Commentez cette citation : on ne naît pas homme, on le devient.
Publié le 17/01/2022
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Sous-entendu du sujet : naît-on homme, ou le devient-on ? Naît-on avec toutes les caractéristiques humaines, ou alors faudrait-il le devenir, développer des facultés ? Si l'on ne naît pas homme, qu'est-on à la naissance, un animal ? Qu'est-ce que ne pas être homme ? Est-on inhumain à la naissance ? Cela a-t-il un sens ? Comment affirmer qu'il y a ou non une différence de nature avec l'animal à la naissance ? C'est que l'homme doit se réaliser. La différence de nature est d'abord potentielle avant d'être réelle (problème de l'enfant sauvage). La naissance est-elle une apparition ou une réalisation ? Est-ce que le biologique suffit à définir l'être humain ? Naître des hommes suffit-il pour être homme ? Quelle est l'importance du langage, de la conscience de soi, du culturel, de l'historique, du devenir dans la définition de l'humain ?
Etre homme se comprend généralement comme un fait, en référence à la possession de l’essence ou de la nature humaine. Par ailleurs, il semble être une caractéristique de l’homme, contrairement aux animaux, de ne pas se définir par un ensemble d’instincts figés, mais de posséder une capacité d’apprentissage qui permet le développement de ses facultés. Faut-il alors penser que la qualité d’être homme nous est donnée d’emblée, de façon innée, par notre nature, qui serait directement achevée, et que l’apprentissage ne consiste que dans le perfectionnement de cette nature ? Ou bien cet apprentissage doit-il nous conférer la qualité d’homme, à partir d’une potentialité qu’il nous reviendrait de faire accéder à la nature humaine ? Le problème est de savoir comment il est possible à la fois de définir le fait d’être homme par une nature, tout en faisant de cette nature le résultat d’un apprentissage, qui ferait qu’acquérir cette nature serait à la fois une essence et un devoir. Par ailleurs, si nous pensons que nous naissons hommes sans devoir le devenir, comment penser la liberté humaine au sein de cette détermination innée ? Faut-il penser qu’il est de l’essence de la nature humaine de devoir s’acquérir, ou bien faut-il soupçonner l’idée même de nature humaine ? Nous verrons dans un premier temps que nous sommes hommes de manière innée, mais que nous devons apprendre à utiliser correctement nos facultés. Nous verrons alors qu’il est possible de dire qu’il est de notre devoir de devenir hommes car il est de notre nature d’êtres libres d’accéder à cette qualité. On pourra alors s’interroger sur la validité de l’idée d’essence humaine, pour dire que nous ne devons pas apprendre à accéder à une telle essence, mais plutôt à devenir ce que l’on choisit d’être en tant que sujet singulier qui décide de son existence.
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Dans la perspective stoïcienne, telle que l'expose notamment Epictète, nouspossédons une faculté, la raison, qui nous différencie des animaux.
Mais cettefaculté en elle-même n'est rien si nous n'apprenons pas à en user selon notredestination : être homme ne se définit pas par la possession de la raison, maispar son usage.
Zeus nous a en effet donné la raison en nous laissant laliberté de son usage, pour qu'il revienne à notre mérite d'apprendre à nousconduire selon l'humanité.
La sagesse consiste à apprendre, en s'exerçant, àaccepter l'ordre du monde, ou la Providence, en conformant nos désirs à cequi arrive : il nous revient donc, pour vivre en hommes, d'user desreprésentations de la raison, pour accéder à la possibilité de participer àl'œuvre de Zeus.
Celui qui vise son intérêt personnel en critiquant lesévénements se rend non seulement malheureux chaque fois que le cours dumonde contrarie ses désirs, mais n'actualise pas la possibilité que Zeus lui alaissé d'atteindre sa véritable destination.
En ce sens, il ne s'agit donc passeulement d'apprendre à vivre dans la sagesse, mais bien d'apprendre àdevenir hommes en usant bien de notre liberté de participer par notre raison àl'œuvre de Zeus.
L'homme possède par nature une volonté qui ne connaît ni obstacles, nicontraintes.
Personne ne peut nous empêcher de donner ou de refuser notreassentiment.
Nul n'est en mesure de nous forcer d'admettre l'erreur, ou denous empêcher d'adhérer à la vérité.
La volonté est une puissance absolue qui ne connaît ni contraintes, ni obstacles, ni empêchements.
La volonté n'a d'autres causes que la volonté elle-même.
Une tendance peut être vaincue par une autre tendance, un désir par un autre désir, une aversion par uneautre aversion.
Une menace de mort n'est même pas une contrainte : nous jugeons qu'il est préférable de faire telleou telle chose plutôt que de mourir.
La seule et unique obligation que nous connaissions est celle de notrejugement.
Il faut tenir la volonté pour un don des dieux, et son origine ne serait pas divine si elle était soumise àdes obstacles ou à de quelconques contraintes.
Toute volonté qui se veut elle-même est libre, si elle choisit sonpropre pouvoir.
Tout ce qui est peut répondre à notre volonté si nous jugeons correctement.
Être libre, c'est ne sepréoccuper que des choses qui nous concernent et qui dépendent de nous, choses sur lesquelles notre volonté a unpouvoir absolu, pour se rendre indifférent à ce qui ne nous concerne en rien, choses sur lesquelles nous n'avonsaucun pouvoir.
3° Nous ne devons pas apprendre à nous conformer à une essence, mais à choisir notre existence
Si nous disons qu'apprendre à devenir homme consiste dans le bon usage d'une faculté, comme dans la perspective stoïcienne, cela revient à dire que notre essence est de construire librement notre nature.
Mais nepeut-on plutôt dire que si l'on doit apprendre à devenir hommes, c'est que nous n'avons aucune essencedéterminée ? Sartre, dans sa perspective existentialiste, affirme que l'humanité consiste précisément dans le fait que son existence précède son essence, ce qui signifie que l'homme doitchoisir, par ses actes, ce qu'il veut être, ce qui va le définir.
Ce sont lesactes de l'existence qui détermineront, peu à peu, l'essence de chaque sujetsingulier.
Nous ne devons donc pas apprendre à être homme au sens om tousles hommes devraient actualiser un même potentiel, mais nous devonsapprendre à choisir et à assumer ce que nous voulons être comme individu.Chacun doit réaliser, par sa vie, son projet qui lui permettra de posséder unevéritable existence humaine par la liberté et la responsabilité de ses actes.
Ence sens, nous devenons peu à peu ce que l'on veut être en apprenant à êtreresponsables de nos choix.
Une philosophie existentialiste se définit par le fait qu'elle pose l'existenceavant l'essence et de la sorte définit la condition humaine.
Les objetsmatériels dérivent d'un concept, répondent à une finalité — ce à quoi l'objetva servir — et à un ensemble de règles techniques.
Pour tout ustensile,l'essence précède l'existence, et son existence ne vaut que dans la mesureoù elle réalise l'essence, c'est-à-dire par rapport à l'idée qui a permis de laconcevoir et de la produire.
Dans la théologie traditionnelle, on voit en Dieuune sorte d'artisan supérieur qui a créé le monde et les hommes à partir d'uneidée, d'un projet.
Lorsque Dieu crée, il sait au préalable ce qu'il crée.
Chaqueindividu réalise un certain concept contenu dans l'entendement divin.
Au xviiiesiècle, au concept de Dieu a succédé le concept de nature humaine, chaquehomme étant un exemplaire particulier d'un concept universel : l'Homme.
Du point de vue de l'idée ou de l'essence,c'est-à-dire dans le fond, tous les hommes sont semblables, quels que soient leur culture, leur époque ou leur statutsocial.
Pour l'existentialisme athée tel que l'a pensé Sartre, Dieu n'existe pas, il n'y a pas d'origine unique au monde,ni de référent suprême.
Il y a un donné d'origine : la réalité humaine, soit des individus qui d'abord existent avant dese définir par concepts.
On surgit dans le monde et l'on se pense ensuite.
Si l'homme est a priori indéfinissable, c'estqu'a priori il n'est rien tant qu'il ne s'est pas fait lui-même par un engagement dans le monde : "L'homme n'est riend'autre que ce qu'il se fait.".
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