« La philosophie est une réflexion pour qui toute matière étrangère est bonne et nous dirions volontiers pour qui toute bonne matière doit être étrangère. » (CANGUILHEM, Essai sur le normal et le pathologique.). Commentez cette citation.
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
dialectique philosophique a un domaine propre, figuré dans les célèbres allégories de la ligne
et de la caverne.
Remontant d'idée en idée jusqu'à l'idée absolue (anhypothétique), elle est
nettement distinguée des sciences déductives appuyées sur diverses données (hypothèses).
Ainsi naît la métaphysique, bien avant que le mot n'apparaisse, puisque, absent des œuvres
d'Aristote (même de celles qui portent maintenant ce titre), il se pourrait qu'il n'ait été d'abord
qu'une simple étiquette dans le classement du Corpus aristotélicien.
Or, en des chapitres
difficiles et qui n'ont pas cessé d'être discutés, Aristote avait établi, distincte de la physique
qui porte sur un certain genre d'être, une « philosophie première » portant sur l'être en tant
qu'être.
Le philosophe proprement dit ne peut plus être confondu avec les premiers penseurs
de la nature (phusis) ou physiologues tels que Thalès.
Qu'elle soit ou non considérée comme
aporétique, la question « Qu'est-ce que l'être ? » appartient en propre au philosophe.
Or il est
caractéristique qu'Aristote ait éprouvé le besoin de légitimer assez longuement la science de
l'être, alors qu'une telle préoccupation n'apparaît pas quand il s'agit des sciences particulières.
D'ailleurs, dès l'Antiquité, et, ce qui est très remarquable, dans la tradition aristotélicienne
elle -même, s'est imposée une tripartition de la philosophie en éthique, physique et logique (ou
dialect ique) qui ne laisse pas de place à la philosophie première.
La métaphysique apparaît
donc ainsi très tôt comme une science contestée dans son existence même, divisée en une
ontologie, science de l'être en tant qu'être, ou métaphysique générale, et une théologie, science
de l'être suprême, divin, transcendant, ou métaphysique spéciale.
Mais quel objet va -t- il être laissé à la philosophie par la positivité triomphante des sciences
et des techniques ? Les sciences de la nature n'entendent plus rien savoi r d'une physique
philosophique ; les sciences humaines et d'abord la sociologie se font fort de tenir toutes les
promesses de l'éthique.
Quant à la théologie, elle dépend désormais d'une révélation
extérieure au discours philosophique.
Déchue de toute pére nnité, la métaphysique n'est plus
qu'un moment négatif, transitoire, de l'histoire des idées, préparant l'avènement du positivisme
comme conception définitive du monde.
Quant à la dialectique ou « logique », en dehors de
l'ontologie hégélienne, elle ne manifeste plus que l'absence d'objet propre d'une philosophie
qui désormais ne se nourrit que de ce qui n'est pas elle et devient une réflexion seconde, en
vue d'une improbable systématisation des connaissances qu'elle ne peut plus élaborer.
Rien
n'est plus c aractéristique à cet égard que l'expression de « philosophie générale », souvent
maintenue jusqu'à nos jours au- delà du positivisme, comme substitut d'une métaphysique que
l'on n'ose plus affirmer.
Devenu le « spécialiste des généralités » théoriques ou hi storiques,
combinant divers résultats scientifiques et éléments doctrinaux classiques, le philosophe
avoue finalement une double impuissance : celle de se définir un domaine et celle de se passer
des problématiques traditionnelles.
La question de l'objet de la philosophie revient à se
demander quelle philosophie peut se fonder sur le déni de la métaphysique.
Science empirique de l'esprit par excellence, l'histoire n'est pas en mesure de décider de la
validité universelle d'une thèse philosophique, à moins que, sous le nom de science historique,
il ne s'agisse d'une philosophie de l'histoire.
Mais en résulte -t- il la possibilité d'espérer
énoncer une philosophia perennis ? Depuis le début du XIXe siècle, il a été répété que le
philosophe appartenait à son époque et ne pouvait pas plus que quiconque y échapper.
Cet
affrontement de la philosophie avec l'histoire, avec sa propre histoire, a été pensé d'abord
comme réconciliation, comme accomplissement historique de la philosophie.
Nul mieux que
Hegel n'a su ident ifier le système intemporel et sa réalisation dans la suite des temps.
« La
dernière philosophie dans l'ordre du temps est le résultat de toutes les philosophies
précédentes et par conséquent doit en contenir les principes » et, puisque cette dernière
phil osophie est la plus développée, la plus riche, la plus complète, « elle pourra déposer son
nom de recherche de la sagesse et devenir savoir effectif ».
Dans cette vision grandiose,.
»
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