Les Impacts de la Guerre Froide sur le Cinéma
Publié le 12/07/2012
Extrait du document
Communément appelé les dix d’Hollywood, le onzième étant parti avant les auditions, ils sont les seuls à avoir refusé de répondre aux questions qui leurs étaient posées, dont l’une fut « êtes-vous membres du parti communiste ? «, le congrès les incarcéra donc pour outrage. Mais cette commission ne s’est pas arrêtée là, elle dressa une liste noire interdisant tout pratique cinématographique à ceux qu’elle pouvait suspecter d’être des sympathisants communistes. Il s’agit bien pour l’image de ne pas éliminer purement et simplement ces individus sur de simples suspicions qui mettraient à mal le système américain tout en les faisant mourir culturellement. M.Fagan, cinéaste émérite, dressa lui même sa propre liste, assez proche de l’originale, et se présenta comme défenseur des idées d’éradication de ces « rats déguisés en bons Américains mais qui soutiennent la gluante idéologie communiste «. On voit donc que le fanatisme est une réalité dans de tels milieux, en particulier dans un régime en apparence libéral où la censure est bien plus subtile que dans des pays totalitaire, elle dresse des listes secrètes (véritable inquisition politique qui touche même la télévision au-delà du cinéma (151 traîtres sur le rapport « Red Channels «) afin de semer le doute sur chacun sans jamais prendre de vraie sanction, hormis pour les 10, et laisse planer le spectre d’une possible contamination possible de la société par la pestilence communiste.
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En effet, la liberté culturelle en Europe de l’Est fut assez respectée tant qu’elle ne constituait pas une menace pour les soviets qui maintenaient leur contrôle desstudios afin d’en faire une meilleure propagande.
Avec de nombreux crédits, une liberté encore assez importante et plus de sécurité salariale, le cinéma ne chercherapas à s’opposer aux régimes mis en place qui font du cinéma « le second foyer de l’ouvrier ».
Dans ce nouveau système, l’activité cinématographique aura viteconscience de ses privilèges liés à son rôle clé dans la propagande, elle constituera alors une Nomenklatura culturelle très importante.Ainsi, un canon de films de propagande naquit durant cette période de 1945 à 1956, d’abord de manière spontanée puis sous la vindicte du pouvoir censorial qui àpartir de 1948 se montrade plus en plus féroce vis-à-vis de certains cinéastes de moins en moins enthousiastes.
Cette politique entraina d’ailleurs la production àpartir de 1948 de piètres films que le public va bouder au profit du cinéma étranger.
Toute cette technologie donnée à ces pays de l’Est à la sortie de la secondeGuerre mondiale pâtit donc de cette censure qui limite leur réussite.
Ainsi, la phase de l’immédiat après-guerre démocratique fut bien courte, on retourna vite autraditionnel discours d’éloge.
Entre autres, la délation sera un classique chez les cinéastes, en particulier tchécoslovaques, soucieux de conserver leurs privilèges.
En 1956 va s’alléger la censure qui se montrera bien plus feutrée dans son droit de regard.
Mais la création d’un cinéma de plus en plus contestataire effraya lepouvoir, contraint d’utiliser la force lors du Printemps de Prague.
Le rôle du cinéma dans ce mouvement n’étant pas à négliger, les liens se sont alors complexifiés deplus en plus.
Le cinéma fut alors frappé par une vague de censure sur des productions qui pensaient passer autrefois.
Ainsi va débuter une vague massived’émigration des scénaristes vers des pays de l’ouest.
Pour les autres fichés, une politique de purges est pratiquée dans les différents pays qui se sont rebellés,accusant les cinéastes d’être une des causes de ces révoltes.
On assiste donc à un réel effort de la part du pouvoir poststalinien pour libérer le cinéma de son étreinte.
Mais sensible à sa politisation due à l’imposition de lapropagande sous Staline, la sphère culturelle saura profiter de ce lest pour faire porter la voix de son public opprimé qui voyant un soutien va créer des mouvementscontestataire dans les différents satellites du glacis.
Le pouvoir va donc alors osciller entre défense et utilisation du cinéma qui va peu à peu se dépolitiser pour ne passubir cette vindicte censoriale.
Le canon de films autorisé durant cette période de Guerre Froide se révèle donc alors assez limité et ce manque de diversité et demoyen entrainera la chute de ce cinéma de l’Est.
Les films autorisés retracent dans leur majorité les grandes prouesses du gouvernement stalinien, la « modernité » des infrastructures économiques comme les usineset les coopératives agricoles ou bien encore les grandes victoires passées de l'Armée Rouge comme la bataille de Stalingrad ou la campagne d'Allemagne lors de laSeconde Guerre mondiale.
Ainsi le film La chute de Berlin produit en 1949 par le réalisateur M.
Chiaureli est une représentation proche de la volonté de Staline deglorifier le pays en soulignant la force et la bravoure d'un homme dévoué aux valeurs communistes.
F:\MTU\affiche la chute de berlin.jpgAffiche du film La Chute de Berlin de Chiaureli, 1949
Ce film raconte la vie d'un métallo stakhanoviste (un ouvrier très productif qui est dévoué à son travail), Alexei Ivanov qui est envoyé à Moscou pour y être décorépar Staline pour son ardeur au travail et pour ses convictions communistes mais la Seconde Guerre mondiale éclate.
Sa fiancée capturée par les nazis, il décide des'engager dans l'armée pour tenter de la retrouver.
Par ce film, on retrouve une certaine mise en valeur du travail en usine, du stakhanovisme en particulier puisquedès le début du film Ivanov est félicité et acclamé pour son record de productivité au sein de son usine métallurgique : l'Etat mise donc tout sur le secteur industriel etsouhaite augmenter les rendements c'est pourquoi il glorifie dans ces films la force du travail, l'honneur de l'ouvrier qui par ces prouesses de travail permet au bloc del'Est d'être puissant et de parer au conflits qui pourraient éclater.
C'est ce qui va se passer dans ce film puisqu'au même moment la guerre se prépare et Ivanov décidede s'engager pour sauver sa bien-aimée mais aussi pour servir son pays et ainsi défendre ses valeurs.
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C'est dans un soucis d'unir les populations du bloc de l'Est sous des valeurs de solidarité accompagnées d’une volonté de servir le pays sous toutes les formes (letravail, l'armée,...) que Staline commande des films comme celui-ci ce qui, en plus de louer les victoires tant économique que militaire, permet à Staline de justifierson gouvernement et ainsi soumettre le reste du monde à partager sa vision du monde soviétique.
Ce cinéma se veut massif et populaire notamment dans les salles,présentes pour unir les populations du bloc de l'Est et pour les distraire de la vie monotone et souvent miséreuse qu'ils vivent.
De plus, dans le film la chute de Berlin,on peut remarquer que quelque partie des combats sont en noir et blanc et laisse donc penser que se sont de véritables images du conflit qui ont été intégrées dans lefilm ce qui le rend plus réaliste et encore une fois permet à Staline de revendiquer sa part de réussite dans le renversement du IIIème Reich.
Cependant on peutremarquer que le jeu des acteurs est assez limité, et la sincérité du film en pâtit la première, aux airs de scène de théâtre plus que de réelle production filmique qui seveut profonde dans ces messages d'unité et de patriotisme.
On peut souligner que les sujets de cinéma choisis par l'Etat communiste, afin d'encadrer les populations, que ce soit en Russie soviétique ou dans le reste du bloc del'Est, ne sont pas influencés par le contexte de Guerre froide.
Au contraire se sont surtout des films retraçant le passé soviétique plus ou moins récent avec les grandesbatailles gagnées par les Russes durant la Seconde Guerre mondiale, la mise en place de nouvelles structures de travail telles que les terres collectivisées etregroupées en kolkhozes ou bien le stakhanovisme dans les industries lourdes.Le sommet de ce décalage chronologique est la création d’un espace soviétique aux dimensions de l’Empire de Russie est ressassé avec notamment le film Ivan leTerrible produit en 1945 qui, à travers la vie d'Ivan VI, « tsar de toutes les Russies » de 1547 à 1583, nous présente la volonté insatiable d'un homme d'inscrire laRussie parmi les plus grands empires du siècle.
Ce ne sont donc que des sujets qui ont pour but de susciter un soif de grandeur de l’URSS qui redonnera à la Russiesa puissance et sa fierté sans faire mention du bloc de l'ouest et notamment les Etats-Unis.
En effet on ne retrouve nulle part dans la production cinématographiquesoviétique des sujets portant sur le contexte de guerre froide : on aurait pu penser qu'à l'instar de quelques films américain, Staline aurait commandé des films où l'onaurait vu des soviétiques et des américains en conflits tournés de façon à voir les Russes prendre le dessus, se battant pour une meilleurs cause que leurs adversaireset défendant les peuples de l'envahisseur américain.
Au contraire c'est probablement dans une volonté de se détacher du cinéma hollywoodien que l’URSS a souhaitémettre en avant le savoir faire russe et la force soviétique plutôt que de se comparer au bloc de l'ouest qui se doit de paraitre insignifiant et indigne d’intérêt pour lescommunistes.
Le bloc occidental et la liberté des scénaristes américains restreinte par l’HUAC
* La HUAC, symbole du maccarthysme dans le milieu cinématographiqueDurant un conflit tel que la Guerre Froide, aux yeux des politiques américains le cinéma était une chose bien trop importante pour être confiée à de simplesintellectuels incompréhensifs de la situation.
Quand on parle de guerre froide, et des Etats-Unis, on mentionne souvent la politique du Maccarthysme.
Mais qu’est ceque le maccarthysme ? Il s’agit d’une politique anti-communiste dirigée par le sénateur Joseph McCarthy, et surnommé entre « chasse aux sorcières » ou « inquisitionrouge ».
Cette période marquante de l’histoire américaine, a vu naître une hostilité très forte vis-à-vis des communistes et sympathisants communistes dansdifférentes sphères, comme celle du cinéma.Dans cet art, c’est la « House Un-American activities Committee », le HUAC, fondée en 1938 qui va vivre un véritable essor.
Créée en particulier pour stopper lesfascistes et nazis, elle va s’étendre dès l’arrivée en Guerre Froide aux communistes.
En effet, des grèves massives vont retentir en 45 et 46, notamment à Hollywood,et on accuse les communistes de les avoir organisées.
Des punitions exemplaires vont alors tenter d’être prises, et les enquêtes vont débuter pour « purger » le milieucinématographique.
Onze hommes seront suspectés de traitrise et seront appelés à des auditions :- l’un deux, B.Brecht, s’exile en Europe avant les procès ;-Deux sont condamnés à 6 mois de réclusion ;-les huit derniers à une année complète.
Communément appelé les dix d’Hollywood, le onzième étant parti avant les auditions, ils sont les seuls à avoir refusé de répondre aux questions qui leurs étaient.
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