On ne peut pas mûrir pour la liberté si l’on n’a pas été préalablement mis en liberté Kant
Publié le 14/09/2015
Extrait du document
«Les premiers essais (de la liberté) seront sans doute grossiers et liés d’ordinaire à une condition plus pénible et plus dangereuse que lorsqu’on se trouvait encore sous les ordres mais confié aux soins d’autrui. »
«Un public ne peut accéder que lentement aux Lumières. Une révolution entraînera peut-être le rejet du despotisme personnel et de l’oppression cupide et autoritaire, mais jamais une vraie réforme de la manière de penser; bien au contraire, de nouveaux préjugés tiendront en lisière, aussi bien que les anciens, la grande masse irréfléchie. »
«Les Lumières se définissent comme la sortie de l’homme hors de l’état de minorité, où il se maintient par sa propre faute. La minorité est l’incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d’un manque d’entendement, mais d’un manque de résolution et de courage pour s’en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise des Lumières. »
«
Liberté 1 165
ment le moment de l'émancipation des peuples et des
individus.
En effet,
il poursuit:
«Mais suivant une telle hypothèse la liberté ne surgira
jamais.
Car on ne peut pas mûrir pour la liberté si l'on
n'a pas été préalablement mis en liberté (on doit être
libre
pour se servir utilement de ses forces dans la
liberté).»
Les idées exposées ici sont extrêmement proches de
celles développées par Kant dans des textes antérieurs
comme
Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée? (1786)
et surtout
Qu'est-ce que les Lumières? (1784).
Répon
dant dans
le Berlinische Monatsschrift à une question
posée par le pasteur Zôllner, Kant avait tracé un bref
tableau d'une humanité confinée dans la servitude et
la
minorité par la mauvaise foi de tuteurs décrivant la
liberté comme le plus dangereux des états et ceci afin,
bien entendu, d'asseoir leur propre pouvoir:
«Que la plupart des hommes (et parmi eux le sexe
faible tout entier) finissent
par considérer le pas qui
conduit à la majorité, et qui est en soi pénible, égale
ment comme très dangereux, c'est ce
à quoi ne man
quent pas de s'employer ces tuteurs qui,
par bonté, ont
assumé la tâche de veiller
sur eux.
Après avoir rendu
tout
d'abord stupide leur bétail domestique, et soigneu
sement pris garde que ces paisibles créatures ne puis
sent oser faire
le moindre pas hors du parc où ils les ont
enfermées, ils leur montrent ensuite le danger
qu'il y
aurait à essayer de marcher tout seul.
Or le danger
n'est sans doute pas si
grand que cela, étant donné que
quelques chutes finiraient bien
par leur apprendre à
marcher; mais l'exemple
d'un tel accident rend malgré
tout timide et fait généralement reculer devant toute
autre tentative.
»
Kant définit donc les Lumières comme le mouvement
d'émancipation par lequel les individus aliénés retrou
vent en eux l'usage propre de leur raison
et donc leur
liberté:.
»
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