« Les géomètres ne tirent point leurs connaissances des images confuses de leur imagination, mais uniquement des idées claires de la raison. » Malebranche, Entretiens sur la métaphysique et la religion, 1688. Commentez.

« l'entendement : « si l'entendement s'occupe de choses qui n'ont rien de corporel ou de semblable au corps, il nepeut être aidé par ces facultés, et qu'au contraire, pour ne pas être entravé par elles, il doit écarter les sens et,autant que possible, dépouiller l'imagination de toute impression distincte.

»De la même manière, Malebranche loue les géomètres de leur bon usage de l'esprit quand ils ont conscience deslimites de l'imagination et de la nécessité du seul recours à la conception rationnelle.

« Il ne pouvait pas mêmeimaginer des solides qui eussent plus de trois dimensions, quoiqu'il soit souvent nécessaire d'en concevoir qui enaient davantage.

» ( Recherche de la vérité , III) Ainsi l'imagination est rejetée du processus de la connaissance géométrique dans la mesure où elle n'est pas appropriée à l'objet scientifique en présence.

Seule la raison est àmême d'aborder ce type d'objets scientifiques.

La contestation de la légitimité de l'usage de l'imagination par les géomètres trouve ici une autre raison, à savoir lecaractère inapproprié de cette faculté pour l'étude des sciences formelles.

Il réside néanmoins une interrogationportant sur la nature de la raison humaine.

Comment peut-on être certain que la raison produit des idéesuniquement claires, vraies ? Troisième partie : Pourquoi la raison serait-elle exempte d'erreurs ? Dans cette dernière partie, nous allons traiter plus attentivement de la raison, afin de comprendre les raisons de saprimauté par rapport à l'imagination.

Sur quoi repose l'opposition clarté/confusion qui coïncide avec une autreopposition raison/imagination ? Chez Malebranche, tout comme chez Descartes, l'entendement humain est fini.

En ce sens, il n'est pas parfait, il nerecoupe pas l'ensemble de la réalité, et ne peut donc tout connaître.

Les deux philosophes se rejoignent sur unautre point la dépendance de l'entendement fini par rapport à l'entendement infini divin.

L'expression lumièrenaturelle, à cette époque, désigne la raison.

La théorie de la connaissance de Malebranche se distingue de celle deDescartes, dans la mesure où il considère que l'origine de nos idées est divine.

Il conteste en ce sens l'innéismecartésien, selon lequel les idées sont en nous.

La conception malebranchiste est originale, la connaissance est nonseulement rendue possible par Dieu mais elle s'effectue en Dieu.

« Cela met les esprits créés dans une entièredépendance de Dieu, et la plus grande qui puisse être.

[…] C'est Dieu même qui éclaire les philosophes dans lesconnaissances […] C'est lui qui est proprement la lumière de l'esprit ».

( Recherche de la vérité , livre III).

La vision en Dieu suppose que toutes les idées soient présentes en lui.Le raisonnement est donc le suivant : la raison même si elle est finie est exempte d'erreurs en tant qu'elle estguidée par Dieu dont l'entendement est parfait et infini.

Nous pouvons pour autant objecter, tout comme chezDescartes, que tout l'édifice de la connaissance repose sur Dieu, qu'il garantit la vérité de nos connaissances et au-delà rend possible notre connaissance.La conséquence étant que la théorie de la connaissance de Malebranche est conditionnée par une métaphysique,dont le principe est l'existence d'un entendement infini et parfait, à savoir Dieu.

Conclusion Malebranche dénie, dans cette citation, la possibilité pour l'imagination d'être la source de la connaissancegéométrique, parce qu'elle est potentiellement source d'erreurs.

Une autre raison se trouve dans la nature même dela science en question, à savoir la géométrie.

Dans la mesure où il s'agit d'une science formelle, détachée de lanature, du réel, l'imagination n'est d'aucun secours.

La raison seule participe au processus de la connaissancegéométrique, sa perfection étant garantie par la nature de son guide, qui n'est autre que Dieu.. »