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Jean Starobinski : « Rousseau désire la communication et la transparence des coeurs ; mais il est frustré dans son attente, et, choisissant la voie contraire, il accepte et suscite l'obstacle, qui lui permet de se replier dans la résignation passive et dans la certitude de son innocence. »

Publié le 19/10/2013

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L'épisode du peigne cassé, où l'on voit Jean-Jacques accusé à tort et déstabilisé par l'application injuste de la loi, met en évidence l'absence de transparence que Jean Starobinski résume par l'opposition bouleversante de l'être innocent et du paraître coupable.

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« ger à se dissimuler, sans avoir la pensée que c'est mal : il croit à une transparence réciproque.

Or, Mademoiselle Lambercier lui signifie que ce plaisir lui est interdit ; La preuve d'amour que lui apportait la punition lui est refusée.« L'enfant découvre que la transparence* est imprudente et que le voile est nécessaire » (Philippe Lejeune).

Non seulement la communication effective que l'enfant cherchait à obte­ nir lui est refusée, mais il vit comme un scandale le mensonge de Mademoiselle Lambercier.

Le désir et la répression du désir perdent le droit de s'exprimer autre­ ment que par des détours.

L'épisode du peigne cassé, où l'on voit Jean-Jacques accusé à tort et déstabilisé par l'application injuste de la loi, met en évidence l'absence de transparence que Jean Starobinski résume par l'opposition bouleversante de l'être innocent et du paraître coupable.

L'enfant constate que la certitude de l'innocence ne peut rien contre les apparences.

Les moments de transparence retrouvée Le trouble dans le bonheur enfantin de Rousseau marque le début d'une nouvelle époque de la conscience.

La vie apporte pourtant quelques bouffées de bonheur pur où Rousseau rend l'obstacle transparent.

La rencontre de Madame de Warens trans­ figure instantanément Jean-Jacques: au retour de Turin,« la sympathie des âmes» dissipe, le« voile» dont« se couvraient» (p.141) les yeux de Jean-Jacques et per­ met un moment de transparence, tout comme le miracle du contact muet à distance que procure l'échange des signes avec Madame Basile.

Ill · UNE ENTREPRISE DE TRANSPARENCE La permanence de l'être La conscience de Rousseau cherche à reconstruire le paradis de l'enfance « en remontant[ ...

] aux premières traces de [son] être sensible» avant la« chute».

La réminiscence affleure sous l'effet d'une mémoire affective qui permet à Rousseau de faire jaillir les souvenirs heureux (les chansons de tante Suzon, Bossey) et de retrouver l'époque où l'être et le paraître communiquaient encore.

En se racontant le mythe de ses origines, Jean-Jacques se prouve qu'il n'a pas cessé d'être Jean­ Jacques.

L'enfance modèle l'individu et sa fusion dans le présent fait seule appa­ raître la permanence de l'être.

Une volonté de franchise absolue La claire conscience de soi ne suffit pas.

Convaincu que sa vérité demeure cachée aux hommes, Rousseau écrit Les Confessions pour rectifier les erreurs des autres : « Il ne suffit pas de vivre dans la grâce de la transparence, il faut encore dire sa transparence » (Jean Starobinski).

Rousseau cherche donc à dévoiler sa person­ nalité avec une franchise absolue : « Je voudrais pouvoir en quelque façon rendre mon âme transparente aux yeux du lecteur» (p.211).

Contre tous les obstacles, Rousseau proclame sa transparence, mais elle ne peut s'imposer que si elle rencontre un témoin, un interprète qui la reconnaisse comme telle, d'où l'appel au lecteur.

Être reconnu pour lui, c'est se faire rendre justice et être innocenté.

Il en appelle donc à une réhabilitation solennelle au terme d'une repré­ sentation hautement fantasmatique de la confession où il répète le Jugement dernier.

Conclusion : Ce qui nous intéresse le plus dans la quête de la transparence, c'est qu'elle a constitué le moteur de l'autobiographie, et qu'elle affirme, par-delà les intermittences de l'identité, la continuité de l'individu.. »

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