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« Tout homme porte sur l'épaule gauche un singe et, sur l'épaule droite, un perroquet. » Jean Cocteau, Thomas l'imposteur. Commentez cette citation.

Publié le 21/09/2009

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singe

Nous ne faisons jamais que mimer ce qui a déjà été fait (mimétisme) et répéter ce qui a déjà été dit (psittacisme).   

   La difficulté d’un tel sujet est bien sûr sa compréhension supposant ici une interprétation afin de lui rendre pleinement son sens et de pouvoir en formuler une problématique, c’est-à-dire une ligne de fond à toute entreprise de réflexion. Le singe et le perroquet qui sont les clés de cette citation sont à prendre de manière symbolique. Le singe représente l’imitation dans le geste, tandis que le perroquet est l’imitation dans la parole. A première vue, il semblerait alors que Cocteau nous dise que chaque homme est un imitateur, un plagiaire, que nous ne faisons que nous construire des images de nous-mêmes. Ce serait donc faire la critique de cette imitation. Mais d’une autre manière, Thomas, dans le sacrifice final qu’il fait met en évidence tout le sérieux de ce jeu qui d’une certaine manière a des versants existentialistes. L’homme dans l’imitation se choisit un modèle, un idéal, une image du soi qu’il entend endosser et incarner. Il est ce paraître. Le jeu est sérieux et semble conditionner nos vies en société.

 

singe

« suppose alors la définition d'un idéal et d'un modèle.

Transition : Ainsi l'imposture peut se comprendre comme le fait d'un plagiat ou d'un pastiche, mais l'essentiel est de voir quecette notion d'imposture repose sur la distinction entre être et paraître.

Bien plus, Thomas n'est en somme commechaque homme qu'un imitateur ou du moins un répétiteur.

II – L'illusion du « ex nihilo » & valeur de l'apprentissage a) Et c'est bien un tel privilège que Panofsky dans L'oeuvre d'art et ses significations tend à déconstruire.

En langage religieux, Dieu est censé avoir créé le monde à partir de rien, ce qu'exprime la formule latine : creatio exnihilo.

Quand nous parlons de création aujourd'hui, ne sommes-nous pas victimes de cette illusion qui fait concevoirnos actions selon le modèle de la création divine ? Pour faire surgir l'univers du néant sans mettre en peine sonimagination, sans modèle ni moule : un tel homme est en vérité divin ; or « divino » fut l'épithète appliquée par sescontemporains à Michel-Ange.

En effet, cette inspiration serait plutôt une coquetterie de l'esprit face au travail, àl'enfantement pénible de la pensée, au brouillon maintes fois recommencés.

Nietzsche parle de « croyance au miracle » poétique qui prend sa place dans le goût de l'homme pour ce qui est parfait et fini.

Ainsi dans Humain, trop Humain : « Tout ce qui est fini, parfait, excite l'étonnement, tout ce qui est en train de se faire est déprécié.

Or personne ne peut voir dans l'œuvre de l'artiste comment elle s'est faite ; c'est son avantage, car partout où l'onpeut assister à sa formation, on est un peu refroidi ».b) Ainsi pour Diderot , le génie n'est pas une personne si extraordinaire que cela comme il le note dans Sur le génie : « Il y a dans les hommes de génie, poètes, philosophes, peintres, orateurs, musiciens, je ne sais quelle qualité d'âme particulière, secrète, indéfinissable, sans laquelle on n'exécute rien de très grand et de beau.

Est-cel'imagination? Non.

J'ai vu de belles et fortes imaginations qui promettaient beaucoup, et qui ne tenaient rien ou peude chose.

Est-ce le jugement? Non.

Rien de plus ordinaire que des hommes d'un grand jugement dont lesproductions sont lâches, molles et froides.

Est-ce l'esprit? Non.

L'esprit dit de jolies choses et n'en fait que depetites.

Est-ce la chaleur, la vivacité, la fougue même? Non.

Les gens chauds se démènent beaucoup pour ne rienfaire qui vaille.

Est-ce la sensibilité? Non.

J'en ai vu dont l'âme s'affectait promptement et profondément, qui nepouvaient entendre un récit élevé sans sortir hors d'eux-mêmes, transportés, enivrés, fous; un trait pathétique,sans verser des larmes, et qui balbutiaient comme des enfants, soit qu'ils parlassent, soit qu'ils écrivissent.

Est-ce legoût? Non.

Le goût efface les défauts plutôt qu'il ne produit les beautés; c'est un don qu'on acquiert plus ou moins,ce n'est pas un ressort de nature ».

Bien plus, le génie lui-même est un homme qui a un perroquet et un singecomme on peut le comprendre dans une remarque de son Salon de 1765 « Je veux qu'un peintre en instruise, en inspire, en échauffe un autre ; et cet emprunt de lumière et d'inspiration n'est point un plagiat » Ainsi un maître neinspire un autre et le féconde.c) De ce point de vue, on peut alors dire que Thomas est un artiste dans la mesure où Aristote définit en effet dans la Poétique l'art comme une imitation.

Imiter est naturel aux hommes comme on peut le voir dès l'enfance.

Ainsi Cocteau est dans le vrai lorsqu'il dit que « Tout homme porte sur son épaule gauche un singe, et, sur l'épaule droit,un perroquet ».

L'imitation permet l'acquisition des premières connaissances et c'est en ce sens qu'elle estcompréhension de l'homme lui-même.

En ce sens, il y a imitation des grandes choses, des choses en mieux(tragédie) en pire (comédie).

Ainsi la vraisemblance est nécessaire.

Sans illusion on produit l'indifférence duspectateur.

Il faut une identification du spectateur avec les héros diététiques : « On s'agite avec celui qui estagité ».

L'illusion est l'attitude du spectateur.

Il doit y avoir reconnaissance de l'objet comme objet déjà perçuantérieurement.

La vraisemblance ou ressemblance est ainsi la condition nécessaire de l'illusion.

Il y a donc uneattitude active du spectateur, qui projette ses sentiments dans l'œuvre d'art.

C'est pourquoi on peut parler decompréhension qui passe donc par la médiation de l'art.

Conclusion : Si pour Cocteau , « Tout homme porte sur son épaule gauche un singe, et, sur l'épaule droit, un perroquet », comme il le dit dans Thomas l'imposteur , le débat véritablement sur le jeu et le rôle social que nous pouvons avoir au sein de notre société.

Si Thomas a joué un rôle, force est de constater qu'il est ce rôle de fils degénéral puisqu'il meurt ainsi.

Dès lors, son personnage construit sur l'imitation fait de lui un autre être, l'effet d'unchoix.

Et d'une certaine manière, on peut voir alors poindre à la fois la critique de l'imitation et du plagiat maiségalement sa défense dans la mise en exergue de sa valeur.

En effet, chaque homme possède son perroquet et sonsinge pour être ce qu'il paraît.

Mais le jeu fonctionne et régit l'ensemble de nos conventions sociales.. »

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