"Le désir est l'essence même de l'homme, c'est-à-dire l'effort par lequel l'homme s'efforce de persévérer dans son être." Spinoza, Ethique, 1677. Commentez cette citation.
Publié le 02/03/2009
Extrait du document
Le désir est la tendance la plus fondamentale, la plus primitive et la plus forte, au point qu'elle permet de définir l'homme. L'essence d'une chose est en effet ce qu'il y a de plus important elle, sa caractéristique principale auprès de laquelle toutes les autres caractéristiques deviennent secondaires. Mais alors, cela veut-il dire que l'homme n'est pas cet être raisonnable en que l'on croyait ?
«
«
Le désir est l'essence même de l'homme.
»
Baruch Spinoza (1632-1677), Éthique 8
Adam et Ève, chassés du paradis pour avoir transgressé la loi divine,
condamnent l'humanité à porter le poids du péché originel.
Ils
scellent la nature maudite du désir, mal aux mille facettes et aux
sournoises tentations dont l'homme devrait se ·défier sous peine
de perdre son âme.
Or, n'est-ce pas là l'un des faux procès de notre
culture?
En écrivant que le désir constitue l'essence - autrement dit l'identité
même - de l'homme, Spinoza replace celui-ci· dans le cadre de la
Nature.
À l'instar de tout être vivant, l'être humain est doté d'un
appétit de vie, d'une tendance à agir et à persévérer dans son existence.
Fondamentalement, le désir est donc innocent, au-delà de tout
jugement ou condamnation.
Toutefois, ce qui est nommé« instinct»
chez l'animal est désir pour l'homme, car celui-ci en est conscient et
le déploie sur un registre plus large que la sommaire reproduction
ou la survie : désir de création artistique, amour ou bienveillance
envers autrui ...
En somme, prétendre renoncer au désir reviendrait
pour l'homme, non seulement à nier sa propre nature, mais aussi à se
priver de l'énergie qui seule peut alimenter sa joie.
Pour autant, Spinoza ne légitime pas toute envie ou caprice, et
n'invite pas à la jouissance frénétique des divertissements comme
nous y incite notre société de consommation.
La revalorisation du
désir s'inscrit dans la perspective d'une Éthique dont l'enjeu est d'apprendre à connaître et maîtriser cette vitalité en vue d'une existence
bienheureuse, c'est-à-dire moralement accomplie.
Si le désir est notre raison d'être, le bonheur pourrait consister à atteindre la
satiété.
À moins qu'il ne réside, comme l'indique le philosophe anglais Thomas
Hobbes, plus dans la chasse que dans la prise :
« La félicité est une continuelle marche en avant du désir, d'un objet à un autre,
la saisie du premier n'étant que la route qui mène au second.
»
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1
Citations philosophiques expliquées.
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