Lieux, cadrages, lumière
Publié le 09/08/2014
Extrait du document
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La Règle du jeu raconte une histoire, et traite de différents thèmes, par le biais de personnages et de situations. En cela on est encore très proche d'un roman. Mais le cinéma n'est pas seulement un art narratif : c'est aussi un art dramatique, utilisant un espace scénique, la composition des images, une certaine lumière. S'y mêlent les lieux de l'action et la façon-de les représenter, pour donner au drame toute sa puissance. Par le cadrage*, comme par la disposition des lieux, on détermine en particulier — c'est important ici — une limite entre intérieur et extérieur, on permet à certains personnages d'être intégrés, on en exclut d'autres.
«
Espace public / espace privé
Plus encore qu'en extérieurs et intérieurs, les lieux sont
partagés dans
La Règle du jeu en espaces publics ou
privés.
Dans les premiers se rencontrent des individus de
provenances, de cultures ou de conditions très
différentes.
Ce sont des lieux où les informations
voyagent, où elles ne connaissent pas de frontières.
Ainsi :
le terrain d'aviation du Bourget, et le domaine de chasse
de
La Colinière.
Sur le terrain d'aviation, se croisent des
gens venus
de partout, et des personnages interviennent
qui appartiennent à toutes
les sphères de la société : une
journaliste, un homme politique, un ingénieur, etc.
La mise
en scène -nous y reviendrons bientôt -accentue cet
effet
d'éparpillement dans l'espace.
De façon identique, le terrain de chasse fait se mêler les
invités et les rabatteurs : dans la même séquence~ ils ont
tour à tour
la parole, ils partagent le même cadre*.
Une
fois la chasse terminée, alors que tous s'en retournent au
château, nous entendons même les commentaires des
rabatteurs sur
les talents comparés du marquis et de
certains de ses hôtes dans
l'art de se servir d'un fusil.
Là
encore, le lieu se prête aux échanges, à la circulation de la
parole et des informations.
Comme nous l'avons remarqué
ailleurs1, ces lieux sont ceux où se dit la vérité.
C'est un
trait caractéristique de Renoir : là où se propagent les
idées, les messages, là où la liberté est plus grande, la
vérité est plus tranchante, plus nette.
En revanche, les espaces privés sont les lieux des
secrets : à Paris,
les confidences d'Octave et Christine
ou celles de La Chesnaye.
Puis, à La Colinière, dans la
chambre de Geneviève, se trame le complot entre les
deux femmes.
Dans ces chambres et ces salons, ce sont
les secrets et les mensonges qui s'élaborent.
Comme
nous le verrons, les plans fixes (caméra immobile)
«ferment» encore plus ces lieux dont l'étroitesse est pour
Renoir une marque négative.
1.
Voir chapitre 1, «Le sens du titre», p.
28-29.
117.
»
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