LA LUTTE DES CLASSES
Publié le 12/08/2011
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L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de la lutte des classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon - en un mot, oppresseurs et opprimés en perpétuelle opposition, ont mené une lutte ininterrompue, tantôt secrète, tantôt ouverte et qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de toute société, soit par la ruine commune des classes en lutte. Dans les premiers temps de l'histoire, nous trouvons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une hiérarchie variée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves; au Moyen Age, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de jurande, des compagnons, des serfs et des hiérarchies particulières dans chacune de ces classes. La société bourgeoise moderne élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n'a fait que substituer à celles d'autrefois, de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte. Notre époque - l'époque de la bourgeoisie - se distingue cependant par la simplification des antagonismes de classe. La société tout entière se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat. Les serfs du Moyen Age engendrèrent les bourgeois des premières communes; de cette bourgeoisie des communes naquirent les premiers germes de la bourgeoisie. La découverte de l'Amérique, la circumnavigation de l'Afrique donnèrent à la bourgeoisie naissante un champ d'action nouveau. Les marchés des Indes orientales et de la Chine, la colonisation de l'Amérique, les échanges commerciaux avec les colonies„ l'accroissement des moyens d'échange et des marchandises donnèrent enfin au commerce, à la navigation et à l'industrie un essor jusqu'alors inconnu et du même coup hâtèrent la croissance de l'élément révolutionnaire au coeur de la société féodale qui s'écroulait. L'ancien mode d'exploitation féodal ou corporatif qu'avait connu l'industrie ne suffisait plus aux besoins sans cesse croissants devant les nouveaux marchés. La manufacture vint prendre sa place. Les maîtres des jurandes disparurent devant la bourgeoisie industrielle; la division du travail entre les différentes corporations céda la place à la division du travail dans l'atelier même. Mais les marchés grandissaient toujours, la demande croissait toujours. La manufacture devint à son tour insuffisante. Alors la vapeur et la machine révolutionnèrent la production industrielle. La grande industrie moderne détrôna la manufacture, la moyenne bourgeoisie industrielle céda la place aux millionnaires de l'industrie, aux chefs de véritables armées industrielles, aux bourgeois modernes. La grande industrie a créé le marché mondial, que la découverte de l'Amérique avait préparé. Ce marché mondial accéléra prodigieusement le développement du commerce, de la navigation, des voies de communication. Celui-ci agit à son tour sur l'extension de l'industrie, et au fur et à mesure que l'industrie, le commerce, la navigation, les chemins de fer se développaient, la bourgeoisie grandissait elle aussi, accroissait ses capitaux et refoulait à l'arrière-plan toutes les classes léguées par le Moyen Age. Nous voyons donc que la bourgeoisie moderne est elle-même le produit d'un long développement, d'une série de révolutions dans le mode de production et les moyens de communications.
Karl MARX et Friedrich ENGELS. Le Manifeste du Parti Communiste (1848).
«
L'HISTOIRE • 187
concepts clés de la théorie marxiste et Lénine le reconnais
sait bien qui, dans
un texte de 1914 consacré à Marx,
déclarait:
« Que, dans une société donnée, les aspirations des uns
aillent à l'encontre de celles des autres, que
la vie sociale
soit pleine de contradictions, que l'histoire nous montre
une lutte entre les peuples et les sociétés, aussi bien
qu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre une
alternance de périodes de révolutions et de périodes de
réaction, de guerres et de paix, de stagnation et de
progrès rapide ou de déclin, ce sont là des faits
universellement connus.
Le marxisme a fourni le fil
conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois
dans ce labyrinthe et ce chaos apparents: c'est
la
théorie de la lutte des classes.
»
La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux
d'Engels, l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux
de Lénine,
le fil directeur qui permet.
de comprendre
l'histoire humaine.
C'est sur elle en tout cas que s'ouvre
le
texte du Manifeste du parti communiste avec cette affirma
tion:
« L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que
l'histoire
de luttes de classes.
»
Ce que pose en son début le Manifeste du parti communiste
est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire.
Quelle que soit l'époque que l'on considère, la société est
en effet
le liep du conflit -ouvert ou dissimulé -que se
livrent oppresseurs et opprimés :.
»
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