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Michel Tournier - Vendredi ou les limbes du pacifique

Publié le 04/06/2015

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Michel Tournier - Vendredi ou les limbes du pacifique Voici une oeuvre protéiforme, d'une rare ambition, qui embrasse de nombreux domaines de l'activité humaine (de la marine à l'agriculture, de l'écriture à la vie sauvage, etc.) et s'interroge sur le sens de l'existence à travers un personnage - homme nu et dépouillé - qui va devoir se re-construire en trouvant une signification à sa nouvelle vie de solitaire. robinson après l'avoir appelée « L'île de la désolation » finit par la nommer « l'île Speranza ». Une différence notable puisque quand l'un (Sisyphe) ne fait que répéter l'absurde, l'autre (Robinson) met l'accent sur l'espoir. robinson se retrouve seul survivant d'un naufrage sur une île déserte où il doit survivre avec ses seules ressources, avant de trouver un compagnon, Vendredi, et d'être sauvé par un navire de passage explore les implications intimes et psychologiques de la solitude, chez un homme entiérement livré à lui même. Après l'espoir d'être sauvé, le renoncement et la tentation de l'animalité, Robinson reconstruit, jusqu'à l'absurde, une société ordonnée et policée, dans un espace sans société. Un enfermement qui vole en éclat sous l'impulsion de Vendredi, d'abord vu comme un sauvage à civiliser, avant de devenir celui par qui Robinson acceptera sa propre personne. Le récit s'ouvre sur le naufrage de la Virginie: Robinson Crusoé est sur la plage de l'île qu'il nommera Speranza. D'abord porté par le désir...

« rend les deux hommes à l'état naturel.

Désormais, c'est Vendredi qui enseigne.

Robinson découvre un nouvel état d'existence immédiate, libéré de l'humanité policée, vers une existence vouée à la nature, à la libido, au soleil et au vent, "un chemin vers ces limbes intemporelles et peuplées d'innocents où il s'était élevé par étape" (p.

251) Le thème central du roman est la question d’autrui .

Comment définir autrui ? Quelle différence entre le concept d’autrui et « l’autre », ou « les autres » ? Les multiples aspects de cette question sont développés tout au long du récit.

Elle est intimement liée à des notions telles que l’identité, la perception et la connaissance, la société, la morale et la religion. Le capitaine Pieter Van Deyssel tire les cartes du tarot pour Robinson et lui annonce une succession de métamorphoses : Robinson Crusoé, rescapé du naufrage de La Virginie (avec Tenn le chien du commandant de bord) échoue sur une île déserte , qu'il baptise Speranza (Espérance).

Épuisé par la solitude et le désespoir, Robinson cède à la tentation de "la souille", le bain de boue, où il oublie sa condition d'homme et se laisse aller à la nostalgie.

Pour ne plus se rabaisser à ce niveau, Robinson décide de revenir à l'humain, en s'entourant de cérémonials dont la démesure fait le grotesque : il tente d'abord de soumettre à sa volonté d'homme les bêtes et les terres de l' île , avant de s'autoproclamer gouverneur de l'île, et de créer tout un système de codes, de lois et de sanctions pour la régir.

Dans sa solitude, il philosophe, se remémore des souvenirs d'enfance, tente de combler le vide qui l'entoure malgré la présence du chien Tenn.

Robinson traverse plusieurs périodes de réconciliation avec la nature.

Lors de sa "période tellurique", il descend dans une cavité rocheuse, et devient ainsi le noyau de Speranza, son fœtus.

Il quitte cette situation lorsqu'il comprend qu'il est un homme mature, et entre alors dans une "période végétale", où il entretient une sexualité avec l'île, enfantant par là des mandragores. Ces expérimentations ontologiques prennent fin le jour où Robinson sauve fortuitement un Indien, condamné à mort par ses congénères.

Il le nomme Vendredi d'après le jour de la semaine où il l'a recueilli, car ce nom n'est ni un nom d'objet, ni un nom d'homme.

Il considère donc que Vendredi n'a pas tout à fait le statut d'un homme, étant donné sa condition de métis, il le bat d'ailleurs à de nombreuses reprises, notamment lorsqu'il le surprend "enfantant" des mandragores rayés dans la plaine où lui-même satisfaisait ses désirs sexuels.

Le jeune arrivant devient l'esclave de Robinson, qui veille toujours à gouverner son île, un reflet inutile de sa civilisation occidentale.

Mais Vendredi, en fumant en cachette la pipe de son maître, provoque l'explosion de la grotte où se trouvaient plusieurs tonneaux de poudre à canon, détruisant ainsi toutes les constructions de Robinson.

Robinson sera sauvé de l'éboulement, mais l'équilibre fragile qu'il avait instauré vole en éclats.

Les limbes peuvent se transformer en vent et en soleil, en cohésion avec la terre mère de l'île de Speranza.. »

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