre , la seule qui ait conservé de nombreux lecteurs .
Zadig ou la Destinée (1747), Micromégas (1752), Candide ou l'Optimisme (1759) -qui outrepasse les dimensions du conte pour s'aventurer dans le roman -, L'Ingénu (1767) sont les œuvres les plus connues d 'une production qui comprend aussi des contes en vers et dont le ressort principal est la fausse naïveté, instrument d'élection de la fameuse ironie voltairienne .
L e Contes moraux de Marmontel , dont la première série est publiée en 1755 , apparaissent bien fades en comparaison , mais ils obtinrent un grand succès .
Le conte voit sa dimension pédagogique exploitée par les écrivai ns des Lumières , toujours soucieux d 'instruire en amusant.
On 1-------------- -i pourrait citer, dans une veine mi grivois part d'une tradition de crudité orale et populaire pour se faire peu à peu franchement licencieux , voire pornographique aux XVI~ et XVIII' siècles .
ÉPOQUE CLASSIQUE
C'est pourtant aux mêmes XVII' et XVIII' siècles que le conte réinvestit la littérature sérieuse .
la Fontaine donne en 1665 quelques Contes dont la d imension érotique fera scandale , mais qui sont écrits dans la langue parfaite d 'un écrivain de haut vol.
Les Amours de Psyché et de Cupidon , écrits en vers , atténuent cet érotisme sans l' évacuer totalemen~ et surtout donnent au conte ses lettres de noblesse en rappelant ses origines antiques .
Cha rles Perrault , tout au contraire, va s'employer à montrer dans le conte un genre authentiquement français, associé au cc merveilleux chrétien» et à un imaginaire dont il tente de faire valoir la dignité littéraire .
Ses Contes, dits quelquefois de ma mère l'Oye (titre du second recueil, publié en 1697), écrits en vers et en prose , servent en quelque sorte dlllustration à la thèse défendue par Perrault dans la célèbre querelle des Anciens et des Modernes : à ses yeux , la modernité (c'est-à -dire le monde français et chrétien) possède autant de ressources littéraires que l'Antiquité.
Une véritable mode du conte de fées se développe à l'époque, dont la représentante la plus emblématique est sans doute Mme d 'Aulno y, qui donne à la fin du siècle pas moins de huit volumes de contes, dont le célèbre Oiseau bleu .
Antoine Galland rédige entre 1704 et 1717 la première adaptation française des Mille et Une Nuits.
L ES CON TI S PHILOSOPHIQUES Sans vraiment que l'on s 'en rende compte , c'est dans ces années-là que le conte devient un genre littéraire de création , et non plus de tradition .
Les écrivains commencent à inventer des contes , au lieu de puiser , comme Perrault ou La Fontaine, dans un fonds déjà existant.
morale , mi-parodique , L'Oiseau blanc , conte bleu (1748) ou encore Ceci n 'est pas un conte (1773 ), de Diderot.
i!JHM!IiiMII Jeu de l'espri t, le conte philosophique est fort éloigné de l'esprit originel des contes populaires.
Ceux-ci vont susciter un regain d'intérêt au moment où le romantisme, délaissant l'idéal universa liste des Lumières, redécouvre les vertus des traditions locales.
Le XIX' siècle voit ainsi un gigantesque travail de collecte effectué par ceux que l'on nomme les folkloristes , et dont les plus importants sont les frrrrs Grimm .
Les Contes qu'ils publient en 1812
G en re littéraire a ncie n et bien représen té, le conte a suscité de longue date l'atten tion des critiques.
Parmi les trava ux les plus fameux, on retien dra no ta mm ent ceux d e V l adimir Propp, l'un des f onda teurs d'une école quelq u efois nommée •les formalistes russes"· Dans Morphologie du conte (1928), il met en évidence la régularité des schémas narratifs d an s les contes populaires, éla b orant une grille de «fonctions" qui permette nt de décom poser n'importe quel conte en quelques éléments struct urants.
~Amé ricain B runo Bette lheim , d e son côté, a tenté avec sa Psyc h a na l yse des contes de fées (1976) de mont re r l a façon dont les contes de Perrault, par exemp le, mettent en jeu des éléme nts fonda mentaux de la psyc h o logie infantile , e n permettant à certa ines émotions refou lées de se libérer et aux désirs interdits de s'accomp lir dans l'imagi naire.
participent ainsi d'une redécouverte du génie national, indissociable dans un contexte allemand de la résistance à une culture française confondue avec l 'occupation napoléonienne .
Les auteurs romantiques français et étranger s sont eux aussi sensibles aux vertus du conte ; soit, comme George qu'ils apprécient rurales par l'oubli et des éléments de
romanesques (La Mare au diable , 1846 ), soit qu'ils y voient une forme en phase avec l 'esprit du temps .
Les Contes d 'Espagne et d'Italie (1829) de Musset explorent une veine provocante , tandis qu'Andersen revient dans ses Contes (1835) à une écriture beaucoup plus sage, dans la tradition des contes de fées .
Il faut signaler enfin , dans ces années romantiques , les trop peu connus Contes drollltiques que Balzac considérait
constituent une tentative de subversion littéraire sans précédent , touchant aussi bien au lexique qu'aux représentations : l'usage de cette forme populaire est associée à une crudité qui répond en creux au romantisme éthéré d'œuvres comme Le Lys dans la vallée , par exemple .
LE CONTE FANTASTIQUE
Le genre du conte fantastique est inauguré par Jan PotCKki dans le Manuscrit trouvé ti Saragosse (1805) et illustré par Charles Nodier (Histoire du roi de Bohême et
amoureuse , Arria Marcella , 1852 , Le Spirite , 1866).
Aux Etats-U nis, -""""'=-.Poe donne à la même époque des contes qui, traduits par Baudelaire dans les années 1850 (Double Assassinat dans la rue Morgue , Le Chat noir, La Chute de la maison Usher) , deviendront des chefs-d'œuvre de la littérature française .
Si la littérature fantastique trouve dans le conte un genre à sa mesure , c'est du fait de sa brièveté , d'abord , et aussi parce qull est de longue date associé au merveilleux, dont le fantast ique, précisémen~ interroge la présence dans le monde .
Le conte trouve ainsi une seconde jeunesse , tout en s 'éloignant de ses thèmes et de son ambiance traditionnels .
Inquiétant , sulfureux, jouant sur l'angoisse et le suspense, le conte fantast ique deviendra chez certains auteurs comme Maupassant un moyen de dire la folie qui les menace (Le Horta , 1887) .
Les Contes cruels , de Villien de l'Isle Adam en 1883 , n'appartiennent pas tous au registre de la littérature fantastique , mais ils en reprennent
l'atmosphère angoissante- comme si Btlrbe-Bieut , ce héros un peu atypique des contes traditionnels , avait peu à peu pris une place démesurée.
RETOUR EN ENFANCE
Relancé par le fantastique , le genre ne va pourtant pas s'y cantonner .
Certains écrivains réalistes et natu ralistes y trouvent une manière de respiration, voire d 'évasion de la réalité : on n.!~IIIT!'r l"'lpourrait citer ainsi les J;t:J~~ ~Lettres dt mon moul in , qui valent à Alphonse Daudet son premier succès en 1866, ou les Trois Contes publiés par Gus tave Flaubert en 1877.
Les œuvres de Rudy11 rd Kipling (Simples Con tes des collines , 1886) , au tournant du siècle, illustrent la même tendance, sur un mode exotique associé chez lui à l'exaltation d 'une vie aventureuse et vertueuse .
Le conte retrouve ainsi une dimension éducative qu'il avait un peu perdu de vue depuis Marmontel.
Exotique elle aussi, mais dans un tout autre sens, est l'Anthologie nègre publiée par le poète Blaise Cendran en 1921 , avant les Petits Contes nègres pour les enfants des Blancs (1929).
Loin de l'esprit colonialiste et impérial iste qui anime les œuvres de Kipling.
le conte sert ici de support à u ne réévaluation de la littérature orale africaine; des écrivains de la négritude suivront cette voie , tel Alexis Kagamé , qui a consacré une partie de son œuvre à la collecte des contes en langue kinyirawanda .
Dans la lignée de Daudet , Marcel Aymé connaît dans les années 1930 un
gran d succès avec ses C ontts du chllt perché (1934) , qui contribuent à réorienter le genre vers la littérature enfantine .
Si, dans le domaine hispanique notamment, des écrivains exigeants comme Jorge luis Borges et Juan Carlos Onetti ont donné des contes , la fin du xx< siècle semble confirmer cette orientation vers la littérature enfantine, des œuvres de qualité parfois , celle de Pierre (L11 Sorci rrr Mouffet11rd Contes dela Broca , 1980 , Contes la Folie-Méricourt, 1983) ..
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