Le camelot (rédaction)

« l Une leçon de cul­ ture physique •..

...

et d'adresse commerciale.

voilà en action dans un travail préparatoire propre à attrouper les badauds et les futurs clients.

Il empoigne en guise d'extenseur de culture physique trois ou quatre paires de bretelles par leurs extrémités ct entame une étonnante séance de gymnastique matinale.

Contrefaisant admira­ blement la voix sortant d'un poste de radio il se donne à lui-même la leçon et cela ne tarde pas à porter ses fruits.

Les passants amusés s'arrêtent en cercle autour de lui.

Imperturbable, les yeux au loin, comme s'il était seul dans sa chambre écoutanl une réelle émission, il exécute, avec un temps de retard et parfois quelque gaucherie ou erreur, les mouvements qu'il se commande.

Puis, brusquement il fonce sur un jeune homme un peu déluré et lui dit : c A nous deux, mon gaillard :.

et il lui met de force les bretelles dans les mains ...

Il retourne à son éventaire et se met alors à distri­ buer par brassées les belles bretelles élastiques ...

c Allons ...

reprenons la séance ensemble.

Tout le monde au travail.

Une, deux ...

Une, deux.

:.

Le petit homme endiablé déchaîne une franche gaieté dans le cercle toujours plus dense.

On s'amuse, mais aussi on tâte la marchandise.

C'est le moment que choisit le camelot potrr lancer sa grande offensive : c Trois paires pour le prix d'une seule :.

- « Cinq francs les trois :.

- « Nuances assorties :.

- « A bouton­ nières ou à pinces :.

- c Fouillez, brassez, choi­ sissez ...

• Et les bretelles valsent, claquent, se ten­ dent et se distendent passant de mains en mains.

- c Allons, Messieurs-Dames, la séance de culture physique était gratuite, mais maintenant, rendez­ moi mon argent et emportez vos bretelles.

c L'argu­ ment est comique et irrésistible.

On rit mais on achète aussi.

Les billets s'accumulent sur la table et les bretelles diminuent.

-75. »