Tout est dit, et l'on vient trop tard, depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent (LA BRUYÈRE)

« à son temps.

Car si l'âme humaine reste identique, si les passions et les sentiments sont semblables, les costumeF, les.

modes, les habitudes changent.

Enfin il se montrera, et eela est toujours possible, original dans la forme.

Il.

Cette idée est d'ailleurs discutable.

1.

Le xvm• siècle mettra en lumière l'idée de progrès, en so plaçant surtout au point de vue scientifique.

Nous ne nous représentons pas le monde comme les anciens.

Et cela n'est pas sans amener de notables changements non seulement dan~ nos idées, mais même dans nos sentiments.

Pour ce qui con­ cerne les mœurs, s'il n'y a pas eu progrès, il y a eu, au moins, évolution.

Si on compare l'humanité à un seul homme, comme l'ont fait Pascal et Fontenelle, et si les anciens constituent la jeunesse du monde, ce ne sont pas seulement nos connaissances qui se sont accrues, c'est notre esprit, notre imagination, notre cœur qui se sont transformés, comme dans un individu qui passe de la jeunesse à l'âge mùr.

2.

Des transformations plus importantes encore avaient été apportées par le Christianisme, qui a vraiment renouvelé l'âme humaine : sentiments, aspirations, vertus, vices : charité, humilité, désir de l'infini, hypocrisie...

(cf.

Mme de Staël et Chateaubriand)....

Polyeucte, TartuUe, Andromaque et Iphigénie de Racine.

1\Iême ceux qui rejettent Je christia· nisme ont subi son empreinte ....

(Michelet, Renan, Baudelaire.) 3.

Enfin le XIX 0 siècle nous a fait conna!tre des civilisations et des religions différentes.

On a essayé de pénétrer dans la psychologie des primitifs, des Chinois, des Musulmans, des Hindous, etc.

Nos horizons se sont élargis, la connaissance du cœur humain en a profité ...

et la littérature aussi.

(Leconte de Lisle, Loti, etc.) Sans doute les ressorts de l'âme humaine sont partout essen­ tiellement les mêmes, comme partout Je corps humain est constitué des mêmes membres et organes semblablement.

dis· posés.

L'idée sur laquelle est fondé l'humanisme n'est pas une chimère.

• Il y a dans l'homme, comme dit Chateaubriand, deUJc; hommes : l'homme de son siècle, l'homme de tous les siècles.

• Mais on aurait tort de croire que les différences eotre races, époques et civilisations, sont ~uperficiclles.

L'âme. »