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Rousseau : « On ne peut être heureux sur la terre qu’à proportion qu’on s’éloigne des choses et qu’on se rapproche de soi. »

Publié le 21/09/2018

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de moi pour le reste de ce jour ». Mais le plus souvent Rousseau donne à sa liberté un contenu plus tangible. Il cherche à jouir de son être, en exerçant selon leur pente naturelle toutes ses facultés, en laissant libre cours à ses goûts : la promenade, la botanique, mille formes de rêverie. « Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi... » Cette intensité d’existence, qu’il connut jadis dans ses voyages, reste pour lui l’essence du bonheur. Et sur ce point il n’a guère de précurseur dans l’Antiquité, moins encore dans le christianisme : ce bonheur « égotiste », il n’y avait sans doute que Montaigne qui eût osé le donner en exemple, dans ses Essais des Trois Commerces, de ménager sa Volonté et de l'Expérience.

 

Rousseau va plus loin : non seulement par son isolement farouche, mais surtout par l’extrême dénuement intérieur auquel il aboutit. Déjà il notait dans les Confessions que son bonheur aux Charmettes « n’était dans aucune chose assignable » et n’avait « d’autre objet que ce sentiment même ». Dans les Rêveries il approfondit ce paradoxe à partir d’une autre expérience : celle des longues heures inactives passées au bord de l’eau à l’île Saint-Pierre ; et il propose comme bonheur suprême un « état simple et permanent », où le « sentiment de l'existence » est «dépouillé de toute autre affection», où l’on ne jouit «de rien d’extérieur à soi, de rien sinon de soi-même et de sa propre existence ».

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« vie tout luxe superflu : « plus d'épée, plus de montre, plus de bas blancs, de dorure, de coiff ure ».

On song e aux épicur iens antiques, qui cher chaient le plaisir dans la frugalité ; aux stoïciens, à ces ascètes chrétiens, pour qui le détachement à l'égard des choses du monde est la condition nécessaire, sinon suffisante, de la paix intérieure.

Le « généreux » de Descartes, lui aussi , connaît la joie parce qu'il dénie toute impor tance à ce qui ne to uche pas sa responsabilité morale.

C'est dans cette tradition qu'il faut compr endre le mot «choses » : «Je qu ittai le mond e et ses pompes », écrit Rousseau dans sa Ille Promenade ; et il précise : « choses extéri eures », « fortun e » « honneurs », « parures », « pla ces ».

Mais s'éloig ner des choses, ce n'est pas aller d'un point à un au tre, c'est se modifi er soi-m ême.

Car les raci nes de nos attache ments sont en nous : l'a varice, la la curiosité, et sur tout cet auxiliai re secret des sociales, l'amour ­ propre.

C'est sur ce point que eut le plus à lut ter.

Au lendemain du Devi n de village il pouvait devenir l'id ole des salons et de la cour : les Confessions racontent par quel sursaut il trancha ce lien de la. »

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