Devoir de Philosophie

Lupus in fabula

Publié le 13/02/2022

Extrait du document

« Lupus in fabula Le loup de la fable Cet adage est attesté dans la comédie (Térence, Ade/phoe,.

531, cf.

aussi Plaute, Stichus, 577) et par Cicéron (Epistulae ad Atticum, 13, 33, 4), à propos d'une personne dont on est en train de parler et qui apparaît tout à coup; on continue toujours à employer cette fo1111ule dans le même sens, mais son origine est obscure : les Antiques (cf.

Commentaire de Donat sur le passage de Térence ; Servius, Commentaire sur Virgile, Bucoliques, 9, 53; Isidore, Origines, 1, 37, 28; 12, 2, 24) la rattachaient à la croyance populaire selon laquelle le loup ôtait la voix à ceux qu'il rencontrait - superstition d'ailleurs attestée par les classiques (outre le passage cité de Virgile, cf.

Théocrite, 14, 22) et qui est encore vivante dans notre culture européenne (on dit encore Tu as vu le loup ? en français et en italien Ha veduto il lupo ou E '.,taro guardato da/ lupo, lorsque quelqu'un a le souffle court, la voix qui devient rauque ou qu'il se fige tout à coup) mais cette tradition ne semble pas avoir de rapport avec notre sentence, car avoir la voix coupée à l'évocation ou à l'apparition du loup ne veut pas dire que le loup apparaisse dès qu'on parle de lui.

L'hypothèse de Donat qui faisait allusion à la fable d'Esope du loup, de la vieille femme et de l'enfant ( 163 Hausrath ), que reprendra La Fontaine (4, 16 : cf.

n.

1241 ; cf.

Lapucci 173) est plutôt fragile (de même que celle qui suppose simplement que cette locution viendrait du nombre important des fables qui parlent du loup chez Esope), d'autant que la première attestation chez Plaute prend la fonne de Lupus in sermone, ce qui laisse supposer que le te1 •••~ fabula ne fait pas référence aux fables, mais plutôt au dicours .

.îermo.

La véritable explication est sans doute à rechercher dans un> de la culture folklorique (cf.

Handworterbuch des deut.îchen Aberglauben.,;, 9, 782 sq.), selon lequel parler du loup revenait à l'invoquer (la même croyance concerne d'ailleurs le diable au Moyen-Age).

Notre adage semble d'origine latine, même si les parémiographes grecs (Diogen.

4, 64 ; Apost.

6, 50: Souda EL 67) attestent avec la même signification de l'expression f t Kai XvKov ȵ 1,~a8'1~, > ; il existe d'autres proverbes semblables en latin médiéval (Mentio .ti .fiet, saepe lupus veniet [Walther 14777] ; cf.

aussi 8628 ; 23503 ; 27174 ; 30312), où apparaît parfois le Lupus in fabula (outre Donat, cf.

Guillaume d'Ockham, E.Tpositio in libros Physicorom Aristotelis, 4, 1, 8, 2; Summa logicae, 3.

4 ,6: Hugues de Saint-Victor, De grammatica, 20).

Lupus infabula sert également de lemme à Erasme dans ses Adagia (4, 5, 50); pour nos traditions proverbiales modernes, citons en italien Chi ha il lupo in bocca, / 'ha sui/a groppa ; en allemand Wenn man den Wolf nenni, so kommt er gerennt (qui possède un équivalent en russe) et Wenn man ,,om Wolfspricht, ist er nicht weit ; en français Quand on parle du loup, on en voit la queue (ou// sort du trou) dont il existe des parallèles dans d'autres langues européennes (cf.

Lacerda-Abreu 200) et dont il existe plusieurs attestations littéraires (cf.

par exemple H.

Barbusse, Le feu, Paris, 1916, 75; R.

Queneau, Les œuvres complètes de Sally-Mara, Paris, 1962.

180 sq.) ainsi que des expressions similaires qui parlent du diable: en italien Quando si parla del diavo/o ...

; en français Quand on parle du diable; au Brésil Falar no mau, preparar o pau (. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles