Ruit hora Le temps s'échappe
Publié le 04/05/2022
Extrait du document
«
Ruuhora
Le temps s'échappe
Cette expression, semble-t-il, n'a pas une origine classique, même si
l'usage du terme hora en tant que synecdote est déjà attesté chez
Virgile (Géorgiques, 1,426) et chez Horace (Ep..
1, 11, 22; Carm..
2,
16, 31 , et Thil 6, 2964) - on pourrait également citer Perse (5, 153 :
fugit hora) ou Ovide (Amores, 1, 11, 15 : Dum loquor horafugit, « Et
l'heure s'échappe pendant que je parle»).
Walther répertoriant parmi
les sentences médiévales l'expression Hora roit (11129a).
Notre formule a le même sens que Tempus fugit (n.
1586) et elle fait donc allusion à la fuite rapide du temps, nous conduisant inexorablement à la
mort.
Elle dut cenainement sa célébrité au fait qu'elle servit de devise
au grand juriste et théologien hollandais Hugo Grotius ( 1583-1645),
mais on la trouve aussi fréquemment inscrite sur les horloges (surtout
à l'époque baroque) et les cadrans solaires.
L'expression fut ensuite
reprise par Giosuè Carducci qui en fit le titre de l'une de ses Odes barbares (28), même si la formule y prend une connotation plus laïque,
voisine de l'injonction Carpe diem (cf.
n.
1637); les derniers vers de
cette ode sont restés emblématiques (29-32: E precipita / 'ora.
0 bocca
rosea.
/ schiuditi.
o ftor de l'anima.
I o fior del desiderio.
apri i tuoi
calici : / o care braccia, apritevi, « L'heure s'échappe.
0 bouche rose,
ouvre-toi, ô fleur de l'âme, ô fleur du désir, ouvre tes calices : ô bras
aimés, ouvrez-vous>>).
Citons encore quelques parallèles dans nos traditions proverbiales européennes : en italien le ore non sono legate ai
bastoni ; en dialecte vénétien le ore no g 'ha comare (c'est-à-dire : les
heures ne s'arrêtent jamais).
Pour d' autres parallèles proverbiaux,
cf.
Mota 217..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La vérité échappe-t-elle au temps ?
- Se peut-il qu'un homme échappe a son temps ?
- Dans La Métamorphose des dieux (1957), André Malraux écrit : « L'oeuvre surgit dans son temps et de sort temps, mais elle devient oeuvre d'art par ce qui lui (1) échappe. » Vous expliquerez et, au besoin, discuterez cette affirma¬tion en appuyant votre raisonnement sur des exemples pré¬cis tirés de la littérature et éventuellement d'autres formes d'art.
- Le beau échappe-t-il au temps ?
- «Aimez ce que jamais on ne verra deux fois», tel est le conseil que donne Vigny au vers 308 de La Maison du Berger. En face de la morale et de l'art classiques qui privilégient l'éternel par rapport à l'éphémère, l'universel par rapport au singulier, ne vous semble-t-il pas que Vigny définit ainsi une attitude - éthique et esthétique - nouvelle qui, annoncée par Montaigne et la littérature baroque, s'est surtout développée dans la littérature moderne, à partir du romantisme ? Pour répo