Structure et composition du film: La Règle du jeu
Publié le 14/08/2014
Extrait du document
Nous avons déja remarqué la symétrie entre la première et la dernière scène du film ; la radicale opposition des situations y est mise en relief par la similitude de l'environnement : ce sont en effet les deux seuls moments du film qui se déroulent dehors, et la nuit. D'autres effets de symétrie dans la continuité du film peuvent être observés : la liaison, par exemple, entre Octave et Lisette est explicite à deux reprises, au début et à la fin du film, comme deux parenthèses autour du corps de l'intrigue. Ces personnages légers, que l'on pourrait croire accessoires, se retrouvent ainsi unis à la lisière du drame, aux marges de plus graves développements.
De la même façon, on peut repérer un système d'échos non seulement dans la construction chronologique du film, mais encore dans la caractérisation des personnages. En effet, autour des deux femmes, Christine et Lisette, il y a deux couples d'hommes en miroir : Schumacher et La Chesnaye, Marceau et Jurieu. Et au centre de ces deux triptyques, un seul personnage : Octave. Si bien que nous avons affaire à la construction suivante :
«
stabilité.
Le monde qu'il donne à voir n'en sera que plus
évidemment fragile.
Les actions
Dévoilés au plus fort de la confusion que provoquent
l'exploit puis
les déclarations d'André Jurieu, les premiers
protagonistes
semblent ne présenter d'intérêt qu'au gré
des événements qui les poussent.
Alors qu'une
construction plus conventionnelle leur aurait donné une
existence,
un caractère, des qualités, que l'action aurait
permis
de mettre en oeuvre et en valeur, ici ce n'est qu'au
fur et à mesure des péripéties de l'action que nous
apprenons à connaître les personnages.
Mais
cette
approche est à chaque fois tellement parcellaire que des
surprises,
et des retournements de situation, seront
possibles jusqu'à
la fin.
Les six premières scènes : Le Bourget, l'appartement
de Christine, l'appartement de Geneviève, la tentative de
suicide
de Jurieu, l'entrevue avec Christine, l'entrevue
avec La Chesnaye se précipitent ainsi, comme soumises
au seul rythme de l'action, rapides, inattendues,
dispersant notre attention.
Regardons en particulier la
tentative de rupture entre La Chesnaye et Geneviève, ou
l'accident de voiture provoqué par Jurieu : les deux scènes
débutent
au coeur de l'action, sans préambule ni montée
en puissance dramatique.
À peine un plan~ et la voiture
roule
dans le fossé ; à peine une phrase, et Geneviève se
débat déjà face à la tentative de rupture du marquis.
Nous
arrivons juste à temps, presque
en retard : ce sont les
soubresauts de la vie, et non la volonté d'un auteur, qui
semblent donner leur rythme au film.
De là cette
impression d'un récit dispersé, éclaté, duquel on n'aurait
pas eu le
temps -ou le désir -de rassembler les
morceaux.
Les personnages
Après l'arrivée à La Colinière, le principe narratif se
modifie :
ce n'est plus l'action que nous suivons, au fil des
péripéties
de l'intrigue, comme c'était le cas auparavant,
mais
ce sont les personnages qui motivent le récit.
Ainsi
68.
»
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