Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! Attribué à Robespierre
Publié le 22/02/2012
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Robespierre déclare ensuite qu'avec tous ceux qui souhaitent respecter la Constitution, il ne veut sacrifier auxColonies et à leurs représentants : « ni la nation, ni les Colonies, ni l'humanité entière.
» Et il demande que leshommes libres de couleur puissent jouir des droits des citoyens actifs.Le même épisode est rapporté un peu différemment par le Journal des Etats Généraux ou Journal Logographique(Tome XXX, p.
483) :«M.
ROBESPIERRE.
J'ai une explication de deux mots sur l'amendement : messieurs le plus grand intérêt dans cettediscussion est de rendre un décret qui n'attaque pas d'une manière trop révoltante et les principes et l'honneur del'assemblée.Dès le moment où dans un de vos décrets vous aurez prononcé le mot esclave, vous aurez prononcé votre propredéshonneur et le renversement de votre constitution (oui; oui; applaudissements, murmures).
Je me plains, au nomde l'assemblée elle-même, de ce que, non content d'obtenir d'elle ce que l'on désire, on veut la forcer à l'accorderd'une manière déshonorante pour elle, et qui démente tous ses principes.[...]C'est un grand intérêt que la conservation de vos colonies; mais cet intérêt même est relatif à votre constitution;et l'intérêt suprême de la nation et des colonies elles-mêmes, est que vous conserviez votre liberté, et que vous nerenversiez pas, de vos propres mains, les bases de cette liberté.
Eh ! périssent vos colonies, si vous les conservez àce prix (murmures; oui, oui, applaudi).
Oui, s'il fallait, ou perdre vos colonies, ou perdre votre bonheur, votre gloire,votre liberté, je répéterais : périssent vos colonies.
(Applaudi).»Nos textes sont tirés de Œuvres de Robespierre (tome VII) publiées avec un riche appareil critique par les Puf en1952.
Une note de cette édition à laquelle nous renvoyons fait bien le point sur la question :«D'après E.
Hamel (I, 439, note 1), la fameuse phrase : "Périssent les colonies plutôt qu'un principe!" n'est donc pasde Robespierre comme on l'a parfois avancé par erreur.
C'est à tort également qu'on l'attribue à Barrère; elle est deDuport qui dit en propres termes : "Il vaut mieux sacrifier les colonies qu'un principe." Après cette évocation dupoint de vue de Hamel, la note continue: En vérité, Duport n'est pas intervenu au cours de cette séance, c'estDupont de Nemours qui avait proféré ces paroles (Moniteur, VIII, p.
391).
ainsi que le remarque C.
Desmoulins(Révolutions de France et de Brabant, t.
VI, n° 77, pp.
565 et 572) : "Dupont-de-Nemours.
— Et moi je dis que vousne perdrez pas les Colonies, mais dussiez-vous les perdre, périssent les Colonies, s'il faut leur sacrifier les principes.L'ami Dupont qui parle comme Robespierre!"Mais il ne nie pas que Robespierre aurait fort bien pu les prononcer.
Non seulement on les lui attribua, mais on lesdénatura pour le calomnier et Brissot s'éleva contre les agissements des journaux royalistes (Patriote français, n°64.4, p.
637): "Nous devons observer ici qu'il y a une mauvaise foi insigne à répéter éternellement cette phrase'Périssent les colonies'.
M.
Robespierre, qui l'a prononcée, disait : 'Périssent les colonies, plutôt que le principe denotre constitution soit renversé'.
Certes, on ne doit pas syncoper sa proposition."»• A la veille de la Révolution, les possessions coloniales de la France étaient relativement modestes en comparaisonde ce qu'elles deviendront au XIXe siècle.
Celles de l'Inde et du Canada ayant été perdues, elles se limitaient àquelques territoires en Amérique ou en Afrique et à cinq comptoirs en Inde.
L'ensemble est cependant loin d'êtrenégligeable, notamment sur le plan économique.
La relative prospérité de la France avant 1789 repose en effet pourune large part sur le commerce colonial et spécialement sur ce que l'on nomme pudiquement le commercetriangulaire, c'est-à-dire tout bonnement la traite des Noirs.Les bouleversements politiques dont la métropole était le lieu ne pouvaient qu'affecter la situation aux colonies.
Quelserait le statut de celles-ci ? Et dans quelle mesure les décisions prises à Paris s'appliqueraient-elles sur cesterritoires?L'enjeu, on l'a souligné, était important et de véritables groupes de pression se mirent en place pour tenter de faireprévaloir leurs vues.
Les colons fondèrent le club Massiac qui militait pour le maintien de l'esclavage et la défensedes intérêts des riches propriétaires de plantations de Saint-Domingue.
En face d'eux s'était constituée, le 19 février1788, la Société des Amis des Noirs autour de la personnalité de Brissot.
Son objectif avoué était l'abolitionimmédiate de l'esclavage.
L'abbé Grégoire, qui adhéra à cette société en 1789, en devint l'un des animateurs lesplus fervents.Au terme du débat de mai 1791, la Constituante, sans même que le problème soit véritablement posé, et en dépitdes forces favorables aux Noirs, maintient donc l'esclavage.Il fallut attendre le 16 pluviôse an II (4 février 1794) pour que la Convention abolisse l'esclavage.
Pour une tropcourte durée.
En effet, par la loi du 20 floréal an X (10 mai 1802), Bonaparte le rétablissait.Les esclaves, cependant, n'attendirent pas toujours de Paris leur émancipation.
Certains décidèrent de lareconquérir les armes à la main.
Ainsi, à Saint-Domingue (dont la partie francophone s'appelle aujourd'hui Haïti),Toussaint-Louverture résiste aux importantes forces envoyées par Bonaparte.
Sa capture par traîtrise, en 1802,n'empêchera pas l'accession à l'indépendance d'Haïti en 1804.L'esclavage ne sera aboli légalement par la France que le 27 avril 1848.
A cette date, Victor Schœlcher (1804-1893) signe le décret qui abolit définitivement l'esclavage.
Il était alors sous-secrétaire d'Etat aux Colonies et cedécret constituait le couronnement de sa longue lutte en faveur de l'émancipation des Noirs.Dans Les Animaux dénaturés (1952), Vercors compare l'humanité à une sorte de club fermé qui n'ouvre ses portesqu'avec réticence, et progressivement.
Les prolongements de 1789 et ce qui se passe encore aujourd'hui en Afriquedu Sud montrent combien cette image traduit avec exactitude la réalité..
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