« Rompre l'os et sucer la substantifique moelle. » Rabelais, Gargantua. Commentez cette citation.
Publié le 07/07/2009
Extrait du document
Il faut prendre la peine d'aller au fond des choses pour en apprécier la saveur et se nourrir de leur quintessence.
«
Tiers Livre, Panurge, ce demi -fou, finit par consulter le fou Triboulet.
L'œuvre abonde en
dialogues de fous, en divagations cousues de syllogismes absurdes.
Érasme n'avait -il pas écrit
un Éloge de la folie, éloge ironique, où se manifestait le pouvoir universel de la folie, mais
non sans ambiguïté ? Il se peut en effet qu'une certaine folie soit supérieure à la prétendue
sagesse.
Qui sait si le fou Panurge n'a pas des intuitions subites qui échappent totalement au
sage et pédant Pantagruel ? Rabelais se garde de rép ondre, mais des travaux récents ont
comparé cet ultime recours à la folie dans le Tiers Livre avec la folie supérieure reconnue par
la pensée chrétienne, de saint Paul à Érasme.
Le lecteur est contraint de s'interroger.
Si le savoir théorique est inc ertain, peut-on au moins construire une cité où il ferait bon
vivre ? Ce serait une autre façon, pragmatique, de donner un sens à l'existence.
À première
vue, le scepticisme de Rabelais ne semble pas s'exercer dans ce domaine plus concret.
L'auteur du Garg antua se satisfait comme Érasme du régime monarchique et se prend aussi à
rêver d'une monarchie idéale, qu'il définit conformément à un traité érasmien, l'Institution du
prince chrétien (1516).
Le bon prince est guidé par une charité qui dicte même la conduite du
roi Gargantua en temps de guerre.
Le souverain se résout tout au plus à se défendre et
s'impose quelques règles.
Rabelais évoque donc une monarchie tempérée par l'Évangile,
l'esprit de conquête apparaissant alors comme une survivance païenne.
L'hum anisme rompt
avec la tradition chevaleresque, où la prouesse est un but en soi.
Paradoxalement, cette
histoire de géants marque la fin des surhommes.
Dans la même perspective, le premier
chapitre du Tiers Livre évoquera une forme de colonisation paisible, bien différente des excès
commis au Nouveau Monde.
Les recherches des historiens ont permis de comparer ce
programme avec l'œuvre accomplie par un des protecteurs de Rabelais, Guillaume du Bellay,
gouverneur du Piémont..
»
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