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On a dit fort bien que, si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés Montesquieu

Publié le 14/09/2015

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dieu

« Cependant si les bœufs et les chevaux et les lions Avaient aussi des mains, et si avec ces mains Us savaient dessiner, et savaient modeler Les œuvres qu’avec art les hommes seuls façonnent,

 

Les chevaux forgeraient des dieux chevalins,

 

Et les bœufs donneraient aux dieux forme bovine. »

«Il me semble, Usbek, que nous ne jugeons jamais des choses que par un retour secret que nous faisons sur nous-mêmes. Je ne suis pas surpris que les Nègres peignent le Diable d’une blancheur éblouissante et les Dieux noirs comme du charbon; que la Vénus de certains peuples ait des mamelles qui lui pendent jusqu’aux cuisses; et qu’enfin tous les idolâtres aient représenté leurs Dieux avec une figure humaine et leur aient fait part de toutes leurs inclinations. On a dit fort bien que, si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés.

 

Mon cher Usbek, quand je vois des hommes qui rampent sur un atome, c’est-à-dire la Terre, qui n’est qu’un point de l’Univers, se proposer directement pour modèles de la Providence, je ne sais comment accorder tant d’extravagance avec tant de petitesse. »

«L’être divin n’est rien d’autre que l’être humain, ou plutôt que l’être de l’homme, débarrassé des bornes de l’être individuel, c’est-à-dire réel et corporel, puis objectivé, c’est-à-dire contemplé et adoré comme un être propre, mais autre que lui et distinct de lui : c’est pourquoi toutes les déterminations de l’être divin sont des déterminations de l’être humain. »

dieu

« Dieu (et anthropomorphisme) 1 69 gnent le Diable d'une blancheur éblouissante et les Dieux noirs comme du charbon; que la Vénus de cer­ tains peuples ait des mamelles qui lui pendent jusqu'aux cuisses; et qu'enfin tous les idolâtres aient représenté leurs Dieux avec une figure humaine et leur aient fait part de toutes leurs inclinations.

On a dit fort bien que, si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés.

Mon cher Usbek, quand je vois des hommes qui ram­ pent sur un atome, c'est-à-dire la Terre, qui n'est qu'un point de l'Univers, se proposer directement pour modè­ les de la Providence, je ne sais comment accorder tant d'extravagance avec tant de petitesse.» Notons au passage que cette critique est faite par un musulman (imaginaire) dont la religion interdit la re­ présentation de Dieu et que son emploi du terme « ido­ lâtre» peut s'appliquer aux catholiques dont le Dieu est souvent représenté comme un vieillard à la longue barbe blanche qui légifère assis sur son trône .

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Cette critique de l'anthropomorphisme dans la ma­ nière d'imaginer Dieu a des sources lointaines.

Déjà, au VIe siècle avant Jésus-Christ, Xénophane, un philo­ sophe que l'on classe parmi les «présocratiques», écri­ vait: « Cependant si les bœufs et les chevaux et les lions Avaient aussi des mains, et si avec ces mains Ils savaient dessiner, et savaient modeler Les œuvres qu'avec art les hommes seuls façonnent, Les chevaux forgeraient des dieux chevalins, Et les bœufs donneraient aux dieux forme bovine.

» Spinoza (1632-1677) qui meurt quelques années seule­ ment avant la naissance de Montesquieu, s'oppose aussi avec netteté à la façon naïve dont ses contempo­ rains imaginent Dieu.

Il écrit, par exemple, dans une lettre à un correspondant avec qui il discute de la nature de Dieu :. »

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