Que pensez vous de la citation: ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons!" Soulignez l'idée maî"
Publié le 28/08/2005
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Aristote lui-même s'étonne que « des esclaves ont des corps d'hommes libres, et des hommes libres des âmes d'esclaves « (Politiques, I, 5, 1254-b) sans en tirer les conséquences. - D'autre part, elles se focalisent sur un seul facteur comme si ce dernier constituait toute la réalité d'un individu, et omettent peut-être par ce biais les facteurs les plus probants. Le fait par exemple, qu'on puisse trouver une corrélation statistique entre la forte criminalité chez les hommes noirs aux Etats-Unis et la couleur de leur peau ne permet pas d'en inférer qu'un afro-américain est plus enclin au crime qu'un individu à la peau blanche. Cela consisterait à omettre les facteurs sociologiques, historiques, politiques et économiques. - L'erreur consiste à prendre un état de fait culturel pour une réalité naturelle. Partant du constat que quelque chose est tel qu'il est, on en conclut qu'il est naturel qu'il en soit ainsi. Ce procédé a été accusé de sophisme par Hume qui, dans le Traité de la nature humaine, tome 2, explique qu'il est rationnellement incorrect de passer de propositions qui portent sur ce qui est à des propositions qui portent sur ce qui doit être. Ainsi, on n'a pas le droit de décréter que, quelque chose se présentant d'une certaine façon, cette chose devrait toujours se présenter ainsi. - Kant rapporte les conséquences de tels sophismes dans son article intitulé Qu'est-ce que les Lumières ? Le sophisme consiste alors à considérer qu'il y a des êtres humains qui sont incapables de se servir de leur entendement, alors qu'en réalité, c'est parce qu'ils sont maintenus dans un certain état qu'ils en sont rendus incapables.
Analyse du sujet :
- On remarquera tout d'abord que la citation est de Victor Hugo, qui est un héritier de la philosophie des lumières.
- On appelle philosophie des lumières un mouvement philosophique né au XVIIIè siècle et qui préconisait la foi dans la raison.
- La raison serait ainsi le moyen par lequel l'être humain pourrait se détacher des passions.
- Ce sont les passions qui sont censées nous conduire au crime, car elles empêchent l'homme de se moraliser et d'accéder à un « intérêt bien compris «.
- L'école est alors à entendre dans le sens du lieu où l'éducation de la raison est rendue possible.
- De la sorte, plus il y aurait de gens qui seraient éduquée à l'école, moins il y aurait de personnes susceptibles de commettre un crime, et donc de finir en prison.
- Cela sous-entend que la raison n'est pas répartie entre les hommes de manière immuable à la naissance, mais qu'elle est susceptible de progrès chez tous les êtres humains.
Problématisation :
La citation proposée est de Victor Hugo. Digne héritier des Lumières, celui-ci considère que les lumières de la raison doivent se répandre sur le monde pour éclairer l'homme et le sortir des passions tristes. Cette pensée noble doit cependant être elle-même mise en lumière, car il n'est pas évident que le savoir pousse à la moralité, comme il n'est pas sûr que tout un chacun soit capable de comprendre les bénéfices de l'enseignement scolaire. Jusqu'à quel point l'école peut-elle mettre à mal la violence qui semble si naturelle à l'homme ?
«
même ».
Il ajoute à cela que « la nature veut marquer dans les corps la différence entre hommes libres etesclaves : ceux des seconds sont robustes, aptes aux travaux indispensables, ceux des premiers sont droits etinaptes à de telles besognes, mais adaptés à la vie politique (...).
Que donc par nature les uns soient libres etles autres esclaves, c'est manifeste, et pour ceux-ci la condition d'esclave est avantageuse et juste.
» (citationstirées des Politiques , I, 5, 1254-b) - Dans cette perspective, c'est avant tout la nature de l'individu qui détermine sa capacité à être vertueux.L'éducation est donc un facteur secondaire pour ce qui concerne l'humanité prise dans son entier, elle neconcerne d'après Aristote que les « hommes libres ». - Cette théorie est intéressante car elle est à la base de tout un courant naturaliste ayant fait florès depuisAristote.
On le retrouvera notamment à la fin du XVIIIè siècle sous l'apparence de la phrénologie :pseudoscience qui croyait pouvoir déceler le caractère et les capacités intellectuelles d'un individu en fonctionde la forme de son crâne.
Elle a fait aussi son apparition à l'époque de Victor Hugo dans les théories racialesqui considéraient que l'homme noir était inférieur à l'homme blanc.
Enfin, on la retrouve encore aujourd'hui àtravers la génétique ou les neurosciences. - Qui s'inscrit dans ce courant ne pourra certainement pas soutenir qu'ouvrir une école, c'est fermer une prison.En effet, le rôle de l'opération culturelle est alors relégué à l'arrière-plan et c'est l'immuable nature qui présidedans l'orientation du caractère des individus.
Aussi, dans le cas où l'on considérerait un individu comme étantun « criminel par nature » (de la même manière qu'Aristote considérait qu'il y avait des esclaves par nature),on ne peut le faire changer, et il ne sert à rien de l'éduquer, la société ne pouvant plus que l'enfermer pour seprotéger de lui. Un nécessaire accroissement des Lumières. 3. - Rationnellement, ces théories postulant un innéisme du caractère humain posent problèmes car elles partentde cas particuliers et en tirent des conclusions à portée générale, considérant les cas allant à leur encontrecomme de vulgaires accidents.
Aristote lui-même s'étonne que « des esclaves ont des corps d'hommes libres,et des hommes libres des âmes d'esclaves » ( Politiques, I, 5, 1254-b) sans en tirer les conséquences. - D'autre part, elles se focalisent sur un seul facteur comme si ce dernier constituait toute la réalité d'un individu,et omettent peut-être par ce biais les facteurs les plus probants.
Le fait par exemple, qu'on puisse trouver unecorrélation statistique entre la forte criminalité chez les hommes noirs aux Etats-Unis et la couleur de leur peaune permet pas d'en inférer qu'un afro-américain est plus enclin au crime qu'un individu à la peau blanche.
Celaconsisterait à omettre les facteurs sociologiques, historiques, politiques et économiques. - L'erreur consiste à prendre un état de fait culturel pour une réalité naturelle.
Partant du constat que quelquechose est tel qu'il est, on en conclut qu'il est naturel qu'il en soit ainsi.
Ce procédé a été accusé de sophismepar Hume qui, dans le Traité de la nature humaine , tome 2, explique qu'il est rationnellement incorrect de passer de propositions qui portent sur ce qui est à des propositions qui portent sur ce qui doit être.
Ainsi, onn'a pas le droit de décréter que, quelque chose se présentant d'une certaine façon, cette chose devraittoujours se présenter ainsi. - Kant rapporte les conséquences de tels sophismes dans son article intitulé Qu'est-ce que les Lumières ? Le sophisme consiste alors à considérer qu'il y a des êtres humains qui sont incapables de se servir de leurentendement, alors qu'en réalité, c'est parce qu'ils sont maintenus dans un certain état qu'ils en sont rendusincapables.
Cet état est le fait de « tuteurs qui très aimablement ont pris sur eux d'exercer une haute directionsur l'humanité.
Après avoir rendu bien sot leur bétail et avoir soigneusement pris garde que ces paisiblescréatures n'aient pas la permission d'oser faire le moindre pas hors du parc où ils les ont enfermés, ils leurmontrent les dangers qui les menacent, si elles essayent de s'aventurer seules au dehors », affirme Kant dansQu'est-ce que les Lumières ? - Aussi peut-on pousser l'analogie et considérer que l'hypothèse du « criminel par nature » est une constructionsophistique.
Un criminel n'étant jamais criminel que parce qu'on ne lui a pas donné les moyens d'être autre.Sans doute, dans certaines conditions, est-il déterminé à le devenir, mais il n'est pas impossible qu'une autredirection soit prise dans d'autres conditions.
Il n'est donc peut-être pas si innocent, celui qui affirme que : « -La force est tout ; la guerre est sainte ; l'échafaud / Est bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut / Bâtir plusde prisons et bâtir moins d'écoles ; » comme on peut le lire dans le sonnet « Jolies femmes » de Victor Hugo,où il met ces paroles dans la bouche de celles-ci.
En réalité, il est fort probable que « les hommes se mettentd'eux-mêmes en peine peu à peu de sortir de la grossièreté, si seulement on ne s'évertue pas à les ymaintenir » comme Kant l'écrit dans Qu'est-ce que les Lumières ? - On peut donc espérer que plus les lumières de la raison porteront, moins les hommes seront prompts au.
»
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