L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible : ils ont comme une voix articulée et, quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine; et, en effet, ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières, où ils vivent de pain noir, d’eau et de racines [légumes] : ils épargnent aux autres
Publié le 12/01/2019
Extrait du document
LA BRUYÈRE
1688
L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible : ils ont comme une voix articulée et, quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine; et, en effet, ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des
tanières, où ils vivent de pain noir, d’eau et de racines [légumes] : ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir [récolter] pour vivre et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu’ils ont semé.
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