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Le drame est la poésie complète. Victor Hugo

Publié le 22/02/2012

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En 1827, Victor Hugo publie le texte d'un long draine historique en vers intitulé Cromwell. L'histoire littéraire et la postérité ne retiendront de ce volumineux ouvrage que la courte mais décisive « Préface » qui l'accompagne. Celle-ci constitue un véritable tournant dans la carrière littéraire de son auteur. Avec elle, le jeune poète — légitimiste en politique, classique en littérature — se rallie au romantisme. Il donne du même coup à ce mouvement littéraire son plus brillant manifeste et à l'esthétique théâtrale l'un de ses textes théoriques les plus décisifs. La « Préface » de Cromwell se présente comme une ambitieuse — et quelquefois fragile — démonstration visant à prouver que le drame est la forme suprême et ultime de la littérature. Hugo écrit notamment : «Le drame est la poésie complète.»
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« labyrinthes scolastiques, pour résoudre tous ces problèmes mesquins que les critiques des deux derniers siècles ontlaborieusement bâtis autour de l'art, on est frappé de la promptitude avec laquelle la question du théâtre modernese nettoie.

Le drame n'a qu'à faire un pas pour briser tous ces fils d'araignée dont les milices de Lilliput ont crul'enchaîner dans son sommeil.»Le jeu de massacre commence alors véritablement.

Allègre et jubilatoire, Hugo renverse avec toute sa verve toutesles convictions de l'esthétique théâtrale.

La distinction des genres tombe puisque l'essence même du drame estd'être une oeuvre totale qui, faisant place en elle au sublime comme au grotesque, joue à la fois du comique et dutragique.

De même se trouvent écartées les conventions de la versification dramatique, la règle des trois unités, etle principe de l'imitation.La « Préface » de Cromwell est un appel à la liberté théâtrale qui, en un siècle de révolutions, résonne au-delà dustrict champ de la littérature :«Disons-le hardiment.

Le temps en est venu, et il serait étrange qu'à cette époque, la liberté, comme la lumière,pénétrât partout, excepté dans ce qu'il y a de plus nativement libre au monde, les choses de la pensée.Mettons le marteau dans les théories, les poétiques et les systèmes.

Jetons bas ce vieux plâtrage qui masque lafaçade de l'art ! Il n'y a ni règles, ni modèles...

» La « Préface » de Cromwell a constitué comme le manifeste du drame romantique.

A ce titre, elle a exercé uneinfluence considérable sur le mouvement.

En une phrase célèbre de son Histoire du Romantisme (1874), ThéophileGautier écrivait au nom de toute une génération :« La Préface de Cromwell rayonnait à nos yeux comme les Tables de la Loi sur le Sinaï, et ses arguments noussemblaient sans réplique.»Il convient cependant de ne pas se méprendre.

Hugo n'est en rien l'« inventeur» du drame romantique.

La plupartdes critiques qu'il énonce et des principes qu'il formule étaient dans l'air du temps.

Hugo les a seulement exprimésavec toute la force de son talent.Dans cette mesure, il a cependant contribué à l'éclosion du drame romantique qui dominera la scène quelquesannées entre 1829 et 1843 sans avoir cependant donné naissance à aucun chef-d'oeuvre à la mesure du modèleshakespearien tellement sollicité par les romantiques français.En ce qui concerne l'oeuvre de Hugo lui-même, elle est dans l'ensemble restée assez fidèle aux principes énoncésdans la « Préface » de Cromwell et cela quelquefois jusqu'à l'excès.

Jouant de l'opposition simple et répétitive entrele grotesque et le sublime, l'ombre et la lumière, le théâtre hugolien — et ceci même dans Ruy Blas — et n'échappepas toujours au didactisme et à l'emphase.Sur l'opposition aux règles et l'intérêt de celles-ci voir corrélats de la citation. »

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