On doit se consoler de n'avoir pas les grands talents comme on se console de n'avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l'un et de l'autre par le coeur. (VAUVENARGUES)

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MONTESQUIEU 139 III.

On peut être au-dessus de l'un et de l'autre par le cœur.

Avant Rousseau, mais sans tomber dans la sentimentalité qui sera de mode à la fin du siècle, Vauvenargues se fait l'apo­ logiste du cœur qu'il oppose souvent à la raison.

L'esprit est l'œil de l'âme, non sa force.

Sa force est dans le cœur, c'est·à·dire dans les passions ...

On ne fait pas beaucoup de grandes choses par conseil ...

La magnanimité ne doit pas compte à la prudenc~ de ses motifs ...

Le bon instinct n'a pas besoin de la raison, mais il la donne ...

Les grandes pensées ~iennent du cœur ...

, etc.

On voit ce qu'il entend par ' cœur • : ce qu'il y a en nous de spontané, nos sentiments, nos passions ...

ce qui fait, en un mot, notre personnalité intime et notre valeur morale.

C'est de lui que viennent nos vertus et nos vices, lui qui engendre le cou­ rage, la générosité, la grandeur d'âme.

On dit : un homme de cœur.

La pensée de Vauvenargues se comprend donc d'elle-même.

On peut être par ses qualités morales au-dessus de ses talents comme au-dessus de sa condition.

Et c'est par là, surtout, que nous mériterons notre propre estime et celle des autres.. »