« Tout ce que je vois jette les semences d’une révolution qui arrivera immanquablement, et dont je n’aurai pas le plaisir d’être le témoin.... La lumière s’est tellement répandue de proche en proche, qu’on éclatera, à la première occasion; et alors ce sera un beau tapage. Les jeunes gens sont bien heureux; ils verront de belles choses. » (Voltaire à Chauvelin, 2 avril 1764.)
Publié le 06/02/2016
Extrait du document
Nous approchons de l'état de crise et du siècle des révolutions, disait Rousseau dans l'Emile. Souhaitait-il ce bouleversement auquel plus que tout autre il a contribué? Cet ancêtre- de Robespierre et même des communistes est si sage, quand il traite des questions de politique pratique (Considérations sur le gouvernement de Pologne) qu’on peut se poser la question. En tout cas, Voltaire l’appelait de tous ses vœux, sans se rendre compte, sans doute, que cette révolution détruirait bien des choses auxquelles il tenait beaucoup et en laisserait debout bien d’autres qu’il eût voulu détruire. C’est déjà comme un cri de triomphe qu’il pousse dans la Lettre à Chauvelin.
«
VOLvAIRa
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plus de la religion, de la tradition et de la monarchie, enfis
une opinion publique prenant (le jour en jour davantage con-
science d'elle-même et de sa force.
Il se rendait compte de
l'efficacité de son action, qui allait devenir encore plus grande
de Ferney (où il était depuis 1759), combinée à celle des ency-
clopédistes.
2.
Il n'était pas nécessaire d'être prophète pour prévoir
que ce divorce entre les institutions et les moeurs finirait par pro-
duire
un beau tapage
si le gouvernement ne faisait pas les
réformes nécessaires.
Voltaire saluera l'avènement de Turgot
avec enthousiasme....
3.
Les belles choses qu'il annonçait, c'est une législation
plus humaine (abolition de la torture, impôts plus équitable-
ment répartis, droit de défense assuré aux accusés, la
liberté de conscience, d'écrire, individuelle, etc.).
C'était aussi
le triomphe de la raison sur le fanatisme, comme il disait, et
la tolérance.
Je ne mangerai pas des fruits de l'arbre de la tolé-
rance que j'ai planté,
écrivait-il en 1769.
Je suis trop cieux, je
n'ai plus de dents.
Mais
cous en
mangerez un jour, soyez en sûr.
II.
Ce que les jeunes gens ont pu voir.
L'ivresse des premiers jours de la Révolution.., les volontaires
de Valmy...
la chute de la royauté et les jours sombres de 93...
la guerre à l'Europe, le Consulat et l'Empire....
Tout cela n'eût
pas été du goût de Voltaire, qui aurait difficilement sauvé sa
tête en 93.
Il se serait fait volontiers le chantre et le flatteur
de Napoléon, mais celui-ci eût été pour lui un maître plus
exigeant que Louis XV....
En tout cas, de ces bouleversements devait sortir un
monde nouveau plus conforme en somme aux idées de Vol-
taire que l'ancienne société', bien qu'on dût moins y connaître
« la douceur de vivre.
»
Et les jeunes gens de 17 64, s'ils devaient
vivie bien des heures sombres et douloureuses, devaient voir
aussi de belles choses.
1.
Voir dans le
Voltaire
de Lanson (Les grands écrivains français,
hachette) les idées de Voltaire en matière de législation civile et
criminelle
(p.
180-191)..
»
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