Dans ce coin du monde qu’est un village, il y a à peu près toute l’humanité. Jules Renard
Publié le 03/10/2018
Extrait du document
► Le Journal de Jules Renard (1864-1910) est un document précieux pour la connaissance du XIXe siècle, la connaissance de son auteur et les trouvailles de style qui y foisonnent. Jules Renard, qui partageait son temps entre Paris où l’attiraient ses activités littéraires, et la campagne du Nivernais de son enfance, y évoque, en particulier, les rapports avec le milieu paysan qu’il connaît bien puisqu’il sera lui-même élu maire de Chitry-les-Mines.
Cette phrase tirée du Journal résulte de cette expérience et traduit l’idée selon laquelle l’universel peut sortir du particulier. Tous les hommes ayant un fond commun, des similitudes peuvent être mises à jour par l’écrivain en dépit des diversités liées aux époques ou aux lieux. Par conséquent, l’écrivain qui peint un univers
«
Ramuz, comme Jules Renard, était bien conscient
que, pour
ne pas s'enliser dans la littérature régionale,
il était nécessaire d'atteindre l'universel en peignant
le singulier.
Evoquant l'un des trois grands tragiques
grecs que l'on cite toujours quand on parle d'univer
salité,
il disait d'ailleurs avec humour dans Décou
verte du
monde ( 1939) : « Qu'aurait fait Eschyle s'il était
né en 1878, quelque part dans mon pays, le Pays de
Vaud?»
D'autres auteurs pourraient encore être appelés à la res
cousse pour illustrer cette idée que l'universel
ne jaillit
pas du traitement superficiel d'idées générales mais de
l'approfondissement
d'un univers qui peut être res
treint.
Goethe dit, par exemple, dans
les Conversa
tions ...
avec Eckermann
(Il juin 1825): «Le poète doit
saisir ce qu'il y a de particulier
et par là, si ce particulier
est sain, le poète représentera
l'universel.»
..,..
Il est des époques comme le xvn• siècle où l'on croit
fermement à l'existence d'une nature humaine.
On
entend par là une sorte de noyau fondamental fait d'un
complexe de sentiments élémentaires qui se retrouvent
chez tous
les hommes de tous les temps et de tous les
pays.
Du fait de l'existence de ce fond permanent, le
problème d'une littérature universelle ne se pose même
pas.
Celui qui peindra avec vérité
ses contemporains
fera œuvre éternelle puisqu'il sera susceptible de tou
cher
les cœurs des hommes en d'autres temps et en
d'autres lieux.
Mais
les romantiques, dans le prolongement d'un mou
vement amorcé au
xvm• siècle, attireront l'attention
sur
le fait que l'homme est toujours enraciné dans un
terroir et une époque.
Ils souhaiteront donc situer leurs
personnages dans un contexte historique et faire ressor
tir leurs singularités.
Corrélativement à cette tendance,
se manifeste alors, notamment en Allemagne, un mou
vement en faveur d'une littérature nationale..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Dans ce coin du monde qu'est un village, il y a à peu près toute l'humanité. Jules Renard
- POIL DE CAROTTE: Tout le monde ne peut pas être orphelin. Jules Renard
- Tout le monde ne peut pas être orphelin. Jules Renard
- « L'ironie est la pudeur de l'humanité. » Jules Renard, Journal du 30 avril 1892. Commentez cette citation.
- L'ironie est la pudeur de l'humanité. Jules Renard, Journal du 30 avril 1892. Commentez cette citation.