L'homme n'est point fait pour méditer mais pour agir. [ Correspondance, à un jeune homme ] Rousseau, Jean-Jacques. Commentez cette citation.
Publié le 20/03/2020
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Sentant la relative énormité de ce qu'il va avancer, Rousseau prend ses précautions (« J'ose presque assurer ... ») ; il n'en reste pas moins que le fait de penser est assimilé à une dépravation, c'est-à-dire à un égarement hors des voies qui conduisent au bien. La suite du développement permet d'expliquer cette formule provocante:
« Si elle nous a destinés à être sains, j'ose presque assurer que l'état de réflexion est un état contre nature, et que l'homme qui médite est un animal dépravé. Quand on songe à la bonne constitution des sauvages, au moins de ceux que nous n'avons pas perdus avec nos liqueurs fortes, quand on sait qu'ils ne connaissent presque d'autres maladies que les blessures et la vieillesse, mi est très porté à croire qu'on ferait aisément l'histoire des maladies humaines en suivant celle des sociétés civiles. »
«
304 / Dépravation • 60 ·
affirmait que l'homme n'était qu'un roseau, mais qu'il
-était un roseau pensant et que sa dignité, sa_grandeur
tenaient
dans cette aptitude à penser.
Rousseau ren
verse complètement les termes de
l'équation.
Il con
serve l'idée, difficile
à nier, d'une part d'animalité dans
l'homme, mais la vie en société et la pensée elle-même
sont envisagées d'une façon négative.
Sentant
la relative énormité de ce qu'il va avancer, Rous
seau prend ses précautions
(«.,,ose presque assurer ...
») ;
il n'en reste pas moins que le fait de penser est assimilé
à
une dépravation, c'est-à-dire à un égarement hors des
voies qui conduisent
au bien.
La suite du développement
permet d'expliquer cette formule provocante:
« Je ne vois dans tout animal qu'une machine ingé
nieuse
à qui la nature a donné des sens pour se rèmon
ter elle-même, et pour se garantir, jusqu'à un certain
point, de tout
ce qui tend à la détruire, ou à la déran
ger.
J'aperçois précisément les mêmes choses dans la
machine humaine, avec cette différence que la nature ·
seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que
l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent .
libre.
L'un choisit ou rejette par instinct, et l'autre par un
acte de liberté; ce qui fait que la bête ne peut s'écarter
de la règle qui lui est' prescrite, même quand il foi serait
avantageux de le faire, et que l'homme s'en écarte sou
vent
à son préjudice.
C'est ainsi qu'un pigeon mourrait de faim près d'un
bassin rempli des meilleures viandes, et un chat sur des
tas de fruits, ou de grain, quoique l'un et l'autre pût
très bien se nourrir de l'aliment qu'il dédaigne,
s'il
s'était avisé d'en essayer; c'est ainsi que les hommes
dissolus se livrent
à des excès, qui leur causent la fièvre,
et la mort; parce que l'esprit déprave les sens, et que
la volonté p~rle encore, quand
lz nature se tait.
»
Sur un plan purement physique, la pensée altère la
pureté de l'instinct et ~mit de ce fait à la santé.
Sur le
.
-------,.
»
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