La société de consommation a privilégié l'avoir au détriment de l'être. Jacques Delors, Le Bonheur, la Vie, la Mort, Dieu.... Commentez cette citation.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
que nous avons évoqué, se caractérise parce que l’on a ou ce que l’on peut avoir,
puisqu’effectivement la donne a changé est désormais l’ « on est ce que l’on a ».
C’est ainsi que
posséder de l’argent est considéré comme une circonstance favorable car finalement, qui peut jouir
d’assez d’argent pour s’offrir (satisfaire) l’ensemble de ses désirs ? Si peu de monde
(incompréhensible) qu’avoir de l’argent est devenu une aubaine dont tout le monde veut se saisir.
Ce
lien contemporain qui semble indéfectible entre la chance et le bonheur est d’autant plus manifeste
dans les langues occidentales, où il n’est dé sormais plus anodin de trouver dans un dictionnaire des
synonymes le mot « chance » comme substitutif possible au mot « bonheur » (non c’est l’étymologie
originelle !) , dans cette optique, en allemand par exemple « Glück » veut à la fois dire « bonheur » e t
« chance ».
« Vous avez de l’argent ? Peu importe la quantité [a fortiori il y a les crédits], dépensez -le
» : c’est en résumé le message publicitaire actuel auquel nous avons droit entre deux avertissements
de santé publique du gouvernement ( !!!!) .
Dans toute société matérialiste digne de ce nom, il est en
effet important de faire comprendre, inconsciemment, aux masses populaires, que le bonheur est
dans l’accumulation des biens.
Vêtements, voitures, bijoux,… autant d’éléments associés aux plaisirs
et qui sont mis à notre disposition dans notre culture de l’abondance.
Allez plus loin en disant que
l’on a remplacé le « citoyen -électeur » par l’ « individu-consommateur ».
L’effacement de la religion
en Europe, celle -là qui promettait une vie de bonheur ap rès la mort, a rappelé aux hommes la
brièveté de la vie et ainsi à quel point ils avaient si peu de temps pour être heureux.
Parlez
d’hédonisme jouisseur où tout est marchandise.
La consommation a donc été un relais de petits
plaisirs, de « bonhommes -insta nts » comme les nomment Boris Cyrulnik.
En achetant et en
accumulant, on a l’impression d’avoir à portée de mains le bonheur, d’ « être » à travers notre «
avoir », le bonheur est ainsi devenu une plaque tournante de la consommation et de notre
économie.
I l faut en effet produire ces biens pour pouvoir les acheter, et il faut les acheter pour avoir
de la croissance, la croissance qui est indispensable pour produire : quel beau cycle, vertueux pour
certains et vicieux pour d’autres.
Cette conception du bonhe ur par la succession de plaisirs, conduit
les hédonistes radicaux, à l’image de Michel Onfray, à satisfaire les désirs qu’offre la société
contemporaine pour produire différents degrés de « surexcitation, mais qui ne sont pas générateurs
de joie [ce qui re nd] nécessaire la quête de plaisirs toujours plus neuf, toujours plus excitants» (Erich
Fromm, Avoir ou Être).
Parlez de plaisirs cinétiques .
Ces recherches successives de plaisirs nouveaux
ne conduisent donc nullement au bonheur, à défaut de toujours plus stimuler les désirs et les envies.
Le bonheur est donc dépendant de la possession d’argent, qui est vu dans notre société comme une
chance d’accéder au bonheur, quelque chose donc d’enviable.
Ainsi le bonheur est devenu un objet
de consommation – sans aucun doute essentiel, un élément charnier du système économique,
s’intégrant parfaitement à notre société matérialiste.
Mais alors que Freud voyait l’argent comme
des « fèces » et la consommation comme le « caractère anal » qui fait de notre société une « soc iété
malade » (oui, stade sadico -anal.
Parlez de « perversion polymorphe) , on peut se demander si dans
notre course à l’avoir, nous n’y aurions pas oublié notre raison et la notion fondamentale d’ « être ».
Nombreux sont ceux à s’étonner lorsque les nouvel les du matin leurs apprennent le suicide d’une
personnalité pleine de réussite professionnelle, extrêmement riche et populaire, tout le monde s’en
émoi (Relisez vous !) en pensant qu’elle avait pourtant tout pour être heureuse, ou du moins tout ce
que peut promettre la société moderne de consommation.
L’accès au bonheur par l’avoir ne serait
donc qu’un mythe, sinon admettant des limites certaines.
Déjà Platon dans l’Antiquité ne voyait pas
d’absolu dans la satisfaction des désirs superficiels, car étant une pulsion naturelle à l’homme, celle -
ci doit être tempérée par la raison (opposer épithumia et nous) .
Cependant la société dans laquelle
nous vivons ne fait pas de l’usage de la raison une priorité puisque faire réfléchir les hommes sur la.
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