De la musique avant toute chose Verlaine
Publié le 03/10/2018
Extrait du document

► C’est sur ce vers que s’ouvre un des plus célèbres poèmes de Paul Verlaine (1844-1896): «Art poétique». Rédigé en avril 1874 par le poète alors détenu à la prison de Mons en Belgique pour avoir tiré un coup de feu sur Arthur Rimbaud, ce texte fut publié dans le numéro du 10 novembre 1882 de la revue Paris moderne. Il figure dans le recueil intitulé Jadis et naguère (1884).
► On a voulu voir dans ce texte dont le titre rappelle les ouvrages du poète latin Horace (65-8 av. J.-C.) ou du Français Boileau (1636-1711) le manifeste poétique de Verlaine. Il est vrai que l’auteur des Fêtes galantes y rejette la plupart des procédés poétiques que ses prédécesseurs de l’école du Parnasse avaient mis en œuvre : l’obsession de la précision, la recherche de la rime riche. A cet héritage pour lui dépassé, Verlaine oppose une nouvelle conception de la poésie qui est celle-là même que ses premiers textes dès 1866 avaient illustrée. Il faut tendre vers une poésie de l’incertain, de l’équivoque, du mystère, de l’imprécision délibérée et de la nuance. Un mot résume cette conception, celui de musique, affiché dès le début du poème.

«
C'est sur ce même appel à la musique que s'achève le
poème:
«De la musique encore et toujours!
Que ton vers soit
la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux
à d'autres amours.
Que ton vers soit
la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et
le thym ...
Et tout le reste est littérature.
,.
...,..
Toute la poésie de la fin du XIXe siècle fut fascinée
par la musique, art tout à la fois modèle et rival et en
lequel Mallarmé, dans «Richard Wagner, rêverie d'un
poète français», découvrait un «singulier défi».
C'est
ce défi que l'œuvre de Verlaine s'est attaché
à relever
en faisant naître, par les procédés du rythme, du vers et
de la rime, une musicalité inédite dont une large partie
de la poésie moderne, sans doute, procède.
«Les routes de Musique et de Poésie se croisent», faisait
remarquer Paul Valéry (1871-1946) dans
«Rhumbs»
(Tel Quel Il, 1943).
A la fascination des poètes pour la
musique a répondu la fascination des musiciens pour la
poésie.
De grands compositeurs comme Debussy (1862-
1918), Britten (1913-1976), des chanteurs comme Léo
Ferré ont tenté de faire passer,
ou d'évoquer, la mélo
die propre des textes de Verlaine, Baudelaire, Mal
larmé ou Rimbaud dans
le mouvement de leurs œu
vres.
Lecture nouvelle, accomplissement
ou hérésie?
Les avis divergent
et nombreux sont les poètes qui
comme Hugo considèrent la mise
en musique de leurs
textes comme une véritable trahison.
Le poème se suf
fit à lui-même
et le rythme de la musique se superpo
sant au rythme du vers quelquefois a tendance à se
substituer
à lui dans l'oreille de l'auditeur..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- De la musique avant toute chose. Verlaine
- « De la musique avant toute chose Et pour cela préfère l'Impair Plus vague et plus solide dans l'air Sans rien en lui qui pèse ou qui pose » (Verlaine)
- De la musique avant toute chose Verlaine
- De la musique avant toute chose, en une page manuscrite
- DE LA MUSIQUE AVANT TOUTE CHOSE