"Il est évident que nous n'avons en vue, dans la philosophie, aucun intérêt étranger. Mais, de même que nous appelons homme libre celui qui est à lui-même sa propre fin et n'est pas la fin d'autrui, ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, car seule elle est sa propre fin." Aristote, Métaphysique. Commentez cette citation. ?
Publié le 11/03/2009
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La philosophie est à la fois amour du savoir et désir de sagesse. Elle n'est recherchée que pour elle-même. Pour Aristote, la philosophie est la recherche de l'être en tant qu'être. elle vise la connaissance de ce qui est et non de ce qui est en devenir. Toutes les sciences recherchent la connaissance en vue de la puissance et de l'utilité qu'elle confère. Mais la philosophie recherche la contemplation de l'être. elle est libre parce qu'elle ne vise rien d'autres qu'elle-même. La réflexion n'est pas menée en vue de quelque chose mais pour elle-même et par elle-même.
«
Mais alors, ne doit-on pas penser la philosophie plutôt comme ce qui englobe toutes les sciences ? La philosophien'est-elle pas plutôt l'union de toutes les disciplines ? Peut-on alors encore dire qu'elle n'a pas d'intérêt hors d'elle-même, et qu'elle n'est qu'une activité contemplative, théorique ? II./ Un modèle englobant de la philosophie : l'arbre cartésien et ses applications.A./ Si la philosophie règne sur toutes les sciences, alors celui qui se prétend philosophe doit maîtriser ces autressciences.
Il est donc nécessaire, pour le philosophe, de faire un apprentissage ordonné de toutes les connaissances.Par où commencer ? Précisément par ce qui est le plus clair, le plus distinct et le plus facile à trouver : lamétaphysique, les premiers principes.
En effet, comme le dit Descartes dans la lettre-préface aux Principes de la philosophie , la métaphysique se propose d'étudier « toutes les notions claires et simples qui sont en nous.
» Nous avons en effet en nous une idée de Dieu, de notre âme, de nos facultés intellectuelles comme l'imagination ou lavolonté, etc.
A partir de ces premiers principes, on peut connaître le monde matériel qui nous entoure : « onexamine en général comment tout l'univers est composé.
» A partir de ces deux sciences, il est possible deconnaître la mécanique, qui étudie en général tous les mouvements corporels mais aussi ceux qui sont nécessaires àla construction de machines (comme les leviers), la médecine, qui n'est rien d'autre que la mécanique du corpshumain, mais aussi la morale, qui est la science du comportement humain juste.B./ Ainsi, comme l'écrit Descartes : « toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont lamétaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences, quise réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale.
» La philosophie n'est donc pas unediscipline, une science parmi les autres : elle est l'ensemble de ces connaissances scientifiques.
Mais celles-ci nesont pas mises bout-à-bout, amalgamées : elles sont ordonnées et hiérarchisées.
En effet, la plus fondamentale estla métaphysique, qui énonce des principes que l'ensemble des autres doivent respecter.
Les trois dernières (les« branches ») sont elles « les sciences qui sont utiles [à l'homme].C./ On peut donc affirmer deux points : 1) la philosophie est un système de connaissances vraies issues deplusieurs disciplines et non une discipline en particulier 2) il en suit qu'elle peut donc avoir une application, uneutilité, et est d'autant plus importante que ses applications techniques sont utiles à l'homme (à l'inverse de cequ'énonce Aristote).
Comme l'écrit Descartes dans la sixième partie du Discours de la Méthode , il s'agit de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature.
» La physique et la mécanique ne nous permettent pas dechanger les lois de la nature, mais, en les comprenant, de les utiliser à notre avantage, par exemple en utilisant laforce de l'eau ou les mouvements de balancier, de levier, etc.
La philosophie a donc bien une vue pratique et nonuniquement contemplative : nous rendre similaires (et non identiques) aux maîtres de la nature.
Mais il y a dans l'arbre cartésien une science importante absente : la science formelle constituée par la logique etles mathématiques.
En effet, pour Descartes, la vraie logique est « celle qui apprend à bien conduire sa raison pourdécouvrir les vérités qu'on ignore » : c'est un instrument de la connaissance et non une connaissance elle-même.
Oril semble qu'aujourd'hui on désigne bien plus par philosophe ce genre d'outil de la connaissance plutôt qu'unensemble de connaissances comme la physique ou l'histoire.
Quelles en sont les causes ? Quels rapports celaimplique-t-il entre la philosophie et les autres sciences ? III./ La philosophie non comme science mais comme acte.A./ Si la philosophie englobe toutes les sciences, ou si elle est une discipline particulière parmi ces sciences quis'occupe des principes les plus généraux, alors elle devrait être bien plus avancée que les autres domaines de larecherche scientifique.
Or il semble au contraire que la philosophie, et notamment la métaphysique qui est censéeêtre, aussi bien pour Descartes que pour Aristote, la racine des autres disciplines, ne soit qu'un champ decontroverses stériles alors que les sciences qui sont censées en dépendre font des progrès réguliers et puissants.N'est-ce pas alors que l'on s'est trompé sur la nature de la philosophie ? Faut-elle la considérer comme une scienceou une discipline parmi les autres ?B./ Qu'est-ce qu'une science ? A cette question, M.
Schlick dans « Le tournant de la philosophie » apporte uneréponse apparemment simple : « une science est un système de propositions vraies.
» La physique est par exempleun système de propositions vraies concernant la nature.
Or la philosophie n'est pas un tel système, car laphilosophie ne peut produire de propositions vraies, c'est-à-dire en accord avec un objet, car son objet n'existe pasdans l'expérience.
Si l'on fait en effet l'expérience de certains êtres déterminés, on ne fait jamais l'expérience del'être en général.
Voilà pourquoi la métaphysique n'a cessé d'être un nid de controverses : il n'y a pas de critèreexpérimental permettant de départager deux hypothèses opposées sur un même sujet.
La philosophie ne peut doncni être comprise comme science englobant toutes les autres sciences, ni comme science parmi les sciences, etencore moins comme la plus élevée et la plus libre des sciences.C./ Qu'est alors la philosophie si elle n'est pas un système de propositions vraies ? C'est un acte, une activitéclarificatrice portant sur les concepts scientifiques.
Un concept comme celui de nombre peut paraître tout à faitévident, mais il en faut en réalité une définition stable et précise si l'on veut faire de l'arithmétique.
C'est le rôle dela philosophie que de produire cette clarification du concept de nombre : elle ne produit donc pas de la vérité maisde la clarté et de la distinction.
La philosophie n'est donc pas servie par les autres sciences, libre parcequ'indépendante d'elles.
Au contraire, elle se nourrit de tout ce qui n'est pas elle, de toutes les autres disciplines etpratiques humaines.
On peut donc repérer plusieurs modèles du statut de la philosophie et de son rapport aux autres sciences, quichacun implique un certain type d'intérêt à la pratiquer.
Ainsi, cet intérêt peut bien n'être qu'un pur intérêtcontemplatif, théorique, comme pour Aristote, mais aussi un intérêt pratique, une utilité pour améliorer nosconditions de vie, ou encore un intérêt épistémologique, pour réaliser des progrès dans d'autres sciences.
Mais ce.
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