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TOUR D’HORIZON DU Cinéma de 1990 à 1994 : Histoire

Publié le 15/01/2019

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histoire

TOUR D’HORIZON DU

Cinéma

 

La commémoration du centenaire du cinéma sonne l’heure des bilans et suscite toute une série d’interrogations : y a-t-il encore place aujourd’hui pour un art qui a marqué durablement le siècle, mais qui traverse actuellement la plus grave crise de son histoire, liée pour une large part aux progrès foudroyants de la vidéocommunication ? Jamais, pourtant, le pouvoir de l’image animée n’a été aussi fort ; jamais le public n’a consommé autant de films, sur le « petit écran » sinon sur le grand. La télévision n’est-elle pas pour beaucoup l’équivalent d’un cinéma à domicile ? Chaque pays réagit à sa manière à ce séisme qui secoue en profondeur le monde de l’audiovisuel. Tentons d’en dénombrer les rescapés.

 

Le CINÉMA EUROPÉEN : CRISE

 

ÉCONOMIQUE ET PLÉTHORE DE TALENTS

 

Le début des années quatre-vingt-dix voit l’effondrement, sur le plan économique, du cinéma européen, déjà fortement ébranlé au cours de la décennie précédente. À l’Est, l’éclatement du bloc soviétique a désorganisé le système de production, obligé de miser sur l’apport de capitaux privés. En Allemagne, le processus de réunification ne semble pas avoir entraîné un renouveau de la création. En Italie, le public déserte massivement les salles au profit d'une télévision toute-puissante, et d’une rare indigence. Seule la France résiste à cette chute de la fréquentation cinématographique, compensée par un intense besoin d’images à domicile, ce dont témoigne l'extension fabuleuse du marché de la vidéo. L’avenir s’annonce sombre pour une industrie du spectacle que Dino Risi, l’un des derniers survivants du cinéma populaire, juge entrée dans « un coma profond ».

 

Paradoxalement, ce marasme économique se conjugue à une grande variété de recherches esthétiques, qui dénotent la vitalité du cinéma européen. C’est ainsi qu'en Grande-Bretagne on assiste à une résurgence du free cinéma, incarné par le trio Ken Loach-Ste-phen Frears-Mike Leigh, respectivement signataires de Raining Stones, The Snapper et Naked, trois films tournés en 1993 ; la comédie anglaise connaît de son côté un second souffle avec Quatre

histoire

« TOUR D'HORIZON OU CINÉMA.

Troisième volet d'une trilogie entamée avec 0() est la maison de mon ami?, Au tr a vers des oliviers confirme le talent pojtique du réalisateur ir an ien Abbas Kiarosram� soucietu de faire mietu connaître son pttys par tm regard Stlf les plrts humbles.

© Collection Christophe L © Kiarostami Abbas TOUR D'HORiZON DU CINÉMA.

Le réalisme d'À nos amours comme l'ascèse mys tiq ue de Sous le soleil de Satan ont fait la réputation de Maurice Pia/ar, réalisattur iconoclaste, ennemi du spectaculaire.

Dans Van Gogh, il explore lt processus de la création artiJtique, avec unt pa/elle pudique et Sc'llsib/e.

Dans le rôle-titre, Jacques Dutronc, qui a donné to u te son ambiguïté a� personnage du grand peintre.

© Sygma � Errato mariages et un eme rrem ent (1994*), de Mike Newell, tandis que Peter Greenaway poursuit l'exploration de ses fantasmes incantatoires ave-c The Baby of Mâco n (1993).

Parente pauvre (e t t urbule nte) du R oy au me -U ni, l'Irlande du Nord n'est pas en reste avec The Crying Came (1991), de Neil Jordan, et avec Au nom du père (1993), de Jim Sh eri dan .

Au Dan em ark, Lars von Tri er a donné avec Europa (1991) une œuvre qui reflète bien les contrad ict io ns d'un monde en muta ­ tion, pendant qu'en Finlande les frères Kaurismaki brossent un tableau ironique de la soc ié té industrielle dans la Fille aux allumettes (1990).

La Bel gi que joue tantôt la carte de la poé sie (Toto le héros, 1991 ), tantôt cell e de la provocat io n sardo niqu e (C'est arrivé près de cirez vous, 1992).

L'A lle m ag ne a so n ambassadeur itinérant en laper­ sonne de Wim Wenders, qui po urs uit son errance fructueuse des confins de l'Au stralie (Jusqu'au bout du monde, 1991) jusqu'à un Berlin mal remis de ses déch iru re s (Si loin, si proche, 1993).

C'es t d an s ce creus et de l'Europe nouvelle que Jean-Luc Godard est venu dresser le noir consta t d'All em agne a11née 90 neuf zéro.

L'Italie, dont la production cinématographique a chuté de 50 o/o en vingt ans, compte pourtant de nouveaux talents : dans le re gis tre de la comédie, Daniele Luchetti (le Porteur de servie/le, 1990), Francesca Archibu gi (la Gra11de Citrouille, 1992), Nanni Moretti (J ou rnal imime, 1994); et dans celui du réalisme intimiste, Giuseppe Tomatore (Ils vont tous bien, 1990) et Gianni Amelio (le Voleur d'en fam , 1992).

Quant aux anciens.

ils parai sse nt plutôt en perte de vitesse (Linle Buddha, Bernardo Bertolucci.

1993).

En Espagne, un trublion, issu de la movida madrilène, Pedro Almodovar, brig u e la succession de Bunuel (Talons aiguill es, 1991), tandis qu 'a u Po rtu ga l le vétéran Manoel de Oliveira est à l'apogée d'une prestigieuse carrière avec son remarquable Val Abra­ ham (1993).

Du côté de l'ex-Union soviétique, trois no m s sont à rete­ nir: Pavel Lounguine (Ltma Park, 1992), Gleb Panfilov et surtout Vitali Kanevski, implacable pourf en deur de la misère urbaine ( U11e vie i11dépe11dame.

1991).

Les anciens pay s sate lli t e s, qu i font le dur apprentissage de la liberté, sont encore voués aux coprod ucti ons avec la France, l'Angleterre ou les États -U nis.

Les résultats en sont parti­ culièrement heureux pour les films des Polonais émigrés Knysztof * La date mention11ée est celle de la réalisation 014 de la sortie en France du film.

TOUR D'HORIZON DU Cll\'ÉMA.

QuenTin Tarantino a gagné ses galons de réa lisateur en dttU films et une Palme d'or au Festival dt Cannes 1994 pour Pulp Fiction.

Véritable parodie de série noire, qui mêle burlesque el violence, ce film fw l'occa si on d'tm retour: celui tle John Travolta (ci-contre, dans une scène du film).

© Band Apart © Collection Chriswphe L Kieslowski (sa tri lo gie Trois couleurs: Bleu, Blanc, Rouge est un des films phares de ces dernières années) et Jerzy Skolimowski (Ferdy­ durke, 1993), comme pour ceux du Roum ain Lucian Pintilie (Un été inoubliable, 1994) ou du Bosniaque Emir Kusturica, lequel a donné avec Arizona Dream (1993) un bel exemple de prod uct ion multina­ tionale (réalisateur d'ori gine yougoslave.

production fran ça ise , décors et acteurs américa in s).

LE CINÉMA FRANÇAIS: LE TRIOMPHE DE L'EXCEPTION CULTURELLE Le cinéma frança is est le seul en Europe à s'être doté de m oy en s efficaces (aides à l' é crit ure et à la diff usio n, comptes de sou­ tien, détaxes diverses) pour contrer l'influence grandissan te de la télévision.

Aux plu s pess imi stes , qui accusent celle-ci de détourner le public des salles et de bouleverser gravement l'é co no mi e du sect eu r, les autres rétorquent que le film, en tant qu'objet de consomm atio n, n'a jamais connu une telle vogue.

Un prod uit bien « ciblé» doit pou­ voir trouver son public: ainsi les Vrsiteurs, de Jean-Marie Poiré ( ! 99 2) ,. »

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