LES PREMIERS MOTS DU CINEMA
Publié le 11/01/2012
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De même que l'invention du cinéma proprement dite avait été précédée de pressentiments plus ou moins ingénieux et sans lendemain. de même l'adjonction du son à l'image. loin de jaillir toute prête et achevée comme Minerve en armes, fut annoncée par bien des tâtonnements. Deux groupes, la Général Electric-Western, américaine. et l'A.E.G. Tobis-Kiangfilm. allemande. se trouvèrent ensemble en possession de brevets satisfaisants. Les réticences de Hollywood à l'égard du parlant amenèrent la Western à proposer ses procédés à une firme mineure. celle des Frères Warner. N'ayant, eux. pas grand-chose à perdre. les Warner prirent le risque de jouer la carte du parlant. Ils engagèrent le chanteur Al Jolson, le metteur en scène Alan Crosland et ce fut Le chanteur de jazz (1928). c'est-à-dire la fortune : trois millions et demi de dollars. que suivirent bientôt les cinq millions de dollars du Fou chantant, réalisé avec la même vedette. A vrai dire. ces films chantants n'étaient pas encore ce qu'on a appelé : cent pour cent parlant. Il s'agissait de films muets où étaient insérés des numéros de chansons. Comment concilier le cent pour cent parlant avec la nécessité économique d'exporterles films partout dans le monde ?
«
LE CINÉMA
HOLLYWOOD «CENT POUR CENT
PARLANT»
A mesure que le cinéma faisait la conquête de ses
propres techniques, on assistait à une spécialisation de
plus en plus poussée des différents métiers du cinéma.
A Hollywood, cette spécialisation alla plus vite et plus
loin que partout.
Non sans dommage.
d'ailleurs :
l'émiettement des responsabilités entraînant une para· lysie de l'improvisation, il est arrivé que des metteurs
en scène de grande et forte personnalité en soient ve nus à signer des films qui ne portaient presque rien
de leur marque, ou que des vedettes venues de l'étran
ger aient été entièrement refabriquées au goOt de Hol
lywood, au point de ne plus garder grand-chose de leur
personnalité : celle-ci devait maigrir.
celle-là devenir
blonde.
un maquillage nouveau transformait
le visage
de la troisième ...
et toutes en venaient à se ressembler
comme des sœurs.
Cette uniformisation.
souvent
re· grettable.
imposait cependant.
au moins dans les meil
leurs des cas.
un style : pensons à ce qu'on a appelé
« la comédie américaine », dont le premier exemple
achevé fut sans doute.
en 1933.
le charmant Ne11· York-Miami (Jt happened one night), avec Claudette
Colbert et Clark Gable.
Une ravissante héritière.
en
fant gâtée que son père faisait rechercher,rencontrait un séduisant journaliste.
et découvrait l'amour au mi
lieu des querelles et des malentendus.
Sans aucun
souci de vraisemblance, mais avec drôlerie, l'intrigue
se compliquait à plaisir jusqu'au dénouement plus qu'attendu, pour la satisfaction du spectateur qui.
au
sortir du cinéma, voyait la vie en rose.
Dans un univers
pimpant.
des héros jeunes.
beaux, servis par la chance,
13620
la musique est un langage international.
La comédie musicale
s'empare du cinéma devenu sonore.
King Vidor fait chanter é l'Amérique noire« Hallelujah » 11929) !Photo USISI
vivaient des aventures absurdes et légères : l'attendris
sement.
savamment dosé, n'allait pas jusqu'à l'émotion
véritable.
L'extravagant M.
Deeds (1936), Cette sacrée
vérité (1937).
L'impossible Monsieur Bébé (1938), Vous
ne l'emporterez pas avec vous (1938) donnaient de
l'Amérique une image optimiste et sophistiquée, où
l'Amour triomphait toujours de l'Argent.
On imitait
dans la vie le ton désinvolte des dialogues de ces films,
comme les garçons et les filles tâchaient de se coiffer.
de s'habiller, de se tenir à la façon de leur vedette fa
vorite.
Les cinéastes de cette école, Howard Hawks.
Leo Mac Carey, Georges Cukor, Robert Riskin.
Frank Ca
pra.
Lubitsch étaient servis par de remarquables ,ac teurs qui imposaient leur style avec brio.
Mais ces ci
néastes ne se sont pas spécialisés dans la « comédie
américaine>>.
Ainsi.
Howard Hawks est l'auteur du très
célèbre et très sombre Scar(ace (1932), tïlm de gangs
ters où toute la sympathie du public est sollicitée du côté des tueurs.
Anne Villelaur écrit :
« Lorsqu'il réalise Scar(ace, Hawks a donc déjà
abordé tous les genres (à l'exception du western.
mais
il y viendra) et il persévèrera dans cette voie >>.
Cette
plasticité n'est pas rare: Frank Capra.
lui aussi.
se sera illustré dans les genres les plus éloignés.
de 1921 à la guerre (avec la fameuse série Pourquoi nous
combattons).
Son meilleur film et sans doute le plus
personnel demeurera M.
Smith goes to Washington (1939) avec en vedette le remarquable James Stewart.
Page 2.
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