Le moi est haïssable... mais il s'agit de celui des autres. Mélange (1939) Valéry, Paul. Commentez cette citation.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
7 Lorsque les limites du moi se sont effondrées, le psychotique, dans sa régression narcissique, devient prisonnier del'Image de son corps.
Jacques Lacan a montré le lien qui unissait cette régression à la première expériencenarcissique de l'enfant qu'il désigne sous le nom de « stade du miroir ».
Le moi source d'autres sentiments :
Mais faut-il radicalement condamner l'homme ? Il s'agit alors ici de se demander si le moi peut-être sourced'autres sentiments.
On peut penser à la distinction de Rousseau entre l'amour propre et l'amour de soi dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Même si Rousseau montre que la naissance de la société civile développe l'amour-propre, il montreégalement que la pitié est le sentiment naturel universel.
C'est la sociétéqui dénature l'homme, qui le pervertit.
Si l'homme est naturellement bon,naturellement animé par un sentiment de pitié à l'égard de sescongénères, la naissance de la société le conduit à bien souvent saisirl'autre comme un rival, comme un obstacle à son propre bonheur.
1.
La pitiéLa réflexion sur la sociabilité de l'homme conduit Rousseau à insister sur le rôledes sentiments.
Ainsi, le sentiment naturel de la pitié pour nos semblables(Discours sur l'origine de l'inégalité), qui nous pousse à nous identifier à celuiqui souffre, est une manière de nous unir aux autres par affection plutôt quepar intérêt.
La pitié est à l'origine des vertus sociales.
2.
La sincérité du coeurLe sentiment n'est pas limité au caractère sociable de l'homme.
Il est aussibien ce qui nous révèle notre spiritualité, la foi naturelle en une intelligencedivine à laquelle invite l'ordre de l'univers, que ce qui nous permet de déciderdu bien ou du mal, du vrai et du faux.
Ainsi, les connaissances évidentessont, pour Rousseau, celles auxquelles, dans la sincérité de mon coeur, je nepeux refuser mon consentement (Profession de foi du vicaire savoyard).
« Il est donc bien certain que la pitié est un sentiment naturel qui, modérant dans chaque individu l'activité del'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce.
C'est elle qui nous porte sans réflexionau secours de ceux que nous voyons souffrir : c'est elle qui, dans l'état de nature, tient lieu de lois, de moeurs etde vertu, avec cet avantage que nul n'est tenté de désobéir à sa douce voix : c'est elle qui détournera toutsauvage robuste d'enlever à un faible enfant, ou à un vieillard infirme, sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs ; c'est elle qui, au lieu de cette maxime sublime de justice raisonnée,Fais à autrui comme tu veux qu'on te fasse, inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle bienmoins parfaite, mais plus utile peut-être que la précédente, Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il estpossible.
C'est en un mot dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu'il faut chercher lacause de la répugnance que tout homme éprouve à mal faire, même indépendamment des maximes de l'éducation.Quoiqu'il puisse appartenir à Socrate et aux esprits de sa trempe, d'acquérir de la vertu par raison, il y a longtempsque le genre humain ne serait plus, si sa conservation n'eût dépendu que des raisonnements de ceux qui lecomposent.
» Rousseau.
MODÈLE.
Dans ce texte, Rousseau fait l'apologie de la pitié.1) La pitié est définie tout d'abord comme le sentiment naturel.2) Puis, la pitié est décrite en ses différentes fonctions.3) Rousseau indique la supériorité de la maxime qu'elle inspire.4) Il ait de cette maxime le fondement de la morale.
1) Dans la forme d'une argumentation qui s'achève (« donc ») Rousseau affirme que « la pitié est un sentimentnaturel ».
On sait que Rousseau opposera constamment ce qui est de l'ordre de la nature et ce qui est de l'ordre dela société (du social, ou du civil).Cette succession historique (supposée) a son équivalent à l'intérieur de l'homme.
Il y a en lui ce qui est de l'ordre dela nature (inné) et ce qui a sa source dans la société (l'acquis).
Rousseau estime que ce qui est de l'ordre dusentiment (la pitié) est déjà là, en l'homme, au niveau de l'homme naturel, et donc premier (et par là mêmeantérieur) à la raison qui, elle, est seconde (et par là même postérieure), de l'ordre de l'homme civilisé.Ainsi, Rousseau, au niveau de l'homme « naturel », distingue-t-il un sentiment égoïste (« l'amour de soi ») et unsentiment altruiste (« la pitié »).
Il les comprend comme antagonistes, et s'équilibrant l'un l'autre (« la pitié [...]modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même »).Sans que Rousseau soit très explicite sur ce point, on peut imaginer que l'amour de soi conduit l'homme au repli etl'éloigne de ses semblables (à moins que l'amour de soi ne le conduise à vouloir imposer sa volonté par la force).
Aucontraire, la pitié nous ouvre vers autrui et conduit à nous rapprocher des autres hommes, nos semblables, nosfrères.
Chacun, éprouvant de la pitié pour l'autre, est enclin à le protéger et à lui porter secours.
Ainsi, la pitiéconcourt-elle « à la conservation mutuelle de l'espèce »..
»
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