Vitiis nemo sine nascitur
Publié le 03/03/2022
Extrait du document
«
Vuüs nemo sine nascitur
Personne ne naît sans défaut
L·expression est empruntée à un ~sage des Satires d'Horace (1, 3, 68)
et saint Jérôme la citait comme un énoncé gnomique (Ep., 79, 9; 133, 1).
Cette fo11111.1le était déjà ressentie comme proverbiale au Moyen-Age
(et·.
Hildebert de Lavardin, Moralis Philosophia, Pl 171, 1023a ;
Polythecon, 3, 153; Walther 33910; cf.
aussi 15875).
Des sentences
similaires sont utilisées par Sénèque le Rhéteur (Controversiae, 2, 4, 4);
par Pétrone (qui ajoute (75, 1] : Homines sumus non dei> [cf.
n.
1559)) ; dans une scholie à Juvénal
( 14, 15), et enfin dans les Distiques de Caton: cf.
I, 5 Si vitam inspicias
l,ominum, si denique mores, / cum culpanl alios : nemo sine crimine
l-'ivit, - distique que reprendra Thietmar de Mersebourg
(Chronicon,.
PL 139,.
1327a); pour d'autres ~sages médiévaux imitant
notre sentence, cf.
Boas-Botschuyver 38 sq.
: cf.
aussi le Nemo sine crimine vivit du Pseudo-Augustin (Ad fratres in eremo commorantes,
PL 40, 1321 ).
Une fo, 111'1lation complémentaire affi, 111e que chacun de
nous possède des défauts qui lui sont propres : cf.
notamment Properce
(Elégies 2, 22, 17, où la fo111,..ale Unicuique dedit vitium nalura creato,
> servait d'in~
traduction à l'auteur pour avouer qu'il souffrait lui-même d'un vitium,
celui de > les femmes); Térence (Hecyra, 270), tandis
que chez Catulle (22, 20 sq.) notre motif était placé aux côtés d'une autre
image, celle de l'homme qui ne peut s'apercevoir de ses propres défauts
puisque ceux-ci sont enft1111és dans une besace qu'il porte sur ses épaules
(cf.
n.
410) ; Quinti lien ( 11, 3, 121 ) notait que cette sentence justifiait
d'interrompre l'énumération des défauts de l'orateur, et enfin chez
Sénèque, notre thèiï,e prenait un tour plus moral: Hoc scito ...
tantundem
esse vitio"'m quantum hominum, > (De ira, 2, 8, 1).
Pline le Jeune citait un énoncé gnomique
de Thraséa (Ep., 8, 22, 3): Qui vitia odit, homines odit, >; Tacite, plus lapidaire, affi1111ait que tant qu'il y
aurait des hommes il y aurait des défauts (Historiae., 4, 74: Vitia erunt,
donec homines).
On lit auMi un panllèle dans l'Edda (Chanson du Très
Haut, 133), qui rappelait que persoMe n'était assez juste pour ne commetbe quelque péché et que personne n'était si mauvais qu'il ne pouvait
être utile à quelque chose.
Nos traditions proverbiales modernes ont
conservé des fo111t'1les semblables, dont la fortune a été renforcée par
quelques passages des Evangiles (cf.
Que celui qui n'a jamais péché lui
jette la première pi~r,e (Jean, 8., 7], cf.
aussi n.
421 ).
Toutes les langues
européennes possèdent un équivalent de la formule italieMe Nessun
uomo senza d[fetti (Arthaber 390; Otto 1918; Lacerda-Abreu 170 sq.;
Schwamenthal-Straniero 3S56) : panni les variantes., citons en allemand
Es ist lcein Fisch ohne Grdte und lcein Mensch ohne Fehler et en anglais
lifeless, faultless.
Parfois ce concept est exprimé par des images extrêmement vivantes, cf.
en italien Ogni .farina ha la sua crusca et Ogni
Jegno ha il suo tarlo (qui possèdent toutes deux des équivalents en allemand); en français Chacun grain a sa paille (qui existe aussi en anglais)
et Chacun vin a sa lie (qui existe 11.••ssi en allemand).
Nombreuses furent
les reprises de l'expression d'Horace: cf.
L'éloge de la folie d'Erasme
(19): le Speculum imaginum veritatis occultae de Jacob Masen (KOln,
1681, 58): l'Apparatus erodilionis de Michael Pexenfelder (Nümberg
1670, 141 )..
ou, au dix-huitième siècle, Daniel Defoe (à la fin de Dickory
Cronke), Samuel Richardson (cf.
Clarissa, 8, 66) ou Emmanuel Kant
(Critique de la raison pratique, 3, 35)..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Lucrum sine damno alterius fieri non potest
- Nemo liberalis nisi liberatus
- Nullum magnum ingenium sine mixtura dementiae fuit
- Quod natura dat tollere nemo potest
- Nemo non formosus filius matri