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émancipation dans « Une si longue lettre »

Publié le 11/03/2025

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« INTRODUCTION Outre le fait qu’elle soit maman, la femme joue un rôle fondamental dans l’espace familiale. Elle est le moteur de l’éducation à la base, la régulatrice de l’économie familiale, mais audelà, la femme titille la place de l’homme dans une société où sa condition ne favorisait pas une insertion sociale et politique tant souhaitée.

Pour étudier ce combat de libération sous le joug de la domination masculine porté par certains personnages du roman de Mariama BA, nous allons tout d’abord voir les éléments constitutifs de la condition féminine, l’injustice sociale faite à la femme et en fin l’émancipation de celle-ci dans notre société africaine en particulier sous l’angle d’ « Une si longue lettre » A.

BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR Elle est née à Dakar au Sénégal en 1929 dans une famille fortunée.

Son père était fonctionnaire de l'État.

Puis, Elle intègre une école française où elle se fait remarquer par ses excellents résultats.

Après son certificat d'études primaires obtenu à 14 ans, elle entre en 1943 à l’École normale de Rufisque, qu’elle quitte munie d’un diplôme d’enseignement en 1947. Elle enseigne pendant douze ans puis demande sa mutation au sein de l’Inspection régionale de l’enseignement pour raison de santé .

De son premier mariage, avec Bassirou Ndiaye, elle a trois filles, et du second mariage avec Ablaye Ndiaye une fille Seynabou M.Ndiaye ; elle obtient le divorce de son troisième mari, le député et ministre Obèye Diop, avec qui elle a eu cinq enfants.

À la suite de son expérience du mariage, Mariama Bâ s’engage pour nombre d’associations féminines en prônant l’éducation et les droits des femmes.

À cette fin, elle prononce des discours et publie des articles dans la presse.

Elle sonna le glas 17 août 1981 (à 52 ans). B.

BIBLIOGRAPHIE DE MARIAMA BA En 1979, elle publie aux Nouvelles éditions africaines son premier roman, Une si longue lettre, dans lequel, la narratrice, Ramatoulaye, utilise le style épistolaire pour faire le point sur sa vie passée après la mort de son mari.

Ce livre manifeste l'ambition féministe africaine naissante face aux traditions sociales et religieuses.

Dès sa sortie, le roman connaît un grand succès critique et public ; elle obtient le prix Noma de publication en Afrique à la Foire du livre de Francfort en 1980.

Elle meurt peu après d’un cancer, avant la parution de son deuxième roman, Un chant écarlate, qui raconte l'échec d'un mariage mixte entre un Sénégalais et une Française, du fait de l'égoïsme de l'époux et des différences culturelle I.

LA SEMANTIQUE DE L’EMANCIPATION DE LA FEMME L’émancipation, pour peu qu’on essaye de lui trouver une définition, peut être mise en rapport avec le féminisme auquel elle est étroitement liée ; car tout au début de la prise de la parole par la femme, il y avait d’abord le féminisme. 1.

Essai de définition Le féminisme est, d’abord et avant tout, un mouvement idéologique 1 progressiste, conceptualisé au 19ème siècle par Fourier et Alexandre Dumas fils, et soutenu par les partis marxistes et socialistes.

Léon Abensour le définit au 20ème siècle comme un « cas d’aspiration collective vers l’égalité »1.

Néanmoins, cette aspiration collective des femmes ne trouve son aboutissement que dans leurs rapports aux hommes, qui se fondent sur la dualité : Egalité et différence des sexes, qu’elles tentent de transcender dans le domaine surtout économique.

A ce propos Geneviève Fraisse pense : « S’il y a égalité de principes juridique et politique, il existe aussi dans le discours féministe une réflexion sur la pertinence de cette notion, eu égard à la différence des sexes »2. Or dans une si longue lettre, même si le problème du féminisme – je veux dire l’émancipation de la femme – ne se pose pas par l’affrontement des sexes, il reste vrai que la quintessence thématique de l’œuvre, la vraie raison des échanges épistolaires entre Ramatoulaye et Aïssatou apparaissent sous l’angle des rapports heurtés entre les personnages féminins et masculins : Ramatoulaye et Modou, Aïssatou et Mawdo, Jacqueline et Samba Diack.

En effet, la narratrice explique. « Mon drame survient trois ans après le tien.

[…] le drame prit racine en Modou même, mon mari ».

(p.54.Chap.13) On pourrait aussi mieux comprendre l’émancipation de la femme à travers l’évolution du mouvement féministe. 2.

Evolution du mouvement féministe Déjà au 17ème siècle, le militantisme féminin commençait à se développer, avec le cercle des « femmes savantes » qui, selon Jacqueline Aubenas : « […] du fond de leur ruelle, en compagnie de quelques beaux esprits, posaient les principes de l’égalité des sexes, des droits à l’instruction et aux plaisirs »3. Un pas majeur venait d’être franchi, dans une société encore conservatrice, en faveur de l’émancipation de la femme par l’affirmation de ses droits les plus élémentaires, même si la notion d’égalité ou de parité n’est pas encore prononcée. Au 18ème siècle, plus précisément lors de la révolution française de 1789, des femmes firent pression sur le roi, et rédigèrent avec Olympe de Gourges Les droits de la femme et de la citoyenneté en 17 articles. A partir du 19ème siècle, notamment en 1830, le Saint-simonisme (4) reprend à son compte toutes les aspirations de la femme, c’est-à-dire, « l’égalité juridique et politique […], la promotion économique, la justice sociale, […] ». Cependant les interrogations des femmes sur leurs relations aux hommes prennent surtout forme au 20ème siècle avec les écrits inédits de Simone de Beauvoir et de Betty Friedan, qui favorisèrent la résurgence du mouvement féministe après plusieurs années de mutisme. Ces mêmes droits sont subrepticement repris dans Une si longue lettre, dès lors qu’il apparaît dans le discours de Ramatoulaye une nette volonté de s’émanciper de la tutelle de Modou, à défaut de rompre.

C’est donc une 2 prise de conscience, une nécessité de s’affirmer et de prendre la parole après dit-elle « trente années de silence ».

Rappelons-nous ces quelques mots qu’Aïssatou adresse à Mawdo, son mari : « […] le règlement intérieur de la société avec ses clivages insensés.

Je ne m’y soumettrai point » (p.50, chap.12). Cette révolte qui couve en elle, est bien la même qui lacère son amie et, qui la pousse à une position « avant gardiste » en faveur de l’émancipation de la femme.

En effet, le rejet implicite de la tradition polygamique traduit son aspiration et ses velléités d’arriver à un progrès social qui dépasserait certaines considérations stéréotypées de la société sénégalaise, qui donnent des raisons à l’homme d’assujettir la femme. Ce qui revient à dire que l’émancipation de la femme, quoiqu’on en pense, se fonde d’abord et avant tout, sur la dualité : femme / homme.

Voyons à présent comment Mariâma Bâ la traduit dans son œuvre. II.l’image et l’emancipation de la femme dans une si longue lettre Comme Aimé Césaire le suggérait à propos du nègre, on peut dire que la femme se découvre femme au comble de l’humiliation et de l’assujettissement.

En effet, dans Une si longue lettre, Mariâma Bâ, auraitelle pris conscience de sa situation, si Modou ne l’avait pas humiliée en se mariant avec l’amie de sa propre fille ? Aurait-elle répondu par cette si longue correspondance où elle tente de noyer sa douleur, à Aïssatou qui, elle aussi, avait fini de lui confier la sienne ? Pourquoi avait-elle rappelé à Aïssatou l’histoire de Jacqueline ? Autant d’interrogations dont les réponses se trouvent dans l’expérience commune de ces trois personnages féminins qui partagent la même humiliation dans l’œuvre.

C’est donc le début d’une prise de conscience et de la parole : « cette fois, je parlerai », dit Ramatoulaye (p.85, chap.18). Une parole qui devient incisive, virulente et acerbe, et qui accuse les hommes sans complaisance.

La narratrice explique comment elle se défend face à trois notables : Tamsir, Mawdo et l’Imam de la mosquée ; elle affirme : « Ma voix connaît trente années de silence, trente années de brimades. Elle éclate violente, tantôt sarcastique, tantôt méprisante » (p.85, chap.18) ; plus loin, elle ajoute : « je prends ainsi ma revanche sur un autre jour (…) » (p.86, chap.18) Oui ! Mais quel autre jour ! C’est celui où ces mêmes hommes, aux déclarations pleines de « fatuité », étaient venus lui annoncer ostentatoirement l’humiliation que Modou lui avait infligée.

Il faut dire que l’émancipation de la femme se traduit dans le texte de Mariâma Bâ par un besoin de se libérer du joug masculin.

L’image et l’idée de la femme objet, que les hommes ont entretenues naturellement, deviennent caduques.

En réalité pour Mariama Ba : « La femme ne doit plus être l’accessoire qui orne, l’objet que l’on déplace, (…) » (p.90, chap.19). C’est une invitation, non seulement à une évolution des mentalités, mais 3 aussi une injonction faite aux femmes, pour qu’elles sortent de leur mutisme, de leur passivité, en s’engageant résolument dans le combat de l’émancipation.

En fait, les exemples de Ramatoulaye, Aïssatou et Jacqueline ne sont que de simples subterfuges pour dénoncer « (…) le cas de bien d’autres femmes, méprisées, reléguées, ou échangées, dont on.... »

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