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COMTE: « L’humanité se compose de plus de morts que de vivants. »

Publié le 04/09/2015

Extrait du document

Plus encore que les petits groupes dont nous avons l’expérience directe, le corps immense que constitue l’humanité nous donne le spectacle d’une vitalité médiocre, parce que la majorité de ses membres sont comme morts pour lui, ne contribuant en rien à la vie de l'ensemble, ou même retardant son développement.
 
Il est d’abord des peuples entiers qui restent en marge des échanges vitaux qui assurent la vie de l’humanité comme personne morale : les uns figés dans leurs routines à un haut degré de civilisation, mais repliés sur eux-mêmes et prétendant se suffire. Pour l’humanité, ces peuples sont comme morts.
 
Ensuite, les peuples normalement intégrés dans la communauté humaine comportent bien des groupes qui font en quelque sorte bande à part; les groupes les plus généreux comptent, nous l’avons dit, des membres qui vivent en parasites et ne sont d’aucune efficacité pour l’œuvre commune.
 
Voilà un premier sens qu’on peut donner à l’affirmai ion : « L’humanifé se compose de plus de morts que de vivants. «
 
Mais il semble préférable de prendre « morts « dans son acception propre et de donner à cette affirmation un autre sens : l’humanité est constituée par les générations disparues plus encore que par la génération présente. Comme l’écrivait Pascal, « toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un seul homme qui subsiste toujour-s « (Ed. Brunschvicg, p. 80).
 
Une fois admise cette notion de l'humanité, il est bien évident que, dans cet être immense, la proportion des morts est, non pas plus grande, mais des milliers de fois plus grande que celle des vivants. Aussi, non seulement l’affirmation que « l’humanité se compose de plus de morts que de vivants « ne présente rien d’étonnant, mais encore on peut s’étonner que la disproportion soit si faiblement marquée.

« 38 INTRODUCTION " Vivre pour autrui devient ainsi le bonheur suprême.

S'incorporer intimement à l'Humanité, sympathiser avec toutes ses vicissitudes antérieures et pressentir ,çes destinées futures, en concourant activement à les préparer, constituera le bonheur familier de chaque existence.

" (P.

348.) L'es diverses conceptions seront éclairées par queltpes passages du Catéchisme pobiliviste (publié en 188.2; Comte à 54 ans) dans lequel " Le Prêtre " instruit ,, La Femme "· :\'ous citons d'a.près l'édition Garnier (l\J22) : " LE PRÊTRE.

- ...

Vous devez d'abord, ma fille, définir l'humanité comme l'en­ semble des êtres humains, passés, futurs et présents.

Ce mot ensemble vous indique assez qu'il n'y faut pas comprendre tous les hommes, mais ceux-là seuls r1ui sont réellement assimilables, d'après une vraie coopération, à l'existence ,;umm:me.

Quoique t.ous naissent nécessairement enfants de l'humanité, tous ne ·leviennent pas ses serviteurs, et beaucoup restent à l'état parasite, qui ne fut ...

rwsable que pendant leur éducation (p.

68-69).

" ..

La vraie sociabilité consiste davantage dans la continuité successive que •lans Ja solidarité actuelle.

Les vivants sont toujours, et de plus en plus, gou­ •·ernés nécessairement par les morts : telle est la loi fondamentale de l'ordre humain.

" ]'(J>;,r la mieux concevoir, il faut distinguer, chez chaque vrai serviteur de l'llumanité deux existences successives : l'une temporaire, mais directe, constitue h vie p1oprement dite: l'autre indirecte, mais permanente, ne commence qu'après 1,'1 mort.

La première étant toujours corporelle, elle peut être qualifiée d'objective; surtout par contraste envers la seconde qui, ne laissant subsister chacun que dans le cœur et l'esprit d'autrui, mérite le nom de subjective.

Telle est la noble immortalité, nécessairement immatérielle, que le positivisme reconnaît à notre âme, èn c.onservant ce terme précieux pr1-:1r désigner l'ensemble des fonctions intellectuelles et morales, sans aucune allusion à l'entité correspondante.

" D'après cette haute notion, la VT'aie population humaine se compose donc de •leu.r masses toujours indispensables, dont la proportion ~:arie sans cesse, en ten­ dant à faire davantage prévaloir les morts sur les vivants dans chaque opération réelle.

Si l'action et le résultat dépendent surtout de l'élément objec.tif, l'impul­ sion et la règle émanent principalement de l'élément subjectif.

n (P.

70-71.) INTRODUCTION.

- \Jalgré la tendance générale de l'autarcie économique, malgré les deux guerres mondiale·s et malgré la menace d'une troisième - peut-être à cause de cette menace -, les peuples se sentent de plus en plus solidaires les uns des autre·s, et l'en•semble des habitants de la terre tend à constituer une personne morale consc:ente de •ses intérêts : l'humanité.

flr, de cette humanité, il a été dit qu'elle " se compose de plus de morts 'llle de vivants"· Que signifie cette affirmation~ .

.

.

On pourrait d'abord comprendre que, dans cet arbre immense, il y a beaucoup de branches et de racines mortes, c'est-à-dire beaucoup de mem­ bres sans vitalité, par suite inutiles, ·sinon nuisibles, à l'ensemble .

.\'ons le remarquons à une échelle où 1 'observation directe est facile, par exemple la classe OIIJ la famille, la force d'un groupement n'est pas propor­ tionnelle à son effectif : il est en effet des poids lourds qui constituent une charge et non une aide pour l'accomplis•sement de la tàche commune.

Xous songeons tout naturellement aux incapables : queues de classe qui retardent la progression de la tête; dans les familles, bouches inutiles qu'il faut cependant nonrr ir.

Mais il est aussi des indiYidus normalement doués, ou. »

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