Spes ultima dea
Publié le 07/02/2022
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Spes ultima dea
L'espérance est la dernière des déesses
Cet adage célèbre en latin tardif reprend une légende déjà présente dans
les Travaux et les jours d'Hésiode (vv.
96 sq.), selon laquelle Pandore
en débouchant par curiosité une outre que Zeus lui avait confiée, aurait
ainsi gaspillé tous les bienfaits et déversé sur les hommes tous les
maux : seule l'espérance serait restée dans l'outre (dans la version
d'Esope [ 132 Hausrath], il ne s'agissait pas de Pandore mais d'un
homme sur lequel l'auteur ne donnait aucun détail).
Dans le recueil des
Poèmes élégiaques attribués à Théognis (v.
1135) figure l'énoncé gnomique: 'EÀTTLS- Èv àv8pw1TOLOL µov11 9EÔ~ ia8À~ fVEOTLV, (( l'espé..
rance est la seule bonne déesse qui réside pa1111i les hommes >>, et
Euripide fait lui aussi de l'espérance une déesse (Iphigénie en Au/ide,
392).
Chez les auteurs latins, citons Tibulle (2, 6, 19 sq.
), qui fait de
l'espérance et de l'espoir en un avenir meilleur les seuls atouts pennettant à l'homme d'avancer dans l'existence; un passage du Panégyrique
de Théodose de Pacatus (38, 1) et surtout un passage des Epistulae ex
Ponto d'Ovide (1, 6, 27 sq.), qui reprend le mythe dtHésiode en des
te1111~s qui ont certainement contribué à la fortune de cet adage: Haec
dea, cum fugerent sceleratas numina te"as, I in dis invisa so/a remansit humo, >.
Des expressions semblables sont également nombreuses dans la littérature chrétienne, mais spes désigne l'une des vertus théologales
(cf.
saint Ambroise, Expositio Psalmi JJ8, 15, 27 ; Sulpice Sévère,
Ep., 2, 18 ; Thomas de Chobham, Summa de conmendatione et extirpatione virtutum, 4).
On retrouve une citation de ce passage dtOvide chez
Leon Battista Alberti (lntercenales.
Naufragus, 10- 75) et le même
motif revient dans l'œuvre de Léonard de Vinci (Scritti scelti,
éd.
A.
M.
Brizio, Turin, 19662, 129 : // voto nasce quando la speranza
more), chez Métastase (Didon abandonnée, 2, 2) et dans le célèbre
Anche la Speme.
I ultimo Dea.
fugge i sepolcri de Foscolo (les tombeaux, 16 sq.).
Signalons aussi l'étrange et subtile variante de Tomasi
di Lampedusa dans le Guépard (chap.
2: Le bain du prince de Saline)
et la variante parodique qui donna son nom à un film sur les marchands
d'a1111es d'A.
Sordi en 1974 (Finché c'è guerra c 'è speranza).
Les
variantes sont également nombreuses dans nos langues européennes ;
cf.
en italien, la speranza è / 'u/tima a morire et La speranza è il pane
dei miserabili, cette dernière f01111ule ayant des équivalents dans toutes
les langues (cf.
Arthaber 1306) et dans plusieurs dialectes italiens
(cf.
Schwamenthal-Straniero 5369); des expressions similaires sont
présentes chez différents auteurs, de Dante (Enfer, 8,106 sq.) à
Métastase (Zénobie, 2, 1 : Non so se la speranza I va con / 'inganno
unita: / so che manlien invita I qualche infe/ice a/men), mais aussi de
Shakespeare (Mesure pour mesure.
3.
1) à Friedrich von Logau
(Sii1ngedichte.
Die Ho_ffnung : 1st ein Bettler mancher gleich, /
oennoch macht ihn Hoffnung reich), jusqu'à Tommaseo (Mémoires, 4,
272 Puppo [poésie sur l' Annonciation] : Spunta il fior della speranza /
dalla spina del do/ore); sur la tradition parallèle selon laquelle >, cf.
n.
1224.
La fo1111ule Spes
u/tima dea est encore vivante sur le plan populaire et elle servit notamment de titre à un roman d'Olindo Guerrini, à une pièce musicale composée par Francesco Paolo Tosti et à un polar historique de Danila
Comastri Montanari qui se déroule dans la Rome antique..
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