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La scène est un lieu physique. Antonin Artaud

Publié le 14/09/2015

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« Je dis que la scène est un lieu physique et concret qui demande qu’on le remplisse, et qu’on lui fasse parler son langage concret.

 

Je dis que ce langage concret, destiné aux sens et indépendant de la parole, doit satisfaire d’abord les sens, qu’il y a une poésie pour les sens comme il y en a une pour le langage, et que ce langage physique et concret auquel je fais allusion n’est vraiment théâtral que dans la mesure où les pensées qu’il exprime échappent au langage articulé. »

« Ainsi Le Théâtre et son double, moins bréviaire de théâtre que manifeste d’une révolution totale (où l’idée de subversion sociale n’est qu’incluse dans l’exigence d’un renouvellement fondamental de toute activité humaine), fit-il éclore de toutes parts des floraisons illimitées. Peu prisé en son temps, il n’en finit plus aujourd’hui de porter témoignage. »

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« «Le dialogue- chose écrite et parlée -n'appartient pas spécifiquement à la scène, il appartient au livre; et la preuve, c'est que l'on réserve dans les manuels d'histoire littéraire une place au théâtre considéré comme une branche accessoire de l'histoire au langage articulé.

» Un autre langage est donc à inventer pour la scène qui ne soit pas seulement le langage des mots et qu'Artaud définit ainsi : «Je dis que la scène est un lieu physique et concret qui demande qu'on le remplisse, et qu'on lui fasse parler son langage concret.

Je dis que ce langage concret, destiné aux sens et indé­ pendant de la parole, doit satisfaire d'abord les sens, qu'il y a une poésie pour les sens comme il y en a une pour le langage, et que ce langage physique et concret auquel je fais allusion n'est vraiment théâtral que dans la mesure où les pensées qu'il exprime échappent au langage articulé.

» En quoi ce langage concret consiste-t-il? Il est, selon les mots mêmes d'Artaud, «poésie dans 1, espace » c'est -à­ dire qu'il est combinaison de tous ces moyens d'expres­ sion proprement théâtraux que sont la musique, la danse, la pantomime, l'architecture, l'éclairage, le décor ...

Tout au long du Théâtre et son double, Artaud revient de manière répétitive sur ce point, détaillant le specta­ cle auquel il entend aboutir.

Ainsi dans ce passage de « Le Théâtre de la Cruauté » : «Tout spectacle contiendra un élément physique et objectif, sensible à tous.

Cris, plaintes, apparitions, surprises, coups de théâtre de toutes sortes, beauté magique des costumes pris à certains modèles rituels, resplendissements de la lumière, beauté incantatoire des voix, charme de l'harmonie, notes rares de la musi­ que, couleurs des objets, rythme physique des mouve­ ments dont le crescendo et le decrescendo épouseront la. »

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