[Le] rire est le propre de l'homme. Rabelais, Gargantua, « Aux lecteurs ». Commentez cette citation.

« C'est toute l'ambition de Rabelais qui se trouve 1c1 exprimée et le programme de son Gargantua exposé : susciter chez Je lecteur le rire car il n'est rien de plus humain que telui-ci.

Tout l'art de Rabelais tend vers cette fin sans négliger aucun des moyens dont un écri­ vain peut être tenté de se servir: bouffonneries, paro ­ dies, jeux de mots, trivialités ...

Ce qui ne signifie nulle­ ment que l'œuvre de Rabelais, bien entendu, ne soit que pure distraction vide de sens et dépourvue de pro­ fondeur .

Comme nous y invite l'auteur lui-mêine dans .

le «prologue» de ce même Gargantua: il faut «rompre f os et sucer la.

substantifique moelle».

Mais comme l'a ·bien montré Mikhail Bakhtine (1895 -1975) dans un li­ vr~ qui, en cette matière, fait autorité - L'Œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age - au XVI 0 siècle, c'est dans le rire que, pour Rabelais et ses contemporains, le sens éclate, que la vérité se manifeste .

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· ""' Loin de l'optimisme et de l'humanisme de Rabelais, .Je philosophe et romancier Georges Bataille (1897-· 1962) a, lui aussi, affirmé la primauté du _ rire sur les larmes .

« Le rire est plus divin, et même il est plus insai­ sissable que les larmes», écrit -il dans Ma Mère, roman publié en 1966 .

Mais le rire, pour lui , ne peut être le lieu d'aucun sens; il manifeste cet ((impossible» dont toute .

son œuvre porte témoignage : Je rire est la seule réaction accor~ée à l'irréductible no .n-sens, à l'indépas­ ~ble déchirure de ce qui 'est.

Comme il l'écrit dans Le coupable (1944), «Le rire est le saut du possible dans l'impossible».

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