« Vouloir vivre, c'est aussi être sûr de vivre, et tant que la volonté de vivre nous anime, nous n'avons pas à nous inquiéter pour notre existence, même à l'heure de la mort. » Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818. Commentez cette citation.
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Avec la mort, la conscience certes se perd mais non ce qui la produisait et la conservait, la vie s'éteint, mais non avec elle le principe de la vie qui se manifestait en elle. C'est aussi pourquoi un sentiment assuré dit à chacun qu'il y a en lui quelque chose d'absolument impérissable et indestructible.
Si l'on frappait aux tombeaux et que l'on demandait aux morts s'ils voudraient revenir au jour, ils secoueraient la tête en signe de refus ...
«
168 • La dissertation de philosophie
La voix de la nature reste toujours et partout la même : la
mort est un grand mal.
Mais cette peur de la mort n'est-elle
pas,
en fait, indépendante du savoir que nous en avons ?
L'animal, qui ne connaît pas la mort, ne possède-t-il pas de
manière innée la crainte de sa destruction
et le souci de sa
conservation?
Si l'animal fuit devant le danger, n'est-ce pas
parce qu'il est pure volonté de vivre? N'en est-il pas de
même
de l'homme? Il semblerait donc que la crainte de la
mort ne soit que le revers de la volonté de vivre dont nous
participons tous.
Or, un tel attachement à la vie ne peut avoir
pris
sa source dans la connaissance et la réflexion.
Bien au
contraire, car aux yeux de ces dernières, la vie ne paraît pas
digne
d'être vécue au point qu'on puisse la préférer au
néant:
« Si l'on frappait aux tombeaux et que l'on demandait
aux morts s'ils voudraient revenir au jour, ils secoue
raient
la tête en signe de refus ...
»
Le puissant attachement à la vie apparaît donc dérisoire
quand on y réfléchit
et ne s'explique que par le fait que tout
notre être est déjà, en lui-même, le vouloir-vivre.
Et ce
dernier est
en soi et dans son principe « privé de connais
sance et aveugle ».
Est-ce vraiment la pensée du néant qui rend la mort si
effrayante?
Si tel est le cas, l'homme devrait se demander
ce qu'il était avant de naître.
Or, ce néant dont chacun de
nous est un
jour sorti ne nous tourmente guère.
Comment
pouvons-nous ne pas être horrifié
par ce néant qui nous
précède, autant que
par celui qui nous attend ? Serait-ce
donc la soif d'existence, enseignée
par la vie, qui justifierait
cet effroi du néant ? Impensable, pour Schopenhauer, car
l'expérience de la vie est celle d'une souffrance sans fond.
»
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