« C'est triste des gens qui se couchent, on voit bien qu'ils se foutent que les choses aillent comme elles veulent, on voit bien qu'ils ne cherchent pas à comprendre eux le pourquoi qu'on est là […]. Ils ont toujours la conscience tranquille. » Céline, Voyage au bout de la nuit
Publié le 08/08/2012
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Tous les deux sont partis du même point de départ et dans la même perspective de succès comme dans une chasse au trésor ou dans un labyrinthe. Seulement les participants n'ont droit qu'à une seule chance et l'issue leur est fatale dans les deux cas. L'aurore représentant la naissance de la vie serait en fait une malédiction car elle condamnerait l'homme à endurer une souffrance continue jusqu'à sa mort et donc Bardamu s'enfouit dans la nuit du sommeil de la fièvre et de la léthargie : une manière d'échapper à la souffrance en état d'inconscience, tout en restant vivant. Le mal-être de Bardamu réside dans le fait qu'il connaît son destin (la mort), qui est celui de tout être vivant, et qu'il ne l'accepte pas (il n'a pas su faire preuve d'Amor Fati). Ces « gens qui se couchent « ne l'accepteraient pas non plus, selon Céline, mais ils ont trouvé la parade dans les idéaux dictés par la doxa (patriotisme, amour), ce qui leur permet de ne pas se morfondre durant toute leur existence. Bardamu, lui, n'accepte ni la mort ni les idéaux, il ne veut ni être un lâche et n'a pas la capacité d'être comme Robinson. C'est en cela qu'il a échoué, car il voudrait l'impossible, c'est-à-dire la jeunesse et l'immortalité (dans le sens où la jeunesse représenterait l'innocence, l'âme immaculée du vice, la volupté éternelle).
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Cependant, le ton hautain et assuré qu'il utilise entre en opposition avec les événements à venir, ce qui reflète une certaine incohérence entre son discours et les faitsréels, nuançant ainsi sa détermination à se confronter concrètement à la vérité.Céline a conçu un personnage au caractère complexe et n'étant pas au clair avec lui-même.
Bardamu n'est au final ni un lâche ni un héros.
C'était au départ unindividu alternatif, complètement déboussolé par le traumatisme de la guerre, qui, pour redécouvrir un sens à sa vie de même que pour vaincre sa peur de la mort, aopté pour l'exploration de la nuit, le côté obscure de l'existence humaine et Thanatos.
Plutôt que de lui assigner l'étiquette du lâche, on pourrait présumer queBardamu n'a pas la carrure pour assumer la voie qu'il a choisi.
Malgré sa volonté il est resté secrètement possédé par l'espoir de réaliser ces idéaux du bien qu'ilméprise tant (comme l'amour), c'est pour cela qu'il n'est pas parvenu à les renier pleinement et qu'il a échoué dans cette quête métaphysique.
D'un point de vueNietzschéen, Bardamu représente alors le dernier homme tandis que son concurrent/double Robinson est devenu le surhomme.
Tous les deux sont partis du mêmepoint de départ et dans la même perspective de succès comme dans une chasse au trésor ou dans un labyrinthe.
Seulement les participants n'ont droit qu'à une seulechance et l'issue leur est fatale dans les deux cas.
L'aurore représentant la naissance de la vie serait en fait une malédiction car elle condamnerait l'homme à endurerune souffrance continue jusqu'à sa mort et donc Bardamu s'enfouit dans la nuit du sommeil de la fièvre et de la léthargie : une manière d'échapper à la souffrance enétat d'inconscience, tout en restant vivant.
Le mal-être de Bardamu réside dans le fait qu'il connaît son destin (la mort), qui est celui de tout être vivant, et qu'il nel'accepte pas (il n'a pas su faire preuve d'Amor Fati).
Ces « gens qui se couchent » ne l'accepteraient pas non plus, selon Céline, mais ils ont trouvé la parade dans lesidéaux dictés par la doxa (patriotisme, amour), ce qui leur permet de ne pas se morfondre durant toute leur existence.
Bardamu, lui, n'accepte ni la mort ni les idéaux,il ne veut ni être un lâche et n'a pas la capacité d'être comme Robinson.
C'est en cela qu'il a échoué, car il voudrait l'impossible, c'est-à-dire la jeunesse et l'immortalité(dans le sens où la jeunesse représenterait l'innocence, l'âme immaculée du vice, la volupté éternelle).
La lecture de Voyage au bout de la nuit peut être assez pesante car elle nous expose les errances d'un homme désespéré qui doit faire face à tous les abus et ladébauche de la société de son époque.
N'oublions pas que pour l'auteur, la vie n'est qu'une longue agonie et qu'il exprime avant tout sa haine envers le mondemoderne en dénonçant son absurdité.
De plus, c'est de cette façon qu'il l'affirme par l'intermédiaire de Baryton, un medecin : « […] un homme, parent ou pas, ce n'estrien que de la pourriture en suspens… » (p.426).D'autre part, Céline met en scène cinq types d'individus, moins enviables les uns que les autres.
Il y a d'un côté les pauvres, et de l'autre, les riches.
Parmi les pauvresse trouvent Bardamu, le misérable maniacodépressif, Robinson le nihiliste par excellence qui meurt après avoir mené une vie épouvantable, les « gens qui secouchent » et trois figures symbolisant l'espoir et le bien, mais qui au milieu de cette sombre réalité relèvent de l'utopie : Alcide, Molly et Bébert.
Par contre, du côtédes riches, la vie à l'air nettement plus agréable et même désirable, si ce n'est le fait que leur réussite sociale ne tient que du vice, de la dépravation ainsi que d'unégoïsme sans borne.
Le monde de Bardamu ne peut susciter chez le lecteur qu'aversion et répugnance et pourrait l'amener à reconsidérer sa manière d'être, enchoisissant comme juste milieu, un comportement inspiré ou pas des divers caractères spécifiques aux personnages du livre.
Par exemple en décidant de garder àl'esprit la réalité de notre société, un sentiment de responsabilité à l'égard de notre entourage tout en restant dans la modération..
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